Le grand mal
Cela faisait sept jours que j’étais démangé
Par un sourd raclement sur les bords de mon crâne,
Un affreux crissement, un remus étranger.
J’y pensais tout le temps, j’en devenais insane !
Debout face au miroir, entre mes deux paupières,
J’aperçus, terrifié, une excroissance infecte !
Aussitôt me saisit une douleur stellaire
Qui me fit me sentir faible comme un insecte.
Quand j’eus finalement surmonté ce martyre,
J’approchai cet intrus de mes doigts hésitants.
Et je le touche, et je le tâte, et je le tire !
Et je hurle ! Je perds la vue un court instant.
Entre mes doigts se trouve un ver plat et rayé,
Une horreur irisée longue comme une clef.
Il se meut gauchement une fois délogé,
Me laissant observer ses anneaux embouclés.
Il rampe tout d’abord jusqu’au bout de ma main
Où il ouvre sa bouche anormale. Des sucs
En jaillissent vite et brûlent ma peau ; soudain
Je referme mon poing et je brise sa nuque !
Il me faudrait peut-être aller chercher conseil :
Je ne saisis pas bien ce que tout cela cache…
Mais là ! dans le miroir, grosse comme un orteil,
Une bosse nouvelle ! Oh ! Comme je suis lâche…
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