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Graivus dévisageait le géant qui lui faisait face tandis que son cerveau travaillait à toute vitesse.
— Il m’a tenu des propos incohérents, Seigneur Armist… Des propos que seul un traître pour tenir…
— Comme ?
— Il a voulu me faire croire que c’était vous qui aviez initié la Grande trahison… Je vous en supplie, Monseigneur, il faut le retrouver et le châtier, ne serait-ce que pour avoir osé proférer de tels propos à votre encontre !
Armist se redressa, un sourire fier aux lèvres. Son travail d’endoctrinement avait dépassé ses espérances. Presque mille ans après les évènements, tous buvaient ses paroles et il était devenu un dieu pour le commun des mortels.
— Je connais Andreìs… Manipuler les gens fait partie de sa stratégie… Il vous a même sûrement donné un moyen de contacter ses frères-traîtres pour rejoindre son mouvement, ou au moins obtenir plus d’informations. Je me trompe ?
Le Maître-Judiciaire déglutit difficilement.
— Oui Monsiegneur… Une bougie sur le rebord de ma fenêtre… Une bougie verte…
— Merci mon ami. Un homme aussi fidèle et bon que toi doit être récompensé, Seigneur-Judiciaire…
Graivus bégaya.
— Sei… Sei… Seigneur-Judiciaire ?
— Oui. L’ancien Seigneur est mort dans son sommeil après ton départ. Ce poste ne peut pas rester vacant, n’est-ce pas ?
— Non… Mais c’est trop d’honneurs…
— Mais non, c’est légitime et justifié. Tu aurais été un soldat, tu serais devenu Prétorien. Tu aurais été un Géno-modifié, tu serais entré dans mon escouade. J’ai toujours su remercier les meilleurs éléments. As-tu faim ? Nous avons du pousson braisé si tu le souhaites, avec un vin ambroisé des côtes Bordoriquaines.
— Merci Monseigneur… Je suis tellement honoré de vos attentions à mon égard…
Pourtant le nouveau Seigneur-Judiciaire était conscient que tout ceci n’était qu’un moyen détourné d’acheter son silence, et que le moindre refus de sa part le condamnerait à mort.
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