Coup de foudre
Certains souvenirs sont impérissables. Croyez-vous au coup de foudre ? Je n'y croyais pas jusqu'à ce que je vive. Je me rappelle encore de ce jour. C’était en plein mois de juillet, j’avais 16 ans. Nous étions cinq dans la voiture : mon père, mon frère, ma sœur ainsi qu’un ami à moi. Mon père avait décidé de nous emmener dans le parc d’attraction à 2h de chez moi. La route fut longue mais nous étions enfin arrivés à destination. Une fois dans le parc, nous avions tous décidé que nous irions nous rafraîchir dans une attraction à eau. Il s’agissait d’un tronc creux glissant le long d’une pente faite d’eau. La file d’attente s’étirait à l’ombre de grands arbres. Nous étions tous en grande discussion. Je m’amusais à observer les gens, essayant de deviner leurs pensées ou leurs discussions.
Lorsque je la vis, le temps se figea. J’avais l’impression de vivre ce coup de foudre un peu cliché que l’on voit dans les films. Mais c’était pour de vrai. J’étais envouté par cet ange venu tout droit du Paradis. Ses cheveux blonds flottaient au rythme de la brise légère qui courait parmi la foule. Ses yeux bleus, aussi clair que le ciel, brillaient. Son sourire étirait ses fines lèvres roses. L’éclat de son rire vit vibrer l’entièreté de mon corps. Je n’avais d’yeux que pour elle. Le brouhaha de la foule semblait loin, j’avais même perdu le fil de ma propre conversation. Mon ami me bouscula avec son coude, et je fus rattraper par la réalité. Je lui demandai s’il avait vu la jolie blonde de la file, mais elle venait de s’installer dans le manège et s’éloignait peu à peu. Ma sœur l’avait remarqué et me demanda sur le ton de la plaisanterie si je voulais qu’elle aille la voir. Je lui ai répondu sur le même ton qu’elle pouvait si l’envie lui prenait. Malgré tout, j’étais un peu déçu. Je n’attendais qu’une seule chose : son retour. Je voulais lui dire qu’elle ne me plaisait comme personne avant elle. Mais nous avons dû monter à notre tour dans l’attraction.
Dès la fin du tour, je sortis du manège un peu mouillé mais plein d’espoir. Mais je ne la revis pas. Notre petit groupe se sépara et je partis avec mon ami. La journée passa tranquillement et en fin d’après-midi, je revis ma sœur qui courait vers moi. Elle semblait à la fois paniquée et heureuse. Elle m’annonça qu’elle avait vu la jeune fille de ce matin et partit en courant. Je me cachai derrière un buisson et je vis ma sœur parler avec elle. Elles regardèrent dans ma direction et mon sang ne fit qu’un tour. D’un pas rapide et stressé, je marchai dans la direction opposée, vers les montagnes russes les plus impressionnantes du parc. Il n’y avait plus de file d’attente à cette heure-ci, nous avions donc pu grimper presque immédiatement dans les wagons. Ma sœur nous avait rejoint en courant. Je n’avais pas peur du manège, mais de ce qui se passerait à la descente. Tandis que celui-ci montait, je vis la jolie blonde et son amie s’approcher du manège. Elles semblaient nous chercher, la main en visière sur le front. Et soudain, son amie me pointa du doigt. Mon cœur s’arrêta de battre tant j’avais peur. Le manège s’arrêta, je descendis du wagon comme un automate. Mon estomac était plus noué que des écouteurs sorti d'une poche. Mais je voulais aller moi-même lui parler.
Elles étaient toutes deux parties s’installer sur banc et discutaient. Prenant mon courage à deux mains, il fallait que j’aille lui dire que je la trouvais d’une beauté sans pareille. Mon ami et ma sœur me laissèrent y aller seul. Je sentais que mes mains tremblaient d’angoisse. Une fois devant elle, je réussis à bafouiller quelques mots et je réussis à lui dire que je la trouvais jolie. Elle me remercia et un silence gênant s’installa. Je fis demi-tour et je rejoignis mon ami et ma sœur. Ils se regardèrent tous les deux avant de me demander si j’avais réussi à avoir son numéro de téléphone. Mon expression faciale suffit à leur apporter une réponse. Nous avions vidé nos poches afin de trouver de quoi noter, mais impossible. Et c’était le seul jour où je n’avais pas pris mon téléphone. Mon ami me prêta le sien et je partis en courant pour essayer de la rattraper. Je la vis au loin et je réussis à l'atteindre. Elle accepta de me donner son numéro et, les mains tremblantes, je pus l’enregistrer.
Ce jour restera gravé dans ma mémoire, et la jolie blonde aux yeux clairs aussi. Je n’ai jamais assez remercié ma sœur car sans elle, je n'aurai pas pensé avoir suffisamment de cran pour aller la voir. Après de longues heures au téléphone, je l’ai revu. Mais ceci est une autre histoire…
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