La Faucheuse

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La peur de la mort doit habiter chaque être humain ; lui, non. Il attrapait sa manche dès qu'il le pouvait, provoquant la Faucheuse.

Sous mes yeux, les cendriers se remplissaient et les comptes-rendus médicaux s'accumulaient. Dans une vie où tes pensées sont écrasées à coup de violence et de menaces. Il y a peu de poids pour protéger quelqu'un de soi. 

Il avait entamé ce suicide à petit feu avant moi ; il m'en a laissé la fin. 

Dans un dernier acte d'images et d'actions sordides, je l'ai suivi partout. Dans les couloirs aseptisés, lorsqu'il n'était plus rien mais qu'il avait encore des mots pour me heurter.

On se régale des histoires sordides qui passent aux bulletins d’informations ou sur Internet, c'est sous mon tapis que se cachaient les pires. Tout m’avait été volé : mon oxygène, ma joie de vivre, mon entourage... A force de ne plus pouvoir regarder les gens dans les yeux, rongée par la honte d’actes qui ne m’étaient pas imputables, j’avais tout perdu.

En attendant, clés de voiture, retrouver tous ces petits sourires, tous ces petits éclats de lumière, la nature humaine est là dans ces murs. J’oublie, tout. Parfois même pour de vrai, je parviens à occulter toutes les douleurs qui m’ont été infligées.

 Lorsque je rentrais, et même sur le chemin. Oui, mais, si cela déraille. Aurais-je la force ? Si cela est pire comment nous mettre en sécurité ? Des scenarios, tout le temps. C’était devenu un fonctionnement. C’était devenu mon mode de vie.

Chaque instant réfléchit. Pas de bruits. Dans un sens, pas d'avis, peu de choix. Et dans le miroir, je me suis perdue. L’incertitude me grignotait : c’était peut-être moi l’origine de cette gangrène.

Aujourd'hui, Noé peut dévaler les escaliers et même râler, il ne se passera rien. Le petit rayon de soleil peut être. Il ne se passera rien. 

Son cœur à elle, dans sa fonction primitive, celle de battre et d’aimer ; son cœur existait-il encore. Elle ressentait cette poigne d'enfer le serrer, quitte à le faire exploser. Toujours, encore. Elle le sentait s'emballer lorsque, souvent l'angoisse la tenaillait. Cette peur qu'elle savait irrationnelle mais qui demeurait un mécanisme acquis. Pour combien de temps ? Une lutte qui demeurait acharnée, qu’un jour elle gagnerait.

Les images souvenirs s’imposaient dans sa tête et elle revivait encore et encore ses scènes sordides malgré elle.

Elle s'agenouille, le visage levé vers le ciel. Encore un jour où plus rien ne sera jamais pareil.

Mon cœur qui ne battait plus que dans ces instants de survie pour... Mon petit bonheur dormait blottit dans mon lit ; je m'allongeais près d'elle. Sami, elle a les mêmes yeux, les mêmes cheveux que moi... Qu'a-t 'elle de Lui ? J'appréhende la génétique... Pourvu que...

Pour tous ces matins où même si mes paupières s'ouvraient, que mes pieds refusaient d'avancer, mon petit rayon de soleil me rappelai à mon devoir de mère.

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