Fantasme et réalité
À l'éclaircissement de la terrible révélation du canal de discussion, totalement tourné sur le sexe, et d'une discussion avec Camille sur les petites envies qu'on voudrait essayer, on s'est rendu compte d'un décalage étrange entre fantasme et réalité.
Même si la gêne de parler des petits fantasmes est très dissipée, il est toujours un peu compliqué d'aborder certaines envies en vrai. Alors qu'en virtuel, les messages vont de bon train sur toutes les pratiques sans grande gêne.
Ce n'est pas l'aspect d'être jugé qui bloque, c'est la pratique, la peur d'être déçu. Que ce ne soit pas si bien finalement. Il y a un côté sacrifié, l'aspect purement fantasme intellectuel pour essayer de le rendre réel et potentiellement avoir des sensations complètement opposées aux attentes, voire ne pas réussir.
Ce fut le cas d'une de ses demandes. En séance par message, revenait souvent la gorge profonde. Il y avait un aspect très fantasmé de la pratique de nos deux côtés. Le fait de donner son visage, sa bouche, devenir encore plus un objet pour le jeu pour elle. L'approche très dominante, d'elle s'offrant totalement, main plaquée sur sa tête, l'utilisant presque comme un sextoy. Beaucoup d'imaginaire a tourné sur cette pratique.
Avec le temps qui passe, ça la titillait comme chose faisable. Sauf que c'est plus simple d'écrire un message à base de :
"Je serais à genoux, maître, et vous utiliseriez ma gorge comme un simple trou," et se retrouver à genoux à le faire. Surtout que la première fois qu'elle a utilisé son safe word, c'était pour une gorge profonde.
On a bien passé plusieurs semaines à s'entraîner à deux et elle aussi toute seule dans son coin. Mais pas moyen. Chez elle, il y a eu plusieurs ratés, c'est-à-dire vomir. Ce qui fit que l'idée fut abandonnée et elle était assez déçue. Elle trouvait d'un point de vue fantasme cette pratique comme allant dans ses idées, ses envies, mais non, trop compliquée, trop désagréable.
Il a bien fallu deux ou trois mois avant que la gorge profonde revienne par message, purement par fantasme. Et d'autres événements pour que la pratique revienne. . Ce qui amène souvent à réfléchir sur la faisabilité, et s'il n'y a pas juste un aspect exclusivement imaginaire du plaisir.
C'est un des apprentissages qui nous a presque le plus marqués. Avec notre approche : "Tiens, si on essaye ça," en fait, c'est un peu nul et une fois fait, l'aspect fantasme se dissipe, même à l'écrit. On a tellement mangé une culture du film X montrant tout et n'importe quoi que l'esprit s'est mis à imaginer des choses qui ne marchent pas vraiment.
Ça nous a même mis un petit coup de cafard à un moment avec un aspect, "cerveau, tu m'abuses à m'imaginer tout ça pour rien." Ça nous avait ramenés à nos débuts, où on croyait pouvoir faire beaucoup plus que nos capacités.
Mais bon, il ne fallait pas se laisser abattre ! On a accepté qu'on ne pouvait pas tout faire et l'impossible est venu inonder l'imaginaire manuscrit. Et ce fut un grand pas dans le jeu, ce double plaisir et comprendre qu'on a tous nos limites.
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