Echappatoire
N’en pouvant plus des malheurs de la ville
Et me voyant un peu plus chaque jour
Proche du point où mon dernier recours
Aurait le nom terrifiant d’asile,
Je pris la décision de m’en aller.
Seul un sac s’appuyait sur mes épaules ;
J’avais pour compagnons les nobles saules
Et des nœuds de pensées à démêler.
J’étais libre ! Sur la route infinie,
Par les plaines, les cimes et les fleuves,
Comme habité par une ferveur neuve
Qui pulsait fort dans mon cœur épanoui !
Quand j’atteignis la lointaine Alaska
Je convoitai la grande solitude
Pour nourrir de silencieuses études
Naissant du froid traversant ma chapka.
Il vint, le froid, glacial et pénétrant,
Mais, dans ma cabane d’épicéa,
Ce fut surtout la faim qui me brûla,
Jusqu’au long désarroi, sombre, effarant.
J’avais rêvé de prendre mon essor
Pour ressentir les frissons dans ma moelle
Que suscite un ciel noir couvert d’étoiles…
Ma boussole n’indique plus le nord.
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