Chapitre 6

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Le lendemain...

Mélissa n'a pas été longue à identifier Bouygues Telecom. Il s'avère que le numéro associé à P Sophia, sur la liste des contacts de la victime, correspond à un contrat enregistré au nom de Sophie Ducreux. La policière a reçu par e-mail les pièces ayant servi à créer le compte de celle qui se fait appeler Sophia. Les copies du justificatif de domicile, du RIB et de la carte d'identité sont posées sur son bureau.

— La fameuse Sophia n'est pas Albanaise.

— Non, Stéphane, mais est-elle prostituée ? La photo figurant sur sa carte d'identité est très floue. On a du mal à se faire une idée de son physique...

— Que diriez-vous, très chère, d'une petite visite à son domicile ? Il nous faudra traverser la ville, mais les abords du boulevard Michelet se méritent.

— Allons-y !

*

Les débuts de mois de mars, ici, s'apparentent à ce que propose un mois de mai sous d'autres latitudes. Le froid est parfois vif de bon matin mais au fur et à mesure que le jour égrène ses heures, le soleil prend possession de la ville et illumine tout. Le véhicule sort du tunnel Prado-Carénage et débouche sur le rond-point. Stéphane est au volant, bien qu'équipé de lunettes solaires, il doit rabattre son pare-soleil pour discerner les obstacles de la rue et déboucher sur le boulevard Michelet. Sur sa gauche, la Galerie marchande annonce le parvis du stade Vélodrome. Ce vaisseau, fait de béton, de toile et d'acier impressionne par son gigantisme. La veille, les Olympiens ont terrassé les Canaris nantais dans une folle ambiance. Mélissa n'en a cure, elle déteste le football. Ce qui n'est pas le cas de l'inspecteur Maurin, né à Marseille, qui vit au plus profond de lui chaque victoire ou défaite. Quand il parle de son club de cœur avec exubérance et emphase, c'est que les derniers résultats ont été favorables. Les lendemains de défaites, on dirait un vieil amant aigri. Tel l'amoureux éploré trahi par sa maîtresse infidèle, il jure que c'est fini, qu'on ne l'y prendra plus. Cette douloureuse rupture dure.... Jusqu'au week-end qui suit, où le cœur battant, il espère un sursaut de l'équipe à laquelle il porte un amour inconditionnel.

Cette belle artère prend naissance au rond-point du Prado et s'achève deux kilomètres et demi plus loin, au pied de l’obélisque de Mazargues. Cinq cents mètres plus tôt, Stéphane et Mélissa bifurquent sur la contre-allée et s'engagent à peine dans une rue transversale, lorsque Stéphane gare son véhicule. L'adresse de Sophia se situe à l'angle des deux voies.

Devant l'immeuble, nos amis déchiffrent les noms affichés.

— Là, ! Ducreux, s'exclame la jeune femme en appuyant en face du nom.

N'obtenant aucune réponse, elle sonne au hasard dans plusieurs logements. Un anonyme leur donne accès au bâtiment. Nos deux flics grimpent les étages un à un, observant à chaque palier les noms qui sont inscrits. Ils sont étonnés de constater que toutes les portes, loin s'en faut, ne mentionnent pas le patronyme de leurs occupants. Les voici parvenus au denier niveau, quand un claquement de porte suivi d'un bruit de cavalcade les font sursauter. Ils dévalent l’escalier à la poursuite du fuyard. Sans succès, l'inconnu(e) est déjà loin quand ils parviennent au rez-de-chaussée.

— Vous avez pu voir à quoi il ressemblait, demande Stéphane à sa collègue qui l'avait légèrement distancé ?

— Non ! Mais l'immeuble est équipé de caméras. Il est 10 h 30, nous demanderons au gérant la vidéo du jour et nous n’aurons plus qu'à nous caler sur ce créneau horaire.

— Le mec s'est barré en laissant la porte ouverte. C'est au premier étage. Remontons.

Tous deux pénètrent dans le studio. L'environnement impersonnel, suggère qu'il n'est pas habité à plein temps. Pas de tableau ou d'objet décoratif. Quelques rares vêtements dans l'unique penderie. Le frigo, dans le coin cuisine, est quasiment vide, on jurerait qu'il n'a jamais servi. Seules deux bouteilles d’Évian occupent le compartiment prévu à cet effet. La salle de bain est sans doute la pièce la plus utilisée. À proximité de la douche, sont alignés sur une étagère quelques produits d’hygiène corporelle, des savons liquides et des eaux de toilette. Un petit meuble contient des tampons, protège-slips et une dizaine de serviettes en coton soigneusement rangées. La chambre ne déroge pas à cet univers aseptisé. Dans son armoire, les draps de rechange semblent alignés au cordeau, tandis qu'une couette aux motifs géométriques recouvre un lit de belles dimensions. L'absence de téléphone fixe et de téléviseur indique que Sophie Ducreux n'était pas connectée à la fibre ou à une ligne ADSL...

— Voici le coin parfait pour y amener la clientèle quand on exerce le plus vieux métier du monde.

— Cet endroit confirme ce que nous pressentions. Nous sommes sur le lieu de travail de la dénommée Sophia.

— C'est à se demander ce que le fuyard est venu chercher ici, Mélissa.

— En-tout-cas, il s'agit d'un intime ou de la jeune femme elle-même qui s'est enfui tout à l'heure. La serrure n'a pas été crochetée. C'est sans doute une vérité de La Palisse, mais s'il n'y a pas eu effraction, c'est que la personne avait les clefs. Nous avons sans doute provoqué son départ précipité en sonnant et en grimpant l'escalier à la recherche du bon appartement.

— Oui, sans doute, confirme Maurin, un petit carnet en main. J'ai trouvé ce calepin derrière la petite banque qui fait office de table. Il n'y a pas de nom, ni de phrase inscrite, seulement des dates et des chiffres, probablement des sommes. Toutes sont précédées d'une initiale différente.

— Il s'agit sans doute d'un document comptable en relation avec l'activité de Sophia.

Par chance, les coordonnées du syndic sont affichées à l'entrée du bâtiment. Mélissa les relève et téléphone.

— Pas de problème, madame. Nous collecterons demain l’enregistrement de la vidéo du jour. Si vous me confirmez que les images qui vous intéresse se situent entre 10 h 15 et 10 h 45, je peux fragmenter la vidéo et vous envoyer le fichier à l'adresse mél que vous me désignerez.

*



Hélas, le lendemain, les images reçues montrent une silhouette revêtue d'une cagoule et au visage camouflé par une écharpe, dévaler l'escalier. L'allure générale du personnage filmé et sa manière de se mouvoir indiquent néanmoins qu'il s'agit d'un homme.

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