La route fut longue pour Fëanor un elfe de la forêt de Keldill, il avait marché longuement depuis son village, trois jours pour être exact. Jamais il ne pourra y retourner, il en était banni. Il avait commis une énième faute qui lui fut fatale et pour cause, sa curiosité ! Sa femme, Eledhwen elle-même avait participé à cette décision qu'il avait jugée sévère.

- Ta curiosité te tuera un jour ! Répétait-elle sans cesse.

Une larme coula sur sa joue et la lumière du soleil faisait briller ses yeux verts.

Fëanor ressentait des douleurs à ses pieds, il avait beaucoup trop marché et il avait déjà dormi deux nuits dehors, enfin si on peut vraiment appeler ça dormir, car l’obscurité de la nuit est menaçante dans cette forêt. La lumière de la lune perçait à peine le feuillage dense des arbres, le souffle du vent sur les feuilles qui s'entrechoquaient, les cris des animaux qu'il ne connaissait même pas ! Jamais il ne s’était éloigné à plus d’un kilomètre de son village natal, il avait peur.

- Cette nuit sera la dernière ! Se répétait-il.

Il pensait atteindre Brunok le lendemain dans la soirée. Brunok est une grande ville de race humaine et elle est à la croisée des chemins qui mènent vers toutes les directions du monde. La ville était sa première halte, il avait pour objectif de rejoindre un autre village elfique beaucoup plus loin après Brunok.

Les rayons du soleil baissaient en intensité et la noirceur de la nuit commençait à dominer la forêt. Fëanor comprit qu’il devait se trouver un petit coin pour s'abriter à l’écart du danger omniprésent des prédateurs nocturnes.

Il installa son bivouac et voulut faire un feu mais se rappela la nuit dernière, il s’était promis de ne plus en réaliser, c’était trop dangereux, cela pourrait attirer beaucoup de bêtes féroces. Il y renonça et s'abrita dans sa petite couchette pour essayer de roupiller un minimum, il était épuisé mais tenir bon était essentiel, encore une journée de marche et il dormira dans un lit au chaud.

Ses muscles endoloris déclenchaient des crampes ici et là. Ses paupières étaient lourdes mais ne pu les boucler, il était terrifié, il y avait beaucoup d’agitations dans cette forêt, a tout moment il pouvait se faire agresser et cela pourrait même impliqué sa mort ! Des tremblements le parcourent son être, avait-il froid ? Peur ? Lui même ne savait pas alors il ferma les yeux et son imagination lui faisait apparaître Eledhwen.

Une elfe aussi grande que lui avec une peau tirant au vert sur laquelle portait une légère tenue de cuir et de tissu. Son cœur palpite par la pensée de sa bien-aimée. Il appréciait tellement caresser sa longue chevelure argentée qui restait coincé derrière ses oreilles pointues. Son sourire était magique, il le rendit euphorique. Puis l’image de sa femme s’évapora, il repensait à la cause de son bannissement.

- Pourquoi avoir regardé là où il ne fallait pas ? Se questionne-t-il.

Il avait suivi un membre important du village qui se dirigeait dans un lieu interdit et le surprit à converser avec un homme. Ça lui a coûté tout ce qu'il avait, mais Fëanor savait qu'il y avait autre chose de plus grave et surtout pourquoi sa femme était pour son bannissement ? Ils s'entendaient à merveille, il ne comprenait pas. Puis il est revenu à la réalité, il avait entendu un bruit proche.

Un grognement menaçant se fit entendre, Fëanor se mit accroupi, il n’avait aucune arme pour se défendre, il était prêt à courir de toute hâte ! Avec ses oreilles pointues et fines il pouvait ouïr le moindre bruit et surtout les pas légers que faisait le prédateur.

Il resta aux aguets et la bête contourna sur le côté jusqu'à pouvoir le distinguer. Fäenor observa la créature, dents acérées, yeux jaune d’un regard meurtrier sur une robe noire intense dont quatre pattes de griffes aiguisées qui pouvaient trancher sa peau comme une lame de rasoir, prêt à bondir pour l’éviscérer. Un félin sombre, devina aussitôt Fëanor, l’une des pires atrocitée de cette forêt et par chance, s’il pouvait dire cela ainsi, ils sont solitaires.

Le félin bondit d’une rapidité déconcertante sur Fëanor qui roula d’une vitesse impressionnante sur le sol. Il ne savait peut-être pas se battre mais il avait la chance inouïe de posséder des réflexes hors du commun ainsi qu’une célérité fulgurante. La créature grogna quand il se rendit compte que sa proie avait fui, il se retourna et observa son dîner s'échapper dans la nuit glaciale.

Fëanor courut avec célérité sans se retourner, sa longue chevelure dorées flottait au vent. Il sentait toutes les pulsations de son cœur qui battait à un rythme alarmant et comprit que le félin le pourchassait lorsqu'il entendit ses pas beaucoup plus lourds qui provoquaient un orchestre ritournelle.

Il eut l’idée d'escalader un arbre, alors en gardant son allure, il sauta sur le tronc et s'encastra sur celui-ci qui lui coupa net son souffle. Ses bras se refermèrent et s'agrippèrent de toute leurs forces, pour grimper à la hâte sur une branche et s'y reposait.

Le prédateur tourna en rond au pied de l’arbre tout en observant et rugissant sur sa proie qui venait de lui échapper. Fëanor reprit son souffle et resta ainsi plusieurs heures avant de remarquer que le félin n'était plus là, était-il parti ? Se cachait-il ? Il n’osa pas descendre et se reposa sur cette branche d’une position très inconfortable mais en sécurité.

Il lâcha un soupir et se trouva une position plus confortable pour résister à l’attente, il avait décidé de rester ainsi toute la nuit. Il ferma les yeux et s’imagina de nouveau sa femme en regrettant la curiosité qui lui valut ce périple, allait-il revoir Eledhwen un jour ? Lui pardonnerait-elle ? Il prit une profonde inspiration et se projeta un instant dans ses bras pour sentir son cœur battre contre sa poitrine, la vie qui battait en elle et son souffle chaud qui caressait son cou, elle lui manquait.