Neuf tasses de cafés

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"Tu t’es déjà demandé si ce qu’on fait c’est normal ?"

Nan jamais, bien sûr, ça fait juste cinq ans que je me la pose cette question. Mais à chaque fois, la réponse qui me vient à l’esprit c’est : On s’en fout, on s’amuse.

Voilà, maintenant thèse, antithèse, synthèse. En fait pas du tout. Je suis ingénieur, l’écriture c’est pas mon domaine. Comprendre l’informatique c’est facile, le management c’est pas trop compliqué, envoyer un devis de plusieurs dizaines de milliers d’euros à des clients pas de soucis, la vie c’est simple. Mais alors nom de dieu ! Pourquoi on se pose toujours des questions sur le fait de faire des trucs normaux ou non ? Je suis peut-être le seul en fait.

C’est normal de boire un café, mais en boire neuf par jour... Je devrais dormir plus la nuit. Après j’ai l’excuse de l’informatique et j’aime bien faire vivre les clichés. Mais alors la soumission, c’est normal ? Et oui, il faut bien parler sexe à un moment. La question vient de Camille. C’est pas son vrai prénom, mais j’aime ce prénom, donc ça sera Camille.

Le contexte : ça fait cinq ans qu’on a une relation où elle est ma soumise à temps partiel. C’est dingue comme ça sonne étrange.

Et moi dans tout ça, je suis dans la catégorie en dehors des chiffres d’une société qui aime trop les statistiques. Premier rapport sexuel moyen 17,4 ans, le virgule quatre qui ne veut rien dire. Enfin, raté, pour moi 25 ans. J’ai eu les hormones un peu lentes au démarrage ( cliché des informaticiens plus un). Et pour être tout à fait honnête je n’avais jamais vu de fille nue en vrai avant non plus. La première fut Camille. Elle, 27 ans, et je la connaissais bien, depuis quatre heures.

Je l’ai rencontrée à une soirée chez elle où j’étais convié par un pote qui voulait pas s'y rendre seul. Je peux vous dire que ma motivation était au niveau zéro. Bref, pas facile quand on est d’une timidité absolue envers la gent féminine. Sérieux, va vraiment falloir un jour m’expliquer l'irrationalité de mon cerveau, ça devait se passer comme ça quand il voyait une fille :

Ho une fille! Désactivation du module de communication, activation des systèmes d’actions gênantes et totalement étranges. C’est bien les cellules grises, bon boulot !

Pour faire court, j’ai le cerveau qui a redémarré quand je l’ai vue. Elle avait trouvé ça drôle, elle m’a causé pendant 3h55 alors que mon cerveau était en mode panique, puis elle m’a attrapé le bras et on est allés dans sa chambre quand tout le monde était parti. Merci Jonathan ( c'est un vrai prénom, culpabilise maintenant ) d’être parti avec une autre fille alors que c’est toi qui conduisais ! Trois heures de bus le lendemain!

À ce jour, l’explication officielle de Camille : t’étais trop mignon, tout timide et j’avais envie. Ça a le mérite d'être honnête et d'aller dans le sens de sa personnalité, très directe.

Soyons honnête, ça s’est vraiment pas bien passé, mais vraiment pas. Entre le fait de déchirer sa robe, alors que j’essayais de la détacher (la fermeture éclair était coincée, pas ma faute), un cunni désastreux d’après ses dires. En même temps j'avais jamais vu de fille nue, elle m'avait attrapé la tête et direction son entrejambe. Moi qui avais jamais vu une vulve de ma vie, j'étais servi. Et le petit bonus : être précoce, sinon ça aurait été trop facile! Une réussite sur toute la ligne.

Mais le fait est que dix ans plus tard, elle est ma soumise, et en y repensant il n'y a aucune imbrication logique qui peut amener à ça. Elle est plutôt dominante, je suis plus en mode tranquille à laisser aller les choses. Pour en arriver à ce qu’on est aujourd’hui, il y en a eu des moments gênants, voir extrêmement gênants, des ratés collectors (je n’évoquerais pas la baignoire, enfin peut-être ). Et quand je me promène sur les livres, le net, j’ai l’impression que les dominants sont en mode trop facile, c'est inné. Alors que le chemin parcouru pour en arriver là était long. Lui dire de se mettre à genoux d’une voix autoritaire mais sans surjouer, ne plus avoir de sourire en coin toutes les deux minutes et outrepasser les gênes liées à la pratique, ça été un chemin de fou. Mais il en valait largement la peine !

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