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Les deux jeunes suivirent le géant qui leur servait de guide, courant presque pour compenser la cadence imposée par ses deux grandes jambes, quand Andreìs rompit le silence.
— Vous êtes un Géno-modifié ?
Sans un regard pour lui, le colosse grogna.
— Oui, pourquoi ?
— Vous êtes petit pour un Géno…
Le titan regarda Andreìs avant de répondre.
— Deux mètres deux. Je crois que je suis le plus petit des miens. Tu as l’œil, gamin.
— Comment ça se fait ?
— Je mesurais à peu près ta taille avant mon amélioration.
— OK…
Hésitant quelques secondes, Andreìs se décida à ajouter.
— Et pourquoi vous n’êtes pas au front ?
Le Géno s’arrêta totalement, avant de faire face aux deux recrues. Les dévisageant d’un regard profond et pénétrant, il se saisit de sa manche droite et répondit.
— J’ai perdu un bras et une jambe au premier conflit dans lequel nous avons été impliqués. Et à l’époque, les prothèses n’étaient pas cybernétiques… Alors comme j’avais un doctorat en médecine, j’ai été… Recyclé…
Le géant tira sa manche, dévoilant un bras protéique, puis releva la jambe gauche de son pantalon pour montrer un membre dans les mêmes matériaux.
— Et quand les prothèses ont suffisamment évolué… J’ai été jugé plus utile ici… Vous allez continuer avec vos questions humiliantes ou bien nous pouvons reprendre notre progression ?
Presque apeuré, Andreìs se maintint malgré tout droit face au médecin, sans trembler ni reculer.
— Oui… Désolé… On est éligibles ?
— C’est ce que nous verrons. Mais même si c’était le cas, ça ne veut pas dire que vous serez modifiés pour autant. Le parcours est long, et vous aurez bien le temps de mourir mille fois avant.
Échangeant un regard inquiet, Andreìs et Armist déglutirent difficilement tandis que leur guide ouvrait une porte à sa taille.
— Au premier de ces messieurs.
Face à eux, une immense salle de torture débordante d’appareils médicaux inquiétants attendait leur venue comme un prédateur assoiffé de sang frais. Poussant son ami de l’épaule, Armist murmura.
— C’est ton idée… Et puis il paraît que je ne suis qu’un suiveur, alors fonce…
Déglutissant difficilement, Andreìs dévisagea son ami avec horreur avant de se reprendre. Armist n’avait pas tort. Tout le monde avait toujours considéré Andreìs comme le leader du binôme, et il était fort probable que jamais Armist n’aurait jamais envisagé de s’engager s’il ne l’y avait pas incité, aussi il devait maintenant en payer le prix. Se calmant en apparence seulement, il répondit avec autant d’aplomb que possible.
— De toute façon, si je me dégonfle, tu te dégonfles aussi, pas vrai ?
Pour toute réponse, Armist opina du chef, et Andreìs reprit.
— Alors j’y vais.
Reportant son regard sur la salle, le jeune homme inspira un grand coup.
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