Chapitre 8 – À fleur de souffle

2 minutes de lecture

Je suis resté des heures dans le noir.

Allongé. Immobile.

Comme si bouger allait réveiller quelque chose que je n’étais pas prêt à affronter.

Je sentais encore la vibration du message que j’avais envoyé.

Et celle de sa réponse.

« Viens. Je t’attends. »

Pourquoi je n’y suis pas allé ?

Pourquoi ce vertige, ce poids, cette honte sans nom ?

J’avais envie. Oui.

Envie de lui parler.

De le regarder sans détourner les yeux.

De poser la tête contre quelqu’un. Contre lui, peut-être.

Mais j’avais aussi peur.

Peur que tout bascule.

Peur que ma foi s’effondre, que mon père me renie, que ma mère pleure, que les autres chuchotent.

J’ai prié sans mots.

Juste en pensées.

Juste en larmes silencieuses.

Est-ce qu’on peut aimer Dieu et trembler autant d’aimer un homme ?

Je me suis levé d’un coup.

J’ai enfilé un sweat, pris mes clés, et je suis sorti.

Il était tard. Peut-être minuit.

Kinshasa était mouillée d’une pluie fine, presque tiède.

Je n’ai pas pris la moto.

J’ai marché.

J’avais besoin que chaque pas me ramène à moi.

Arrivé devant l’hôpital, j’ai hésité à entrer.

Mais mes jambes ont décidé à ma place.

Je suis monté jusqu’à l’étage des gardes.

Je connaissais le chemin. Trop bien.

Quand je suis arrivé devant la porte de son bureau, je me suis arrêté.

Mon cœur cognait si fort que j’avais l’impression que les murs l’entendaient.

Puis j’ai frappé. Deux fois. Doucement.

— Entre, a-t-il dit.

Sa voix.

Toujours la même.

Toujours calme.

Il était là, en blouse, penché sur des papiers.

Mais quand il m’a vu, il s’est figé. Puis il a souri.

Un sourire sans jugement. Sans questions. Juste… là.

Je suis resté dans l’encadrement de la porte.

Il n’a rien dit. Il a juste attendu.

Et j’ai fini par entrer.

Je n’ai pas parlé tout de suite.

Je ne savais pas comment.

Je ne savais même pas pourquoi j’étais là. Seulement que je ne pouvais pas ne pas être là.

— J’ai peur, ai-je murmuré.

Il a posé son stylo.

Et dans un geste presque imperceptible, il a fait un pas vers moi.

— Moi aussi, Jonathan.

Le silence est revenu. Mais il n’était plus menaçant.

Il était plein. Chargé. Habité.

Nos regards se sont accrochés.

Et tout ce que je n’avais jamais osé dire, tout ce que je m’étais interdit de sentir… c’était là, entre nous.

Pas encore un geste.

Pas encore un aveu.

Mais une présence. Brûlante.

Et ça suffisait à faire trembler l’univers entier.

Note de l’auteur – La Voix Qui Écrit

Il y a des silences qui frôlent la peau comme une caresse qu’on n’ose pas nommer.

Des regards qui en disent trop pour qu’on puisse faire semblant.

Ce chapitre est un battement de cœur retenu, un souffle suspendu entre deux vérités.

Celle qu’on tait. Et celle qui brûle.

Merci de lire avec cette tendresse dans les yeux.

La Voix Qui Écrit

Annotations

Vous aimez lire La Voix Qui Écrit ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0