Chapitre 4 - Le Lien
Sathis se tourna vers moi, un sourcil levé dans une mimique interrogative que je trouvai presque excessive, vu l'immobilité quasi absolue de son visage depuis que j'avais ouvert les yeux.
― Tu veux bien que je t'examine, Sia ? Je suis guérisseuse, précisa-t-elle.
Voilà qui expliquait le ton respectueux de Nel... J'acquiesçai, qu'avais-je à perdre, de toute façon ?
Sathis s'approcha de moi, d'une démarche souple et assurée. À peine plus petite que Nel ‒ qui n'était déjà pas bien grande ‒, elle n'en dégageait pas moins une impression de force plus importante. Leurs complexions ‒ brunes de cheveu, noires d'œil et mates de peau ‒ étaient proches, ainsi que leurs corpulences. Mais là où Nel semblait juste frêle, la guérisseuse paraissait... concentrée. Plus dense, en quelque sorte...
Elle posa sa main sur mon front et ferma les yeux, le front plissé de concentration.
Je commençai par ressentir un léger picotement, qui s'étendit rapidement à tout mon corps, puis s'arrêta d'un coup.
― Je ne peux pas accéder à son esprit, quelque chose me repousse. Mais son niveau d'énergie vitale est suffisant pour que tu tentes d'utiliser ses pouvoirs à travers votre Lien, Athar...
― Que dois-je faire ? répondit-il, en me calant plus confortablement contre lui.
― Connecte simplement vos esprits, comme lors de la cérémonie du Lien, puis cherche le noyau de sa conscience. Je te guiderai, si nécessaire.
― D'accord... je vais essayer. Prête, Sia ?
Sa voix ne trahissait guère qu'une légère inquiétude, à peine perceptible pour un observateur extérieur. Mais lovée contre son corps, j'en percevais la tension dans le jeu des muscles. En silence, je hochai la tête pour signifier mon consentement. Oui. J'étais aussi prête que possible, compte tenu des circonstances...
― Nel, Evil, restez à distance, dit la guérisseuse. Inutile de prendre des risques.
J'appris ainsi le nom de l'enfant, « Evil », qui avait une gueule d'ange.
Je connaissais à présent tous les membres de notre petite compagnie... et je m'apprêtais à tenter de laisser le contrôle de mes pouvoirs à Athar, en espérant que tout se passe bien.
Ce dernier posa à son tour sa main sur mon front. Le contact était agréable, la sensation familière, presque rassurante, et petit à petit, je sentis ma conscience se diluer, se dissoudre dans la sienne.
Puis je vis par ses yeux.
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