Chapitre 1 - Le jour d’après (3)
Samedi 18 juillet 1964, maison de Frédéric, Lausanne
Ils quittèrent l’appartement de Dominique vers 13 heures et montèrent dans sa Citroën 2 CV rouge, Daniel à l’avant, Koen et Frédéric à l’arrière. Frédéric était habitué aux limousines allemandes avec sièges de cuir noir, il fut surpris par l’intérieur spartiate. Koen eut de la peine à caser ses longues jambes.
Il n’y avait pas beaucoup de circulation, ils arrivèrent rapidement à Lausanne par la route longeant le lac, il n’y avait pas encore d’autoroute. Frédéric descendit pour ouvrir le portail, la maison semblait inoccupée. Dom gara sa voiture sur une place réservée aux invités. Koen fut impressionné par la demeure de Frédéric : une maison de maître entourée de grands arbres.
— Eh bien, dit-il, ton père est vraiment riche.
— Ta maison doit être aussi belle, dit Frédéric, avec le tien Premier ministre.
— Tu te trompes, ce n’est qu’une maison mitoyenne dans une rangée. Mon père est resté simple, il va travailler à vélo et en train à La Haye. Et il ne dépense pas inconsidérément. J’aimerais bien avoir plus d’argent de poche.
— Ne t’inquiète pas, demande-moi si tu as besoin de quelque chose.
— J’aimerais juste acheter des livres de médecine, pour prendre un peu d’avance sur mes études. Tu as un budget illimité ?
— Je crois que mon père surveille quand même, il m’a dit que je dois apprendre à gérer mon argent. Je note mes dépenses extraordinaires et je lui donne la liste.
— Euh… Tu as noté la dépense pour la prostituée ? s’inquiéta Koen.
— Pas encore eu le temps, mais mon père sera amusé, je lui raconterai.
— Tu ne lui diras pas que je n’ai pas eu envie de baiser avec elle.
— Tu es vexé ?
— J’aurais quand même bien aimé mettre mon zizi dans le vagin d’une femme, juste pour voir la différence avec un rectum.
— Tu es jeune, tu auras certainement d’autres occasions.
Ils entrèrent, Frédéric ne leur fit pas visiter toute la maison. Il était gêné de vivre dans tout ce luxe, comparé au petit appartement de Dominique qu’il avait pourtant trouvé chaleureux, bien plus que certaines pièces de sa demeure qui ressemblaient à un musée. Même sa chambre était trop bien rangée, la femme de ménage faisait de l’ordre chaque jour. Frédéric avait laissé traîner exprès un Playboy aux pages couvertes de taches douteuses que lui avait prêté un camarade, en espérant qu’elle le montrerait à sa mère. À cette époque il voulait encore prouver qu’il était un garçon comme les autres et qu’il s’intéressait aux femmes. Son stratagème n'avait pas réussi, il avait retouvé le magazine caché entre deux journaux de Tintin. Sa mère lui avait quand même demandé une fois s’il avait déjà eu des éjaculations.
Ils se rendirent donc directement sur la terrasse pour admirer le magnifique parc. Frédéric passa à la cuisine prendre une bouteille de Rivella au frigo. Il voulait que Koen dégustât cette boisson suisse exotique à base de petit-lait. Il fut déçu car Koen la connaissait déjà puisque qu’elle était distribuée au Pays-Bas. Il lui fit goûter du Sinalco à la place.
— Que voulez-vous faire ? demanda Frédéric, une fois qu’ils furent désaltérés.
— Que nous proposes-tu ? fit Dominique.
— On pourrait jouer au Monopoly.
— Pas intéressant, dit Koen, je gagne toujours.
— Écouter de la musique ? Nous avons une nouvelle chaîne Revox et mon père a acheté l’intégrale du Ring de Wagner.
— On va réserver ça pour l’hiver, dit Koen.
— Je te laisse choisir, puisque mes propositions ne t’intéressent pas.
