5.
Je me fige, laisse le temps filer, lentement, alors que ton pénis perd de sa superbe. Je te frustre, cela me plaît. Je sens que tu en veux encore : ton corps ne saurait mentir, ainsi asservi. Tu sais éveiller mes envies les plus obscures. Je te demande donc, d’un murmure soufflé contre ton oreille :
« Tu en veux encore ? »
Mais tu sais que tu ne peux pas parler : je te l’ai interdit. Tu ne peux utiliser des mots que pour nommer l’instrument de ton plaisir, sous peine d’une torture réelle : telles sont les règles de ce jeu !
Certains, pour se faire comprendre, hochent la tête, mais toi, tu n’as pas l’air aussi évolué. A croire que ton sang n’alimente plus ton cerveau. D’un souffle excédé, je me décide à t’aider un peu :
« Si c’est oui, hoche la tête de haut en bas, si c’est non, de gauche à droite. »
Docile petit agneau, tu ne tardes pas à me signifier ce « oui » qui m’enchante. Alors, de mon doigt, je commence à frôler ton anus déjà humide, bien dilaté. J’en caresse les pourtours, avant de le pénétrer, enduisant mes doigts de ton fluide alors que tu gémis à nouveau. J’hésite entre défoncer d’un coup sec ton orifice, ou le caresser de la pointe de mon ciseau, pour te faire frémir de peur. Je préfère y déposer le baiser du glaçon, qui rétracte aussitôt ton ouverture. Tu ne dois pas être plus excité que moi, petite salope. Ce n’est pas tolérable. A la rencontre glaciale du glaçon, ton corps fait un soubresaut et ton entrecuisse percute la lame amoureuse : une goutte de sang s’échappe de ta peau, un râle de ta bouche. Tu exultes. Malgré tes peurs. Le plaisir, au delà de la douleur.
« Alors, as-tu trouvé mon outil, petite chienne ? » sussuré-je en travaillant ton anus avec le glaçon, qui fond entre mes doigts à toute vitesse, sous la chaleur lénifiante et exquise de tes entrailles gourmandes.
Mais tu ne répond pas : aurais-tu peur de ne pas avoir trouvé la réponse ? Ne fais-tu pas confiance à tes sens, pourtant aiguisés par la perte temporaire de ta vue ? Dans ce lit d’hôtel qui pourrait être ton cercueil, tu es comme dans une vielle maison de campagne la nuit, entouré de sons, de sensations, que tu ne parviens pas à identifier : elles sont familières, mais déformées, t’emprisonnent sans cesse dans le mouvement irrationnel de tes incertitudes.
« Tu n’as plus que cinq minutes », ajouté-je alors, en promenant la pointe de ma langue sur la hampe de ta verge. Cinq petites minutes.
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