Chapitre 1
Il était tôt, lorsque Tobias ouvrit les yeux, sept heure du matin environ. Il mit dix bonnes minutes avant de se lever, il avait veillé tard cette nuit, comme souvent depuis deux ans. Tobias était fatigué, mais il devait se lever, il avait beaucoup de travail aujourd’hui et il allait devoir travailler tard.
Le jeune homme de 23 ans, s’empressa de se laver, de s’habiller et de manger un morceau avant de filer vers Le Grand-Duc, le bar iconique de la ville. Tandis qu’il marchait dans les rues, ses cheveux noirs coiffés en bataille et son écharpe rouge vermillon enroulée autour du cou, il voyait la ville de Val-Insmmoth se réveiller doucement en ce mardi d’octobre. Les commerces ouvraient tous un par un, le vent soufflait un vent glacial venant des montagnes couvertes de l’épaisse forêt de conifères, emblème de cette ville du comté de LeGrasse.
Si les gens ne voyaient en regardant Val-Insmmoth, qu’une ville de bûcherons et de survivalistes au sujet de laquelle bien des légendes pour enfants étaient racontées, Tobias Crow voyait et sentait nettement plus que cela. Mais ce matin il avait des préoccupations plus pressantes : il risquait d’être en retard pour l’ouverture du bar. Et s’il l’était, Alice, sa patronne et la propriétaire du Grand-Duc, serait très en colère et insupportable pour le reste de la semaine.
Tobias pressa le pas et arriva finalement, avec 5 minutes d’avance sur l’heure fatidique. Le bâtiment en style cabane de bûcheron du bar se dessinait devant lui. Il y entra par l’entrée de service et tomba rapidement sur Alice DuLac, son employeur.
« Salut Tobias ! Lança la femme d’âge mûr, dont la voix renvoyait un accent du sud-ouest marqué.
-Bonjour Alice, répondit le jeune homme alors qu’il retirait son vieux blouson de cuir.
-Ça va ? Demanda la patronne. Tu as l’air épuisé.
Cette question n’étonna guère Tobias : depuis presque un an ses yeux étaient régulièrement marqués de cernes. La faute à son activité nocturne qui le poussait à dormir peu.
-J’ai eu une nuit courte. Avoua-t-il.
-Je sais que ton objectif, ce n’est pas de travailler toute ta vie dans ce bar. Ajouta Alice. Mais si tu continues de dessiner jusqu’à pas-d ’heure, tu risques de tomber malade.
-Ne t’en fais pas. J’ai juste un gros projet à terminer et après-ça je prendrai un temps de pause.
Tobias avait dit ces paroles d’un ton suffisamment rassurant pour qu’Alice DuLac se détende. Elle n’aurait pas dû, car ce n’étaient pas seulement les projets de dessinateur de bande dessinée qui poussaient son employé à faire des nuits blanches. C’était quelque chose de bien plus nocif pour la santé.
Mais pour le moment, les deux comparses avaient un bar à ouvrir et des clients à satisfaire. Ils s’afférèrent donc à mettre les tables et les chaises en place et dix minutes plus tard, le Grand-duc ouvrit ses portes. Entre temps, les deux cuisiniers du bar arrivèrent et se mirent au travail à leur tour.
La journée commença, les quelques clients habituels du matin défilèrent : les travailleurs de nuits qui venaient prendre un verre avant de partir se coucher, ou encore les quelques clients rusés qui venaient prendre un sandwich au bar pour leur repas du midi avant que l’établissement ne soit submergé par la concurrence. Tous venaient au Grand-Duc, le meilleur bar/restaurant de Val-Insmmoth et de tout LeGrasse, pour son alcool ou pour son snack.
La matinée défila à toute vitesse, et ce fut l’heure pour Tobias de déjeuner. Il attaquait sa salade de riz accompagnée d’un sandwich steak-cheddar, son préféré, lorsque la porte du Grand-Duc s’ouvrit. La commissaire Valérie Teunié, entra dans le bar de sa démarche assurée et s’assit à l’une des hautes chaises du bar. Elle était suivie de près par le capitaine Raoul Rameau, son coéquipier de tous les instants dans son travail de policière.
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