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            Andreìs endura mille morts sans pour autant émettre le moindre gémissement, ses yeux ne quittant pas le géant qui le torturait en le défiant du regard. Mal à l’aise, le médecin finit par détourner le regard, tentant de maintenir toute son attention sur les courbes qui s’affichaient sur les moniteurs de contrôle plutôt que sur le corps parcouru de sondes et de spasmes du jeune homme au regard bravache.

            Quand enfin les bras se replièrent et que les entraves du fauteuil d’auscultation s’ouvrirent, Andreìs se laissa glisser sur le côté avant de poser les pieds sur le carrelage de la salle et de se relever tant bien que mal en prenant appui sur l’appareil de torture, le souffle court et le front ruisselant de sueur, et alors qu’il détachait son bâillon, le Géno vint se planter devant lui.

             — Je dois reconnaître que tu es très endurant, gamin… Beaucoup de gars plus costauds que toi ont tourné de l’œil pendant l’examen, mais pas toi. Tu es sacrément déterminé, c’est le moins qu’on puisse dire... Tes courbes indiquent que tu es resté conscient tout du long. J’ai entendu parler de cas où ça s’était produit, mais tu es le premier que je vois. Chapeau.

            Jetant l’outil sadique qui lui avait bloqué la mâchoire au visage de son bourreau, le jeune homme en profita pour lui porter le plus violent coup de poing possible sous le menton, avant de lui assener un crochet du gauche dans les côtes flottantes qui firent reculer le colosse, plus par surprise qu’autre chose. Les deux hommes se redressèrent alors en se toisant du regard et le médecin se mit à rire.

— Et tu ne manques pas de courage non plus. 

            En garde, prêt à reprendre le combat, Andreìs cracha.

— Espèce d’enfoiré !

            Le Géno leva les deux mains en signe d’apaisement avant de répondre.

— Calme-toi, gamin. C’est le protocole. Il y a eu tellement d’imposteurs que ce moyen permet d’évacuer les petits morals. Maintenant, on sait que tu encaisses bien. Et ton patrimoine est extraordinaire. Tu es le candidat parfait. Littéralement.

            À l’annonce de ses résultats, Andreìs baissa sa garde, surpris, avant de recevoir un puissant coup de poing dans le ventre qui le fit se plier en deux et vomir de douleur tandis que le médecin reprenait.

— Par contre, il est hors de questions que je laisse un merdeux comme toi me frapper sans riposter.

            À genoux, les bras autour du ventre, le candidat respirait comme un poisson hors de l’eau sans que son évaluateur y porte attention, quand deux militaires bâtis comme des armoires à glace vinrent le saisir par les épaules. Lui jetant un rapide coup d’œil, le Géno lui expliqua.

— Ils t’emmènent au centre de formation. Et arrête ce regard noir. Passe la formation et la Géno-modification, puis reviens me voir pour te battre à armes égales. Maintenant, si tu le permets, je dois m’occuper de ton ami.

            Trop sonné pour répondre, Andreìs ne parvint pas à hurler toutes les injures qui lui venaient à l’esprit tandis qu’il était traîné hors de la pièce sans lâcher le médecin du regard, alors que celui-ci ne se départissait pas de son sourire sadique.

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