Chapitre 5

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Deux jours plus tard, La Golf arriva sous la pluie à Cadillac, une commune non loin de Bordeaux. Après avoir traversé la petite ville, ils se retrouvèrent au milieu des vignes et rentrèrent dans un chemin gravillonné bordé des deux côtés de cyprès. Au fond, se trouvait un château du XVIIe siècle devenu une maison de retraite. Marlène courut avec son collègue vers le hall principal où une infirmière gérait l’accueil.

- Je peux faire quelque chose pour vous ? Demanda-t-elle, en bougonnant

- Nous cherchons Mme Sylvie Laborde, nous avons des questions à lui poser, répondit Agostini.

- Vous croyez que vous pouvez interroger comme ça nos patients alors que vous n’êtes pas de leur famille ? Sortez d’ici je vous prie, répondit-elle avant de se replonger dans la lecture d’un magazine people

- Et si on vous disait que nous étions actuellement en train de faire une enquête et que ce que vous êtes en train de faire, c’est une entrave donc pouvant potentiellement vous causer des problèmes, intervint Marlène en présentant sa carte de police

L’infirmière écarquilla les yeux en regardant la carte de police, puis décrocha rapidement le combiné de son téléphone et leur fit signe d’attendre quelques instants. Trois minutes plus tard, une jeune femme en blouse blanche descendit les escaliers situés à côté du secrétariat pour les inviter à la suivre. La jeune femme ne posa aucune question, le seul bruit qui se faisait entendre était celui des talons de Marlène sur le carrelage de l’étage. L’employé ouvrit une porte et les invita à rentrer. Sylvie Laborde avait quatre-vingt-trois ans. Elle était assise sur un fauteuil, en train de regarder la télé et l’éteignit quand les flics entrèrent. Elle les salua poliment en leur serrant la main. Ils se présentèrent puis elle comprit pourquoi ils étaient là.

- Elle était jolie, ma fille, commença-t-elle en cherchant une photo encadrée d’une jeune fille brune souriante assise sur un parapet avec l’océan en arrière-plan, elle savait comment faire tourner la tête des jeunes hommes de Biarritz.

- On a consulté des rapports de gendarmeries de l’époque qui ont privilégié la piste du drame passionnel, mais qui n’ont jamais retrouvé son meurtrier, lança Agostini

- Joséphine aimait beaucoup traîner avec des jeunes hommes de son âge tous les soirs. Je suis persuadée que c’était un jeune garçon qu’elle a rencontré qui l’a laissée dans cet état. Vous le voyez bien sur cette photo, avec cette coupe de cheveux, sa robe bleue, sa paire de chaussures, sa façon de se maquiller, elle ne pouvait qu’attirer les regards et pas toujours des bonnes personnes, ajouta Sylvie en reposant la photo sur sa commode. Si vous voulez, j’ai plein de photos d’elle, elle aurait eu quarante-huit ans cette année.

- Si ça peut vous faire plaisir, on veut bien les voir, dit Marlène.

Laurent lui jeta un regard noir quand la vieille dame partit chercher des albums.

- C’était une jeune fille très intelligente, croyez-moi. On vient d’une famille riche, comme vous pouvez le voir, mon mari avait une petite compagnie aérienne et moi, j’avais mon cabinet d’ophtalmologie, on a été très heureux. Joséphine voulait devenir femme politique, elle avait été prise à Science Po Paris et comptait faire l’ENA. Elle était ambitieuse.

- C’était quelqu’un qui aimait bien sortir ? Demanda Marlène.

- Bien sûr, tous les jeunes aiment bien sortir dans les boîtes de nuit. Vous aussi vous devez aimer y aller, non ?

- Oh, je préfère parfois faire des sorties au ciné ou prendre un verre dans un bar, répondit la policière en souriant.

- Vous avez raison, parce que c’est de votre âge.

