HEUREUX QUI COMMUNISTE
Heureux qui communiste a rêvé du Grand Soir,
Et porté patiemment ce généreux espoir
D'un monde désarmé, fraternel, de justice,
Lavé des exploiteurs à la vertu factice.
Cet homme simple et droit, souvent déshérité,
lein d'amour et de foi dans notre humanité,
Était un homme tel que dans les Ecritures
Le sage était décrit, aux époques futures.
Je ne vous parle pas ici du militant,
Mais de l'homme concret et de la femme autant
Qui tout seuls dans leur coin se disaient que peut-être
Il devait exister une autre façon d'être
Ensemble et moins souffrir du manque et de la peur,
Et que demain, qui sait, serait plus près du cœur !
Ces gens rudes et fiers et sans autre avantage,
Transmettaient autour d’eux en forme d'héritage,
Un vrai tempérament, un instinct bien trempé,
Un sang d'un rouge ardent volontiers dissipé !
C'est à ces gens de peu qu'ici je rends hommage,
A ce grand-père aussi, communiste à mon âge,
Et qui, toute sa vie, a pu sans s'alerter
Conserver en son for son bout de vérité,
Malgré, de temps en temps, ces rumeurs bien étranges
De ces « pays unis » désertés par les anges,
Dans lesquels on aurait, sans doute par erreur,
Emprisonné des gens rebelles au bonheur.
Oh ! comme je l'envie, ainsi que tous les autres,
D'avoir su se garder comme de bons apôtres,
En regardant autrui comme quelqu'un de bien
Même si celui-ci le traitait comme un chien,
Mais en pensant qu'un jour, changeant de caractère,
Par un revirement entouré de mystère,
Cet égaré pourrait recouvrer la raison
Et bâtir avec lui la Nouvelle Maison.
Hélas, il est parti sans toucher à son rêve,
Sans que la connerie effectue une trêve,
Et d'ailleurs cet espoir qu'il suivait simplement
Viendra se fracasser contre un mur allemand !
Là n'est pas le propos, ni le fond du problème,
L'homme change de foi sans se changer lui-même
C'est là le fondement de sa condition
Et la source sans fin de sa confusion.
Et toujours l'on aura, jusqu'aux siècles extrêmes,
Des gourous, des penseurs et des guides suprêmes,
Pour venir enchanter nos désirs d'avenir
Et nous montrer celui qu'il nous faudra punir.
Ainsi, tel que je suis, en changeant à la marge,
C'est chez l'écologiste à présent que j'émarge
Et me sens affûté pour aller au combat
Contre les mécréants qui polluent le débat
Et regardent ailleurs cependant que l'urgence
Serait de détaxer le diesel et l'essence !
Debout les damnés de la Terre !
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