— On pourrait se baigner dans l’étang. Il y a plus de deux heures que nous avons mangé.
Daniel regarda Dominique pour voir sa réaction, c’était la seule des quatre qui ne s’était pas encore déshabillée en présence des autres. Allait-elle oser ? Elle ne fit pas de commentaire. Frédéric dit par politesse :
— Je peux vous prêter des costumes de bain si vous le désirez.
— On ne se baigne pas nu chez toi ? s’étonna Koen.
— Ma mère ne voulait pas troubler mes sœurs, mais elles ne sont pas là, et mes parents non plus. Ce sera plus simple pour toi de te branler nu.
Frédéric s’avançait un peu vite, ses sœurs avaient prévu de rentrer ce jour-là, mais il ne voulait pas décourager ses amis. Ils attendaient encore la décision de Dominique qui prit tout son temps pour dire :
— Je vous fais marcher, je n’ai jamais eu l’intention de jouer les vierges effarouchées avec vous. Mais j’ai une certaine réticence à me déshabiller devant les autres, peur de passer pour un phénomène de foire, une femme à barbe qu’on exposerait.
— Nous connaissons tous ta situation, fit Daniel. Certains te verront plutôt comme un homme, d’autres comme une femme. L’important c’est que tu sois en accord avec toi-même, le regard des autres importe peu.
— Koen va quand même regarder attentivement une partie de ton anatomie, fit Frédéric.
— D’un point de vue scientifique, je serais peut-être aussi confronté à ce genre de cas dans ma carrière professionnelle.
— Dom n’est pas un cas, dit Daniel, c’est un être humain.
— Excusez-moi, déformation professionnelle.
— Koen est aussi un cas, dit Dominique en riant, il faudrait nous le prêter quelques jours à la clinique pour que nous puissions l’étudier et je vous assure que nous n’oublierions aucun endroit.
— Euh, je n’ai pas le temps, mes études ont la priorité. Et ta clinique est trop chère pour moi.
Les quatre amis se déshabillèrent et posèrent leurs habits sur les chaises longues. Koen s’efforça de ne pas regarder trop ostensiblement Dominique. Sans sa lingerie féminine, sons corps n’avait rien de particulier, seul le maquillage rappelait son côté féminin. Ses organes génitaux n’avaient rien de particulier non plus, à part la circoncision. Ils n’étaient pas très gros. Koen fut un peu déçu, il voulait faire un exposé sur le pénis à l’école, ce n’était pas celui de Dominique qui lui apporterait des idées nouvelles.
Ils marchèrent jusqu’à l’étang, pieds nus dans l’herbe. Dom leur dit d’être attentifs à ce contact sensuel avec la nature, Koen avait surtout peur d’écraser une guêpe, il regardait où il mettait les pieds. Le bassin était sous des arbres, à l’ombre. Comme toujours, quelques canards l’avaient squatté.
L’eau était trouble, cela dérangea Koen, mais il n’osa rien dire, il se rassura en pensant que Frédéric s’était baigné toute son enfance dans cet étang et qu’il vivait toujours. Celui-ci expliqua que l’eau circulait grâce à une pompe et qu’elle n’était pas stagnante.
Il y avait heureusement une douche qu’ils utilisèrent avant d’entrer dans l’eau. Koen se promit de faire de même après. Ils se baignèrent, se giclant, s’éclaboussant, retrouvant leur enfance qu’ils venaient de quitter. Frédéric se rapprocha de Koen, se plaça dans son dos et l’entoura de ses bras en lui posant la main sur le paquet :
— Tu as toujours envie de te branler ? Elle n’a pas l’air en forme, dit Frédéric tout en faisant coulisser le prépuce.
— C’est l’eau froide, ou alors je suis un peu intimidé par Dominique.
— Il n’y a pas de raison de l’être. Elle a l’habitude, elle s’est occupée du zizi de Daniel pendant son séjour à la clinique. Je vais t’aider, assieds-toi sur le bord du bassin, les jambes écartées.
