PENDANT LE CONFINEMENT

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Au temps où nous étions tous en guerre et malades

Et que la loi partout chassant les embrassades

Nous intimait d'œuvrer chez soi bien gentiment,

Nous vîmes de bons gars lassés du rangement,

S'illustrer un moment au cœur de la bataille

Depuis leur logement rempli de victuaille,

Et tromper leur ennui par un bizarre exploit

Dont le con seul détient la formule d'emploi !

L'exploit que je voudrais porter à connaissance

Est celui d'un voisin, presque un ami d'enfance

Qui, dès le premier jour de son confinement,

N'a trouvé de loisirs à son ajournement

Qu'à regarder dehors par la même fenêtre,

D'un œil de chien battu qui se languit d'un maître,

Sans se penser plus loin qu'à l'heure du repas

Que lui fait son épouse en ne lui parlant pas.

Et c'est ainsi qu'un jour, identique à tout autre,

Sans personne au dehors, sans un chat qui se montre,

Ce voisin aperçut, qui traversait les cieux

Et le silence neuf enveloppant les lieux,

Un oiseau déluré, dans les races communes,

Prompt à se faire un nid au milieu de ses prunes !

La chose à son début détourna son ennui,

Et le ramage exquis, par un effet fortuit,

Du cœur de sa harpie entrouvrit la coquille

Pour laisser deviner l'ancienne jeune fille.

Ce bel enchantement subsista quelques jours...

Mais le con qui mollit s'en retourne toujours

A ses instincts premiers qui fondent sa nature ;

De même ces deux là, trop loin de leur culture,

Se lassèrent bientôt de tant d'emportement

Dans la béatitude et l'émerveillement

Dès lors qu'on s'avisa que chez ces volatiles

Il y a certes un chant aux volutes subtiles,

Mais qu'on y trouve en outre un fion phénoménal

Prolixe à déféquer sur les prunes d'aval !

La fiente d'oiseau signa pour eux l'outrage

Et donc on ordonna sur-le-champ un carnage !

La chaumière s'emplit aussitôt de grisou,

L'hallali fut sonné, l'on accourut partout,

L'on s'enquit d'un fusil, une vieille pétoire

Que l'on avait gardé - d'un trait prémonitoire -

Pour défendre au besoin l'honneur de la maison

Et celui des sept nains trônant sur le gazon ;

Puis la meute rampa jusqu'à l'angle propice

Et déversa le plomb sans trêve ou armistice

Sur le pauvre prunier brusquement haillonneux,

Fumant et s'exhalant en sucs confitureux !

Le quartier en émoi se mit aux ouvertures

Craignant que quelque part l'on s'en prenne aux voitures,

Mais bientôt rassuré par cette bonne odeur

De fruit, de chair fumée et suivant la clameur

De nos deux abrutis arrosant leur prouesse,

Un chœur de survivants sur les balcons s'empresse,

Improvise un moment un chant de résistant,

Puis retourne chez soi pour la soupe, content.

C'est un peuple - lecteur - celui du sans-culotte

Que tu vois affleurer dedans cette anecdote !

Certes un peuple outragé, brisé, stérilisé,

Qui se voit à deux doigts d'être martyrisé,

Mais un peuple toujours partant pour la torgnole

Dès lors que le sujet touche femme ou bagnole !

Mais c'est la prune ici - j'ignore bien pourquoi -

Qui fait le désaccord et décime l'endroit ;

Se pourrait-il alors qu’en ces jours délétères

L’on ait, par quelque loi, gâté nos caractères ?

Je pense – comme vous - à cette loi de trop

Qui nous a dévastés en fermant le bistrot,

Nous laissant assoiffés et l'instinct en souffrance,

Prêts à défourailler à la moindre insolence !















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