Chapitre 10 – Laisser entrer la lumière

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Il n’a pas bougé quand je me suis approché.

Je crois que j’avais encore les mains tremblantes. Le cœur pris dans quelque chose de trop grand. Trop vrai.

Je me suis assis sur la chaise en face de lui, sans le regarder tout de suite. Je sentais son regard posé sur moi. Doux. Patient. Comme s’il me donnait le temps d’arriver, même en étant là.

— Tu es venu, a-t-il dit, comme une évidence, sans surprise.

J’ai hoché la tête.

— Je ne savais pas si j’en aurais le courage.

— Tu l’as eu.

Silence.

Un silence qui ne jugeait pas. Qui accueillait.

— J’ai cru que j’allais exploser, ai-je murmuré.

— Moi aussi.

Il s’est levé, a contourné le bureau. Lentement.

Il s’est arrêté à quelques pas de moi.

— Tu veux rester un peu ? a-t-il demandé.

J’ai levé les yeux vers lui. Et j’ai dit oui, sans voix.

Il a pris une couverture posée sur une chaise. A baissé la lumière. A tiré les rideaux. Puis il a posé une main sur mon épaule, un geste simple, mais qui m’a traversé tout entier.

— Viens.

Je l’ai suivi jusqu’au petit canapé du fond. Il s’est assis, et j’ai pris place à côté de lui. Nos genoux se sont effleurés. Il a mis la couverture sur nos jambes. Puis il a penché la tête vers moi, et m’a demandé :

— Je peux ?

Je n’ai pas répondu. J’ai juste fermé les yeux. Et j’ai senti sa main glisser lentement contre la mienne.

Un frisson m’a traversé le corps à ce simple contact. Tout était si neuf, si intime, que c’était presque irréel. Je n’avais pas l’impression de respirer. Juste de m’abandonner à ce moment, comme si tout l’univers s’était figé autour de nous.

Il a doucement effleuré ma joue, sa main douce contre ma peau, puis est venu frôler mes lèvres. Mon cœur battait à en étouffer. Chaque geste semblait un souffle, une caresse, un appel à quelque chose de plus grand, d’indéfini. Il a approché son visage du mien, et nos regards se sont rencontrés, et c’était tout. C’était tout ce dont nous avions besoin.

Il a murmuré, tout bas :

— Tu sais, je n’ai jamais su comment c’était, d’être là, avec quelqu’un qui… qui compte vraiment.

Avant que je puisse répondre, il m’a attiré doucement vers lui, ses lèvres rencontrant les miennes. Ce baiser était lent, mesuré, comme s’il attendait que je sois prêt. Mais je n’avais pas besoin d’être prêt. Je n’avais jamais été aussi prêt.

Ses mains ont glissé dans mes cheveux, doucement, comme s’il voulait m’emporter dans un monde où seules nos respirations comptaient. Je l’ai laissé faire, chaque mouvement me plongeant un peu plus dans l’inconnu. Il m’a allongé sur le canapé, et son corps s’est pressé contre le mien. Rien d’agressif, juste une présence qui me rassurait, me portait.

Sa peau contre la mienne. Le contact était chaud, lourd de désir, mais aussi d’une tendresse infinie, d’une peur partagée, et d’une confiance fragile mais totale. Nos corps se sont trouvés dans un équilibre délicat, entre désir et hésitation, entre ce que nous savions et ce que nous devions encore découvrir.

Il s’est détaché un instant, comme s’il avait besoin de s’assurer que je ne voulais pas fuir. Mais je ne l’ai pas laissé partir. Je l’ai attiré vers moi, et nos baisers sont devenus plus pressants, plus réclamants, comme si chaque instant de retenue brûlait l’un de nous. Les doigts effleurant ma peau, cherchant la douceur de mon souffle, il est venu frôler la ligne invisible entre la peur et l’envie, là où tout se confondait.

Et dans ce silence, dans cette lumière tamisée, nous avons laissé nos corps parler. Chaque caresse, chaque geste, était un pas de plus dans l’inconnu. Mais ça n’avait pas d’importance. Nous étions là, ensemble, comme si l’univers avait décidé de tout suspendre pour nous permettre de simplement être.

Les minutes sont passées, mais l’éternité s’est installée dans chaque souffle, chaque étreinte. L’intensité de ce que nous partagions allait bien au-delà de l’acte. C’était une communion. Une reconnaissance silencieuse d’une vérité qu’on n’avait pas le courage de dire avant. Mais là, tout était clair. Tout était simple.

Quand nos corps se sont enfin séparés, tout est devenu calme. Le silence s’est installé, mais un silence différent, doux, apaisé. Et dans la chaleur de cette nuit, je me suis laissé aller à croire, à penser que, peut-être, nous étions enfin prêts. Prêts à laisser entrer la lumière.

Note de l’auteur – La Voix Qui Écrit

L’amour, parfois, prend la forme d’une étincelle discrète. D’une lumière douce qui ne crie pas, mais qui éclaire tout. Ce n’est pas dans l’impétuosité du geste qu’il se révèle, mais dans la tendresse de l’instant, dans le silence qui le précède et qui le suit. Là où l’âme rencontre l’autre, simplement.

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