Rester concentré
Il y a des moments où on se sent plus digne que d'autres dans la vie. Là, j'étais assez bas dans mon estime. J'étais sur le lit de ma chambre, Camille pratiquant une danse qu'elle avait toujours rêvé de faire, comme elle l'avait si bien dit.
– J'ai toujours rêvé de faire ça, dit-elle en remuant son bassin de façon circulaire avec le sextoy en silicone tenu par un harnais de cuir, suivant le mouvement.
Nous, les hommes, on ne passe pas notre vie à faire l'hélicobite, enfin, on le fait, mais pas tout le temps. Je digresse. Reprenons, j'étais donc là sur mon lit à quatre pattes, mon séant bien en évidence, et Camille continuait sa danse folle. Je n'étais pas serein, il y avait un mélange de curiosité après nos multiples entraînements sous la douche (pas désagréables, soit dit en passant) et de « qu'est-ce que je fais ici à quatre pattes, nom de Dieu ! »
Oui, ce n'est pas très naturel comme position pour un homme, alors qu'hier soir tout semblait normal quand c'était Camille dans cette position, bâillonnée, tout en lui tirant les cheveux. Je m'égare, je m'égare. Ne soyons pas fermés d'esprit, tout va bien se passer, restons concentrés…
– Comment vous faites pour marcher avec ce truc qui pendouille en permanence ? dit-elle sans vraiment attendre de réponse.
Comment rester concentré ? On fait avec, on n'a pas le choix, et ce n'est pas un truc d'une vingtaine de centimètres en silicone dur. Ne pas être jaloux, la taille, ce n'est pas le plus important. En plus, c'est facile de fabriquer des trucs en silicone. Je ne suis pas si loin que ça en plus. Je ne vais pas être jaloux d'un sextoy.
– T'as vu, j'en ai une plus grosse.
Restons concentrés, d'ici à quelques minutes, je vais faire partie de la catégorie des hommes hétéros sodomisés qui assument leur vie tout entière. Pour le moment, j'assume avec une petite appréhension. Camille, elle, n'a aucune appréhension vu son état d'excitation globale à l'idée de ce qui allait se passer. Le tout dans sa tenue tout en harnais et lanières de cuir, tenue tout aussi efficace en position soumise que dominante.
– T'es prêt à te faire enculer, dit-elle d'une voix extrêmement gênée. Oh mince, ça sonnait mieux dans ma tête. Dit-elle avant de partir sur un rire franc. Ça me rappelle nos débuts quand on avait nos voix ridicules. Vas-y, essaye pour voir.
Je répétai la phrase, avec mon intonation monotone et grave que j'avais pris l'habitude d'utiliser pour les séances de soumission.
– C'est vrai que tu as trouvé le ton maintenant, ça me donnerait presque envie de me mettre à quatre pattes. Allez, lubrifiant et au travail.
Oh punaise, c'est toujours aussi froid ce truc, alors qu'elle faisait couler la dose de lubrifiant sur mon anus et en mettait sur le sextoy. Là, je stressais, même plus que ma première fois.
– Détends-toi, et tu me dis si ça ne va pas.
Elle déposa l'objet suintant de lubrifiant à l'entrée, puis elle commença doucement la pénétration. Grâce aux semaines d'entraînement sous la douche, ce fut très agréable, très vite, sans aucune douleur. Vu la dose de lubrifiant, ça pouvait glisser.
Les doutes et craintes disparurent tout aussi rapidement. Camille prit le coup de reins en deux temps trois mouvements. Et, le plaisir vint rapidement, puissant, extrêmement puissant, une jouissance forte, de nouvelles sensations. Ah zut, déjà fini. Tout ça méritera plus ample étude dans le futur. Elle retira l'objet de mon fondement et je me retournai sur le dos. Elle était rouge, essoufflée.
– D'accord, une minute ça peut être long, je m'excuse pour tous les hommes. Je ne travaille jamais mes abdos comme ça. C'était bien, on dirait, voyant mon sexe gonflé et maculé de sperme. Je n'avais même pas remarqué, concentré sur un plaisir tout à fait nouveau.
Elle s'allongea à côté, le sextoy pointant vers le plafond.
– Oh oui, c'était bien, même très bien, va falloir utiliser ce harnais plus souvent.
– À mon tour maintenant, je suppose, maître. Dit-elle avec sa voix docile de jeune fille.
– Ton tour, c'est lors de la séance de ce soir, soumise. Je t'enculerai attachée au lit sans avoir aucun moyen de bouger, après bien sûr avoir joué avec toi toute la soirée. D'ailleurs, la séance commence juste après ma douche. Dis-je de mon ton monocorde grave.
– Oui, maître, vos draps sont trempés à présent.
Le passé lointain où tout aurait été fou rire, intonation ridicule et sourire en coin était loin. Enfin, sauf l'hélicobite que Camille ne pouvait s'empêcher de faire, même allongée, très technique comme mouvement d'ailleurs !
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