Deux petits seins

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Que peuvent raconter deux petits seins ?

Une fois qu’on les a, là, sous les yeux ?

On l’a déshabillée, elle s’est laissée faire. On l’a manipulée, placé une main sur son ventre, l’autre dans ses cheveux, sur sa nuque, incliné sa tête, penché le regard.

On a créé un cadre photo autour de la lumière de ses deux petits seins.

Elle nous contemple, l’air de demander :

– Et maintenant ?

Eh bien…

Les exposer, les fixer sur la pellicule pour toujours, c’est déjà une victoire.

Impossible de les cacher, le tissu n’a plus aucun pouvoir maintenant. Au mieux, il pourra suggérer, s’il advint qu’il existât toutefois un vêtement capable de relever, comme le ferait deux mains amoureuses, la forme unique de ces deux seins.

On les regarde, un par un, tout occupé qu’on est à fixer notre envie sur la pointe qui jaillit en avant. On imagine le poids de chaque fruit, que l’on veut léger, presque nul, tant il semble se passer de nous. Lourd, lorsque, posé sur la pointe de l’index et du majeur, le sein nous rappelle sa réalité.

On les respire, on hume le parfum de l’objet, se demandant si sa forme unique lui confère des particularité physiques extraordinaires. Se pourrait-il que les effluves de la vie se transforment quand elles heurtent la chair arrondie, comme les vagues se changent en bulles en frappant la dune?

Quel parfum peut émaner de leurs pointes qui ressemblent tant à deux fleurs ouvertes, prêtes à être respirées trop fort.

On les écoute. On place une oreille sur la forme moelleuse, on se détend, et on écoute.

Ta-da, Ta-da, Ta-da, leur rythme change doucement, accélère soudain, surpris de cette proximité avec une autre chaleur. Et puis, Ta-da, la nervosité s’en va, mais il reste alerte, le petit sein, il essaie de bien faire.

On écoute son histoire, on l’encourage du bout des lèvres.

Il veut parler. Il veut raconter sa solitude, sa colère parfois, comme on le force à se cacher, mais comme il est fier pourtant! Il ne cède pas. Il raconte comment, même couvert sous les épaisseurs, il s’érige, se raidit, repousse le tissu pour crier au monde son existence.

Il parle de l’été, quand une robe légère l’autorise à respirer l’air parfumé. Comment, à chaque fois qu’elle s’entrouvre, il peut apercevoir les regards gourmands des hommes et des femmes qui le font exister.

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