Les explosifs déchirèrent l’air et le bâtiment en jetant les guerriers loyalistes au sol malgré leurs couverts défensifs, mais sitôt qu’ils purent bouger, Andreìs hurla la charge et tous coururent sauter par-dessus le cratère laissé au centre de la pièce pour frapper leurs frères au cœur de leur ligne de front. Tirant profit de l’hébétude que le souffle de l’explosion avait provoquée chez l’ennemi, les guerriers achevèrent un maximum d’hommes au sol tout en attaquant ceux qui étaient déjà en état de se battre tandis qu’Andreìs laissait sans le vouloir la place à Rark, la partie la plus sombre, barbare et violente de son être, se saisissant du bras d’un traître pour le trancher et s’accaparer sa propre hache tronçonneuse avant de trancher tous les corps qui venaient se dresser face à lui. Son épée énergétique dans la main droite, un poignard à vibrolame dans la main gauche, Gregor frappait dans un habile mélange de brutalité primaire et d’escrime raffiné, prenant la majorité de ses adversaires au dépourvu face à la force brute des attaques enlacée dans la fluidité des esquives. De son côté, Edwin, armé de sa masse pulsante, frappait sur chaque corps comme s’il cherchait à détruire les fondations mêmes du palais, propulsant parfois un adversaire plusieurs mètres en arrière en entraînant d’autres hommes dans sa chute. 

            Les cinquante guerriers avançaient vite en profitant de la désorganisation que l’explosion et leur contre-attaque avaient entraînée, ne laissant derrière eux que des corps sans vie ou mutilés, recouvrant murs et armures de grandes traces pourpres, tels une horde de barbares envahissant les châteaux d’antan pour tuer et piller. Ils remontèrent ainsi trois couloirs entiers avant de commencer à ralentir à l’entrée d’un immense hall quand Edwin clama à l’attention de son Capitaine.

— Andreìs, si nous parvenons à vaincre ceux-là, nous n’aurons à affronter que des Prétoriens et des gardes pendant un petit moment.

            Changeant de chargeur, Andreìs répondit en souriant.

— Voilà qui nous permettrait de souffler un peu, Edwin. Combien des nôtres sont tombés ?

— Trois seulement. Et deux blessés. Je leur ai ordonné de rester en arrière et de récupérer tout le matériel qu’ils pouvaient.

            Évitant une attaque visant sa gorge avant d’écraser le crâne de son adversaire contre un mur, Andreìs criait plus qu’il ne parlait.

— Parfait. Dès que la zone est sécurisée, Gregor et toi préparez une nouvelle place forte !

            Gregor, qui avait réussi à retourner aux côtés de son ami tout en embrochant un de ses frères ennemis, posa la question qui lui brûlait les lèvres.

— Pourquoi tu nous donnes le commandement ? Quelle bêtise vas-tu encore faire ?

            Andreìs dévisagea son camarade, un sourire franc sur le visage mais le regard triste.

— Je vais retrouver Armist et le tuer.

            L’épéiste haussa les sourcils.

— Tu es sûr de ton coup ?

— Non. Mais c’est ma responsabilité.

— Bien… Je viens avec toi alors.

— Non !

— Si !

            Edwin coupa court à la dispute en lançant un corps par-dessus les deux guerriers, faisant tomber un Prétorien essayant de les frapper en traître avant de crier pour couvrir le bruit d’une explosion.

— Nous y allons tous, ou personne ne bouge. Il n’y a pas de héros ici, que des serviteurs de la famille royale, est-ce clair ?

            Les deux frères regardèrent le vétéran en souriant, avant d’opiner du chef et celui-ci reprit.

— Bien, maintenant que l’affaire est réglée, finissons de tuer ces fils de chiennes !

            Sans perdre plus de temps, Edwin chargea les Prétoriens qui arrivaient, abattant son arme comme un forgeron sur une lame encore chaude.