Koen obéit. Frédéric resta debout dans l’étang, il avait de l’eau jusqu’au ventre. Il caressa doucement le pénis de Koen, d’abord avec la main, puis avec la langue, ce qui le rendit plus présentable. Daniel et Dom les regardaient en souriant.
— J’aimerais bien ressembler à Koen, dit Daniel, son corps est plus harmonieux que le mien, il est grand, bronzé juste ce qu’il faut, il a une belle queue.
— Je t’aime comme tu es, dit Dom, mais je te ferai un programme d’entraînement pendant tes vacances chez moi. Tu dois reprendre du poids, des muscles, pas de la graisse. On va commencer par entraîner ta queue pour la comparer avec celle de Koen. Je sens que tu bandes déjà.
— J’ai déjà eu l’occasion de la comparer. Tu ne crois pas que ce serait à moi de m’occuper de la tienne ?
— Je suis trop altruiste, je pense d’abord à aider les autres. Je te laisse faire.
Dominique s’assit sur le bord du bassin. Elle n’était pas dupe, Daniel voulait faire une fleur à son cousin, et surtout à Koen qui lui avait avoué noter toutes ses observations anatomiques dans un carnet. Celui-ci en oublia son propre pénis pour se concentrer sur celui de Dom. Il se demandait comment il pourrait la prier de lui montrer les cicatrices de l’opération qu’elle avait subie dans sa jeunesse pour effacer les traces de l’intersexuation.
Daniel prit directement le pénis de son amie dans sa bouche pour le sucer, alors que Frédéric avait des mouvements plus subtils, alternant les caresses manuelles et linguales. Koen avait oublié de chronométrer le temps qu’il mettait pour arriver à l’orgasme, comme il le faisait d’habitude, il essaya de se calmer et de tenir plus longtemps que Dom.
Il ne put cependant pas se retenir lorsque Frédéric accéléra ses va-et-vient tout en lui malaxant les testicules. Le sperme tomba dans l’eau en formant de multiples filaments.
— Je ne sais pas si les canards vont aimer… fit Frédéric.
— Pourquoi ? dit Koen, mon sperme est très sain.
— Tu l’as goûté ?
— Euh, non.
Koen redescendit dans le bassin et se rapprocha de Daniel et Dom, de manière à mieux voir. Frédéric le retint. L’infirmière jouit directement dans la bouche de son ami, son corps fut secoué de spasmes, elle avait eu un orgasme très fort. Daniel avala la semence.
— Voilà, fit Dom en riant, vous êtes satisfaits ?
— Tu sais, s’excusa Koen, ce n’est que l’aspect scientifique qui m’incite à regarder les hommes faire l’amour.
— On sait, dit Frédéric, tu n’as pas besoin de nous le répéter chaque fois. Et Dom n’est pas un homme.
— Oh ! Regarde ! s’exclama soudain Koen. Il y a des gens sur la terrasse !
— Ah bon ? fit Frédéric en levant la tête. Ce ne sont que mes sœurs, avec… leurs petits amis je suppose, je ne les ai jamais rencontrés, et il y aussi Urbain, notre chauffeur.
— Nous n’avons pas de linges pour nous cacher.
— Zut, j’ai oublié. Ce n’est pas grave, mes sœurs m’ont déjà vu à poil, et aussi Daniel. Et toi, Dom ? Tu veux que j’ailles te chercher un peignoir ? Tu pourrais te changer à la salle de bain.
— Non, on est en famille, je préfère qu’elles sachent tout de suite que je suis une trans. À moins que cela les dérange.
— Elles sortent d’un camp religieux, si elles ont suivi les enseignements du Christ elles doivent être tolérantes, sinon c’est qu’elles n’ont rien compris.
— Elles sont bigotes ? demanda Daniel.
— Je ne porte pas de jugement sur leur foi, même si je pense qu’elles sont allées au camp surtout pour être avec leurs amis. Allons-y, on verra bien. Entrons dans la fosse aux lions.
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