Destins croisés

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Lorsque je la vis, je la reconnus.


C'était elle.


On s'est déjà vues quelque part, non ?


Ben oui en fait, j'étais déjà venue six mois plus tôt.

Mais il n'y avait pas que ça. Un air de déjà vu.


Ailleurs, dans d'autres temps. 


Un jour, elle me dit que la pause pour le déjeuner serait plus longue.

Ah oui ? Plus longue ? Plus longue comment ?


D'accord.


Cela fait un moment que je voulais aller voir une expo au musée d'à côté, j'en profiterai, et je déjeunerai sur place. Bon, je pense qu'aller au musée, y déjeuner et voir l'expo sera plus long que la pause déjeuner de la personne qui m'accueille, mais bon, je peux bien revenir avec un quart-d'heure de retard, visiblement, c'est le départ d'une collègue qui est célébré, je leur laisserai le temps.


Je vais au musée, je vois l'expo, j'y prends mon déjeuner. Je m'installe face à la fenêtre et là, je vois que le musée dispose d'un jardin et qu'il y a même un café. C'est là que j'aurais dû aller !


Bref, je déjeune et je reviens. Contre toute attente, je suis à l'heure, très à l'heure même.

Tout à coup, une angoisse m'assaille. Le doute. Le doute s'installe en moi.

Ai-je bien compris ?

Mon niveau dans la langue de ce pays n'est pas parfait et je pense en moi-même: mais que veut donc dire « a quarter past two » ?


Je retourne quand même au Temple et à tout hasard, je demande au monsieur du guichet ce que veut dire le fameux « a quarter past two ».

Ah me répond-il, c'est dans une demi-heure, là, c'est « a quarter to two ».

Je me suis trompée ? Comment est-ce possible ? Et pourquoi m'en rendre compte que maintenant ?

Bon, en l'attendant, j'irai faire un petit tour dans le Temple. Un billet, s'il vous plaît ?


M'y voici.

Je me plonge dans une histoire que je connais déjà. Je me souviens avoir pensé il y a quelques jours que j'aimerais bien me recueillir ici avec elle.

La lumière est belle, elle filtre à travers les vitraux et se reflète sur les candélabres déjà dorés.

Je suis bien là, en harmonie. Je vis.


Tout à coup, je me retourne, je la vois.

Elle est là.

Sourires spontanés.

Oh quelle belle surprise !

L'instant est fugace, mais la communion bien réelle.

Mon rêve là, à portée de main, à portée d'esprit.


Elle me demande pardon pour son retard, il était deux heures.


Quel retard ?

Je t'avais dit « deux heures moins le quart ».

Are you sure?

Oh oui, oui, certaine.

OK…

[…]

J'en ai profité pour aller au musée, ajoutai-je.


Ah, tu étais au musée ? Ça alors ! Moi-aussi ! En fait, on a fait un pot pour une collègue et on l'a fait au café qui se trouve justement dans les jardins du musée.


Je souris, nos regards se croisent. Éternité de l'instant.


C'est étrange, n'est-ce pas ? ajoute-t-elle.


Oui. Très.


Je la sens frémir, nos regards sont toujours là, unis dans un même regard.


Ah au fait ! Le livre que tu avais demandé est arrivé !


La vie se poursuit, et je me plonge dans la lecture de ce livre qui raconte l'histoire de ce site et de comment des destins se sont croisés, avant, il y a longtemps, dans le lieu où je me trouve aujourd'hui.

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