Le partage des eaux

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Bon, mes parents m'ont abandonné. Bon, ben, ça arrive en fait. Je sais pas pourquoi. Je veux pas faire de la psychologie de bazar, mais bon, voilà, c'est comme ça, point. Alors, être recueilli par des rois égyptiens alors que je dérivais dans un panier sur le Nil, c'est pas mal comme sort, à part que moi, je suis pas égyptien. Et j'aimerais bien retrouver la source, pas celle du Nil, non, juste ce que je suis. Alors, les gens comme moi et moi nous parlons beaucoup. Et nous nous disons que ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal que nous soyons exploités comme ça. Pourquoi nous? Enfin, eux, parce que moi ça va. Quoique … Pourquoi être abandonné comme ça par le destin? Pourquoi moi? Pourquoi être abandonné par ma mère? Pourquoi être abandonné par Dieu ? Quelque chose me dit que Dieu est en moi, mais je n'y crois pas vraiment. Ma mère, elle, elle saurait le dire, mais elle n'est pas là. Je la vois en rêve, elle me guide, je traverse le désert et je vais vers elle. Enfin, vers elle, non, vers un point lumineux. C'est là, la source peut-être, le début de tout? Les gens comme moi ne disent de plus en plus que Dieu est avec nous et que c'est moi qui vais les guider. Cela me fait peur, pourquoi moi et pas eux ? Bref, je ne sais pas trop comment mais une série de catastrophes s’abattit sur le pays, comme si tout ça était orchestré, comme si tout ça était un signe. C'était le moment où jamais. La diversion suprême. Alors, nous partîmes. Vers l'est. Là où tout naissait. Nous ne savions pas bien d'où nous venions, mais l'est, c'était sûr. Alors, nous marchâmes, longtemps, longtemps. Moi le premier. Et face à la mer, j'étais bien embêté. Que dire à toutes ces personnes? Je fermai les yeux, j'étais désespéré, prêt à me jeter à la mer, l'eau où mes parents m'avaient abandonné et à me noyer. A retrouver ma mère, enfin. Et là, une rumeur. Un cataclysme sépara les eaux. J'hallucinai, j'y croyais pas. Mais il n'y avait pas de temps à perdre et en un tour de main, j'invitai les camarades à avancer. Ils étaient tétanisés, autant sinon plus que moi. Nous passâmes vite, je me demande bien comment mais bon, nous passâmes, les égyptiens, eux, venaient derrière nous. Nous eûmes à peine le temps de constater qu'ils étaient engloutis par la mer, qui devient rouge de leur sang. Moi, j'avais l'impression de voler. J'entendais des voix: tu ne tueras point! Oui, mais tuer, c'est ce que je viens de faire! J'ai tué les gens qui m'ont nourri! La culpabilité me rongeait, encore et encore et une voix me disait: "mais ce n'est pas pareil, tu as tué pour te sauver, toi et les tiens, ce n'est pas pareil". Je m'évanouis. Combien de temps? Je ne sais pas. Lorsque j'ouvris les yeux, je les vis, eux, mes camarades; ils avaient fabriqué une espèce de veau avec l'or qu'ils avaient emporté avec eux.

Non, ce n'est pas cela que nous recherchons, ce que nous cherchons brille oui, mais ce n'est pas ça, pas les apparences, non!

Sur le coup de la colère, je cassai tout autour de moi.

Je savais d'or et déjà qu'il me faudrait revenir.

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