Mes panneaux solaires ont lâché ce matin. En me réveillant, je n’avais plus de jus ! En étudiant le circuit, perchée de façon très bancale sur mon échelle et l’installation, je crois comprendre qu’un truc a cramé à cause d’une surtension. En fait je ne suis sûre de rien, je ne suis pas électricienne et encore moins ingénieur en machins photovoltaïques. Si j’avais su, j’aurais été plus sérieuse durant les cours de physique sur l’électricité. Michel ne répond pas, qui plus est. Trop occupé à faire du ping-pong avec sa Delilah, c’est sûr ! Ah, j’oubliais qu’ils sont confinés dans leur chambre. Encore heureux. Se la couler douce alors que moi, je bosse, il ne faut pas déconner non plus.

J’ai fini par réparer mes panneaux solaires et je pense que je peux concourir pour le prochain prix Nobel. À cause de la coupure, tout le contenu de mon congélateur est mort, dont le cadeau de Chiku. J’ai dû procéder à un enterrement en bonne et due forme. C’est une immense perte pour la réserve ; la preuve que Chiku a un cœur. C’est ce que j’ai écrit sur la pierre tombale, m’inspirant du cadeau de Pepper à Tony Stark (ça y est, je suis de nouveau en dépression…)

Un troupeau de chèvres a élu domicile dans un coin de la réserve. Je le remarque en faisant ma ronde. Je dois avoir un trou dans le grillage, encore ! Saleté de rhinos, c’est leur faute. Ils aiment bien se frotter contre les barbelés. Je n’ai jamais vraiment compris, mais ça doit leur gratter la couenne. C’est un peu barbare tout de même, ce serait comme se faire les ongles avec une râpe à fromage.

Je pars en compagnie de mon fusil de guerrière à fléchette et je constate que je n’ai quasiment plus d’essence. Faut encore que j’appelle le coursier. Je répare la clôture et file à l’entrée de la réserve, il a fait vite pour ramener le diesel. Un autre local l’accompagne, le propriétaire des chèvres clandestines. Me voilà donc partie pour toutes les endormir et les ramener à la porte. En éclopée que je suis, j’aurais bien eu besoin d’aide pour les porter jusqu’à l’arrière du pick-up, mais personne n’a droit d’entrer dans la réserve. Je n’ai pas droit d’en sortir et les diriger jusqu’à l’entrée m’aurait pris une éternité, toute seule. J’ai tout de même épuisé mon stock de fléchettes tranquillisantes.

J’ai dû rendre visite aux rhinos en fin de journée, par acquit de conscience, pour vérifier qu’aucun n’était blessé. Et j’ai touché le jackpot de la connerie. Madame boite. Elle s’est entaillée au niveau du triceps. Retour à la clinique pour récupérer le matériel nécessaire à la suture. Je rends tout de même compte à mes patrons et à Michel que je vais taillader du rhino et je m’y colle.

Un coup d’anesthésie, la grosse se couche et je peux m’approcher. En temps normal, nous sommes minimum trois pour ce genre d’intervention. Quelqu’un qui surveille la respiration de la bête, un autre ses réflexes et qu’elle ne se réveille pas (un coup de rhinos dans la tronche ça fait plus mal qu’une girafe et puis ils sont ronchons au réveil), et en fonction de la nature de la plaie, une ou plusieurs personnes pour s’en occuper.

Je nettoie, désinfecte et suture. Une dizaine de points pour Madame et j’injecte antibiotiques et antagonistes. Je range mes affaires et file me réfugier dans mon 4x4 pour observer de loin qu’elle se réveille bien. Au bout de quelques minutes seulement, elle repart en secouant la tête. C’est dans ces moments-là que je me rends compte que je n’échangerais ma place ici pour rien au monde. En rentrant je me sens d’attaque et je décide de relancer Stargate.

Merde, c’est l’épisode ou Jacob Carter meurt…