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            Les deux premières années de formation d’Andreìs et Armist furent uniquement théoriques, la mise en pratique se résumant à des tirs d’entraînement ou à la familiarisation avec les systèmes de transmission et les réglages des armures de combat dans lesquelles leurs corps non modifiés et trop chétifs ne pouvaient pas toucher les bords pour les contrôler. Ce qu’ils ignoraient, ce fut que ces deux années servirent aussi à définir leurs potentiels pour déterminer leurs affectations futures. Au sein de leur contingent, ils étaient initialement deux mille sept cents volontaires, dont neuf potentiels Purs. Seuls cinq cents furent désignés aptes à devenir Géno-modifiés. Les autres furent réorientés en artillerie, génie, éclairage et reconnaissance, service de santé, ou humiliation ultime, l’administration. Heureusement pour eux, les deux comparses partirent dans le corps des Génos.

            Cinq années durant, ils furent formés dans les pires conditions qui soient, ne connaissant le confort d’un bâtiment que lors des Géno-thérapies, s’entraînant à balles réelles, souffrant de la faim, du froid et du manque de sommeil, mais jamais l’idée de renoncer ne leur traversa l’esprit bien que leur contingent subisse trente-quatre morts, cent quatre-vingts estropiés, soixante-dix-huit abandons, et que presque tous furent blessés au moins une fois. Armist n’eut à déplorer qu’une fracture du bras droit, et Andreìs se contenta de se briser une main contre son instructeur de combat au corps à corps, réussissant l’exploit au passage de l’envoyer au tapis. Tous étaient trop déterminés à affronter l’envahisseur Arkol pour envisager de reculer, qu’importe si les périodes de Géno-thérapie étaient plus douloureuses que les tourments de l’Enfer eux-mêmes.

            Durant ces années décisives, ils se rapprochèrent aussi beaucoup de Gregor, qu’ils surnommèrent vite Gor en raison de sa façon de manier les armes de contact et de démembrer les mannequins et les prisonniers de guerre, pour former avec lui un trinôme des plus efficients.

            Leur huitième, et ultime année de formation fut consacrée à la fin de la Géno-thérapie, à laquelle succombèrent encore treize des leurs, et à la configuration des armures de combat empiriques. 

            Leur neuvième année fut celle de leur premier déploiement sur le théâtre. Andreìs venait d’être fraîchement promu Lieutenant en raison de ses aptitudes martiales et de son sens de la stratégie, et ce malgré son tempérament revêche et indiscipliné, tandis que ses deux acolytes plafonnaient au grade d’Adjudant. Ils furent vite surnommés le Trinôme Infernal, et le Haut Commandement espérait sincèrement que leur aptitude à ne pas respecter les méthodes traditionnelles pourrait être un atout dans le conflit contre les Arkols qui s’enlisait depuis quelques décennies.

            Cette race extra-terrestre était comparable à une nuée de sauterelles spatiales, allant de planète en planète pour y piller les ressources naturelles, ne laissant derrière elle qu’un simple caillou stérile, et dont les technologies lui permettaient de résister à tous types de climats. Leur suprématie au combat procurée par leurs armes à énergie fut vite compensée par la création d’armures assistées à dispersion de chaleur qu’étaient les armures empiriques techno-assistées. En revanche, leurs corps chitineux encaissaient sans difficulté de nombreux impacts d’ogives autopropulsées des armes standard, aussi les soldats Géno-modifiés reçurent-ils vite des armes aux calibres plus conséquents.

            La Géno-thérapie et les Géno-modifications elles-mêmes étaient une réponse à la puissance physique supérieure de l’ennemi de l’humanité. Ces énormes insectes ailés aux quatre bras griffus, ressemblant aux criquets jusque dans leur physique, se retrouvèrent bientôt dans l’incapacité de simplement charger pour démembrer leurs adversaires, et l’équilibre des forces en place s’était rétablis depuis pour se figer dans un statu quo inextricable.

            Alors que leur navette atterrissait à quelques centaines de mètres de la ligne de front, Andreìs ouvrait son harnais de sécurité pour haranguer ses hommes.

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