54
— Mais où diable sommes-nous ?
Le Seigneur-Judiciaire regardait tout autour de lui sans réellement croire ce qu’il voyait. Il était dans une copie parfaite du Palais Royal plusieurs centaines de mètres en-dessous celui-ci. Non loin de là, une voix familière lui apporta la réponse qu’il espérait.
— Vous êtes dans le bunker de la Famille Royale.
Andreìs se tenait à dix mètres de lui, un sourire radieux sur le visage en s’approchant d’un pas déterminé avant de s’arrêter à deux pas du petit homme et de courber la tête.
— Monseigneur, je suis honoré de vous savoir à nos côtés. Soyez le bienvenu dans ce bunker. Les guerriers loyalistes ayant échappé à la Grande Traîtrise du Seigneur de Jade et à la Purge qui en a découlée se sont regroupés et entraînés ici pendant des siècles aux côtés des Forces de la Résistance.
— Les Forces de la Résistance ?
Andreìs releva la tête et observa en souriant à celui qui lui faisait face dont le visage affichait tout à la fois incompréhension et incrédulité.
— Des militaires et Prétoriens qui ont refusé le mensonge du Seigneur de Jade. Eux et leurs familles ont été retrouvés et mis en sécurité ici par mes hommes.
Clarius balbutia.
— Mais c’était il y a des siècles…
Andreìs opina du chef.
— Et ils se sont reproduits. Lutter contre la consanguinité n’a d’ailleurs pas été chose aisée… Mais heureusement toutes les nations à travers le monde ont fini par nous rallier, nous permettant de recevoir ainsi du sang neuf et de quoi nous occuper de notre matériel. Tout ce que vous voyez ici est d’époque, entretenu avec amour par les Loyalistes.
Le Seigneur-Judiciaire le dévisagea en fronçant les sourcils avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
— Alors, votre arrestation sur le continent Magrafricain, chez les Malguaregs, c’était pour prendre contact avec eux ?
— Oui, même si ça ne devait pas se passer ainsi, mais j’ai appris à tourner l’imprévu à mon avantage. Et leur nation a pu ainsi rejoindre notre cause. De même que mes hommes détenus dans la Prison Royale.
Clarius acquiesça.
— J’ai… Entendu parler d’une évasion de masse, en effet…
De derrière Andreìs une voix forte résonna.
— Évasion de masse ? Armist a fait exploser la prison, et nous n’avons pas eu le temps de sauver tout le monde. Mais ainsi, sa traîtrise se repend dans les mégacités. Il nous facilite grandement la tâche, cet idiot.
— Il est aux abois, et il commet des erreurs. Il fallait s’y attendre, et Andreìs a bien géré son coup.
Côtes à côtes, travaillant sur une armure assistée de taille humaine, se tenaient Edwin et Morad qui délaissèrent leur travail pour se tourner vers leur invité tandis qu’Andreìs passait son bras par-dessus les épaules du frêle bonhomme pour le guider vers eux.
— Seigneur-Judiciaire, venez que je vous présente le Roi du Génie, et vous connaissez déjà le Seigneur Malgauareg. Oh ! D’ailleurs, à ce propos, félicitation pour votre promotion.
— Euh… Merci… Mais avant que je ne fasse le moindre pas en avant, dites-moi quelles sont ces énormes bêtes juste derrière l’établi…
Se relevant d’entre les plumes et les poils, Gregor, un tournevis à la main, sourit à son tour à l’homme de Loi.
— Mon Faugle et le Fenris d’Andreìs, mon seigneur. Mon pauvre Archimède a été blessé pendant la Grande Trahison, mais ils ont pris soin de lui ici, et son aile protéique fonctionne à merveille. Et je crois que vous connaissez déjà Fury. C’est lui qui a sorti Andreìs du véhicule pénitentiaire dans lequel vous vouliez le ramener ici.
Clarius acquiesça lentement avant de répondre.
— En effet… Mais il me semble différent…
Le petit homme dévisagea l’animal avant de remarquer ce qui le perturbait.
— Dans la tempête de sable, sa patte artificielle et son œil bionique passaient inaperçus…
Andreìs hocha la tête.
— Oui… Lui aussi porte les séquelles de l’ignominie d’Armist… Un tir lui a crevé l’œil, et quand il s’est enfui sur mon ordre en sautant du septième étage, sa patte s’est trop gravement fracturée pour être sauvable… Mais sa détermination n’a pas été ébranlée pour autant, pas vrai mon ami ?
Comme pour acquiescer, Fury aboya en remuant la queue avant de venir se coller à son maître et de renifler le nouveau venu pour ensuite éternuer sous les rires des témoins de la scène.
— Il ne vous a pas dévoré, c’est qu’il vous aime bien…
Clarius se figea.
— Pardon ?
Andreìs rigola
— Oui, il est aussi rustique que son maître. Voulez-vous un rafraîchissement ? Ou un remontant ?
Suant à grosses gouttes, l’homme de loi suivit Andreìs en murmurant.
— Un remontant s’il vous plaît… Voir même deux…
Annotations
Versions