Chapitre 11 – L’écho du secret

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Le soleil n’était pas encore levé.

Dans la pénombre de la chambre, seule sa respiration rompait le silence. Calme. Rythmée. Comme une mélodie que j’aurais voulu retenir. Il dormait encore, paisible, le front relâché, une main posée sur le drap, tout près de la mienne. À cette distance-là, tout semblait possible.

Et pourtant…

Je ne dormais pas.

J’étais là, les yeux ouverts, le cœur au bord du vide, à l’observer comme on regarde un paysage qu’on sait devoir quitter. Mon corps vibrait encore des traces de la nuit. De ses lèvres. De sa peau. De cette tendresse entre les mots. Tout cela était là, en moi. Mais déjà menacé.

Dans ma tête, une autre scène se jouait. Une scène plus ancienne. Plus rigide.

Des bancs d’église. Des psaumes récités par cœur. Le regard de ma mère, si doux, si fier. Celui du pasteur, tranchant, sévère. Et cette voix intérieure, la mienne, façonnée par les années, qui me répétait : Ce n’est pas toi. Tu n’as pas le droit.

Je me suis assis au bord du lit.

J’ai laissé mes pieds toucher le sol froid. C’était peut-être ça, revenir à la réalité : sentir sous soi quelque chose de dur, d’immobile. Quelque chose qui ne ment pas.

J’ai ramassé mes vêtements. Un à un. Comme un voleur de son propre bonheur.

Puis j’ai entendu sa voix.

— Tu pars ?

Il venait d’ouvrir les yeux. Ses cheveux en bataille, sa voix encore tremblante de sommeil. Il n’avait pas peur. Pas de moi, pas de ce que nous étions. Il attendait simplement une vérité. La mienne.

— Je dois réfléchir, ai-je murmuré.

C’était tout ce que j’avais. Une phrase un peu lâche. Mais sincère.

Il a hoché la tête. Avec une douceur désarmante.

— Je t’attends.

Trois mots. Sans murs. Sans menottes. Juste… une ouverture. Une promesse. Un espoir à peine soufflé.

Je n’ai pas répondu. Mes yeux l’ont fait à ma place, je crois. Puis j’ai franchi la porte, avec dans le ventre une brûlure douce, et sur la peau un vertige qui ressemblait à de l’amour.

Dans le couloir, tout était calme. Trop calme. Mais chaque recoin semblait m’observer. Chaque pas que je faisais résonnait comme une trahison. Comme si le monde allait me dénoncer.

Je suis sorti sans parapluie, malgré la pluie fine.

Elle tombait doucement, presque tendrement. Je me suis dit que c’était peut-être ça, le pardon. Pas un cri. Pas un tonnerre. Juste une pluie silencieuse, sur un cœur fatigué.

Je marchais seul, et chaque pas me demandait :

Et maintenant ?

Ai-je le droit d’aimer ?

Et si aimer…

me coûtait tout le reste ?

Note de l’auteur – La Voix Qui Écrit

Ce chapitre est né dans le sillage d’une nuit fragile, entre deux vérités : celle du cœur et celle qu’on nous apprend à porter, parfois contre nous. Jonathan se réveille dans un entre-deux, suspendu entre la tendresse et la peur. Entre l’amour et ce monde qui ne sait pas toujours voir.

Merci à celles et ceux qui lisent ces silences, et qui sentent, entre les lignes, ce combat si intime. Ce roman continue son chemin. Il grandit grâce à vous.

La Voix Qui Écrit

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