- Et vous pensez que c’est durant cette sortie en boîte que Joséphine a pu se faire tuer ? Ajouta Agostini penché sur son carnet

- Oui. C’était après son baccalauréat qu’elle y a été avec de ses copines et le lendemain elle n’était pas dans sa chambre. J’ai un fils, Jean-Luc, qui avait seize ans à l’époque et qui m’a alerté pour ça, c’était vers midi où j’ai commencé à m’inquiéter. On a prévenu les gendarmes de sa disparition, ils nous ont aidés. J’ai appelé de mon côté les parents de ses amies qui ne l’ont pas vue et ses copines ont confirmées qu’elle passait la nuit chez un jeune Allemand, Jürgen Voigt. Ils ont su trouver ce garçon, mais il était innocent. Le corps de Joséphine a été retrouvé sur la plage avec son bras coupé.

- Vous vous souvenez du profil de ce jeune Voigt ?

- Il faisait des études de médecine à Francfort. Le reste je n’en sais pas plus. Je crois me rappeler que d’autres jeunes gens ont subis la même chose plusieurs années plus tard et la police n’a jamais su retrouver les coupables, compléta-t-elle une larme à l’oeil.

- C’est pour ça qu’on vient vous voir, on a des faits similaires qui se produisent de nouveau et on veut savoir qui en est l’auteur.

- Je suis désolée, dit Sylvie en pleurant, je suis tellement désolée pour ces familles. Je ne peux rien faire pour elles, je ne peux que leur souhaiter du courage.

Marlène se leva du lit pour consoler la vieille dame. Elle se sentait sincèrement touchée par ce qu’elle avait vécu. Sylvie releva la tête puis dit « J’aurais tellement aimé que ça soit ma fille qui me sert dans les bras, j’aurais tellement savoir ce qu’elle serait devenue aujourd’hui. Il n’y a pas un jour où je pense à elle ». Elle leur ouvrit la porte en se mouchant puis les laissa partir. Les enquêteurs remercièrent les infirmières pour leur accueil puis quittèrent les lieux. Marlène avait besoin de boire un café pour se remonter et surtout pour se réchauffer.

Ils firent une halte dans un McDonald’s pour prendre des cafés. Marlène serra son gobelet de café dans les mains tout en regardant la pluie taper sur les toits des voitures stationnées. Laurent se contenta simplement de regarder son profil puis il lança.

- Il nous a bien aiguillés, ce Trujillo.

- On pourra faire appel à lui pour cette enquête, il a l’air de vraiment connaître pas mal de choses, répondit nonchalamment Marlène

- Qu’est-ce qui ne va pas ? Demanda Laurent en fronçant légèrement les sourcils

- On a beaucoup d’indices mais finalement on a rien rien de concrets.

- Tu plaisantes, on a des informations sur ce Jürgen Voigt. Avec un peu de chances, on peut arriver à le retrouver, mais on ne risque pas de le retrouver en France, mais peut être en Allemagne, j’en sais rien. C’est déjà ça. D’ailleurs, je viens de faire une petite recherche sur lui et il y a un médecin généraliste qui porte son nom à Francfort.

- Ca correspond à lui, c’est ça ?

- Bien sûr, c’est écrit qu’il a eu son doctorat en 1988.

Marlène regarda son collègue, impressionnée. Laurent était fier de cette trouvaille, mais il fallait qu’il affine en retrouvant ses éventuels seconds prénoms. En remontant dans la voiture, Laurent contacta la Section de Recherche de Bordeaux et Marlène contacta la PJ de Toulouse. Tous les deux étaient en attente d’une réponse de leur service respectif afin d’avoir plus d’informations sur ce Jürgen Voigt. Quelques instants plus tard, ils reçurent sur leur boîte mail une fiche sur cet homme qui avait un casier judiciaire pour conduite sous l’emprise de l’alcool en France. L’adresse indiquait bien Francfort une nouvelle fois. Marlène se recoiffa puis s’occupa d’acheter les billets d’avion pour se rendre en Allemagne.

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