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Le combat tournait au fiasco. Toutes les équipes d’assaut s’étaient vues neutralisées par les aéronefs ennemis, et ceux qui avaient pu y réchapper s’étaient fait pilonner par l’artillerie extra-terrestre qui n’hésitait pas à sacrifier ses propres troupes pour assurer son périmètre de sécurité. Les escouades antipersonnel et anti-véhicules avaient ensuite été pris pour cible, et leur nombre chuta drastiquement, tandis que même les tranchées étaient frappées de boules d’énergie bleue qui explosaient quelques secondes après l’impact, et la détonation de l’une d’entre elles sépara Andreìs de ses amis.
Le guerrier essaya de se relever, en vain. Cherchant du regard ce qui l’entravait, il constata que le transmetteur de son groupe était couché sur ses jambes. Lorsqu’il le secoua pour le réveiller, il réalisa que le corps n’avait plus ni tête ni jambes… Sans ménagement, il le repoussa avant de se relever en prenant appui sur les avant-bras et de regarder autour de lui, effaré.
Partout, les troupes humaines se retiraient de leurs positions, ou plus exactement prenaient la fuite. De nombreux véhicules blindés gisaient là où l’artillerie les avait éventrés, laissant une acre fumée noire et huileuse s’échapper de leurs flancs lacérés, et les corps des soldats Géno-modifiés jonchaient le sol par centaines, peut-être même par milliers, leur sang rougissant la terre jusqu’à la rendre noire.
Tendant le bras pour ramasser ses armes, Andreìs constata que son armure était trop endommagée pour continuer à le servir décemment, et il retira son casque en soupirant, avant de s’atteler au reste. Une fois torse nu, il reprit son pistolet et sa hache et se redressa fièrement face à l’ennemi qui semblait l’ignorer jusqu’à ce qu’il commence à vider son chargeur, abattant un fantassin à chaque tir tout en esquivant ceux de contre-attaque.
Quand il fut à court de munitions, il rengaina son pistolet avant de saisir l’étendard qui gisait non loin de lui et de le lever bien haut puis de charger dans un puissant cri de ralliement, zigzaguant entre les tirs disparates de ses adversaires sans laisser à l’artillerie l’opportunité de prévoir son parcours pour créer un tir de barrage.
Les premiers de ses alliés à se rendre compte de son acte de bravoure furent Armist et Gor qui avaient déjà commencé à pleurer sa mort, mais se reprirent vite pour lancer un appel radio. Les aéronefs firent demi-tour en urgence pour apporter un tir d’appui violent au guerrier, ciblant en priorité les pièces d’artillerie et de défense aérienne trop focalisées sur le coureur pour s’apercevoir de la contre-attaque qu’ils lançaient.
Au fur et à mesure des explosions, les guerriers Génos stoppaient leur course et commençaient à faire demi-tour pour retourner au front sous les encouragements de ceux qui les avaient précédés, et cette charge commença à se rapprocher dangereusement des lignes adverses sous les ordres et le contrôle de Gregor et Armist tandis qu’Andreìs arrivait au contact de ses premiers adversaires.
Le premier insecte géant à lui faire face fut empalé au bout de l’étendard utilisé comme une lance avant d’être redressé et planté dans le sol, le sang pourpre de l’extraterrestre se rependant sur le tissu qui volait au vent. Le second fut balayé d’un revers de hache tronçonneuse, séparant son corps en deux à hauteur des épaules, et le troisième se retrouva la tête coincée dans la main gauche du combattant humain qui serra jusqu’à ce que la boîte crânienne explose entre ses doigts, répandant une pulpe rougeâtre et sanguinolente autour d’elle. Desserrant sa poigne, Andreìs reprit sa course dans un hurlement de rage, plus animal que guerrier, et entreprit de répandre la mort dans les rangs adverses.
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