88.3

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Il fait nuit noire à présent et une pluie battante fouette les carreaux des fenêtres. Alors que l’androïde esquintée doit être assignée d’office à servir des boissons jusqu’à ce que son réparateur trouve quel plomb a pété, la fée-en-vrac repasse de l’autre côté de la porte blindée. Comment la mariée buggée va-t-elle gérer seule l'afflux de clients incessant ? Pas. Une farandole de hiérodules colorées sortent en courant de l’arrière-boutique et volent à son secours.

Ça y est, Tash s’est redressée, à l’affût.

Les serveuses sulfureuses font le tour des tables pour s’assurer qu’aucun verre n’est vide. Mon acolyte choisit pourtant d’en laisser passer une, puis deux, sans chercher à engager la conversation.

— Tu as une cible en vue ou j’en interroge une au hasard ?

— T’inquiète, Manu. Je gère.

Elle a repéré quelqu’un derrière moi. Pendant que je me retiens de me retourner pour voir qui, Tasha vide son verre d’une traite.

— Oh. Tu vises la lune, ce soir ! la taquine son jumeau.

— Ne me sous-estime pas.

Une ombre bleue traverse mon champ de vision.

— Je vous ressers à boire ? demande l’hôtesse : un bonbon gélifié faite femme.

— Vous en avez pas marre de courir partout ? Prenez un verre avec nous, on vous l’offre.

Acheter une prostituée avec un échantillon d’alcool de sa propre maison ! Tasha est plus fourbe que je l’imaginais.

— D’accord.

Sans me laisser le temps d’intégrer cette acceptation aussi expresse qu’inattendue, la friandise en jupons s’installe à notre table. Tasha la cuisine comme elle sait si bien le faire, à grand renfort de sympathie, de préoccupation et d’œillades dignes des plus habiles femmes-fatales de fictions d’espionnage.

En tout cas, le taiyaki sucré mord à l’hameçon. La hiérodule nous parle avec entrain de sa vie au Temple, de son voyage depuis les terres du Nord. Pour des raisons qui me restent inconnues, il s’avère qu’elle apprécie sincèrement son métier. Je-m’en-foutisme ou immaturité ? Je penche pour l’option numéro deux dès qu’elle évoque l’expectative de se faire de nouveaux amis parmi ses collègues. Face à une telle simplicité d’esprit, mieux vaut y aller franchement.

— Est-ce que tu connais cette fille ?

À la vue de Roxane, son visage s’illumine.

— Bien sûr !

— Sérieusement ?

Les larmes me montent aux yeux et je suis sur le point de laisser échapper ce long soupir de soulagement que je n’espérais plus pousser.

— Oui, c’est Roxiglam ! J’suis fan de ses tutos !

L’espoir retombe comme un soufflet. Il tenait à moins de dix mots et me semble perdu à jamais. Est-ce que ce sera la première chose de ma vie que je n’arrive pas à retrouver ? Quel genre de détective cela fait de moi ? Ma propre sœur…

De nouvelles larmes, plus amères, me piquent au coin des yeux.

— Vous la connaissez ? demande la hiérodule avec une pointe d’admiration.

— C’est sa sœur, explique Tasha.

Moi, je ne peux plus parler. Ma gorge est nouée, comme l’un de ces enroulements de corde qu’on avait appris à couler en dotant nos cabanes de monte-charge.

Merde. Si j’avais su que tu disparaîtrais dans la nature sans laisser la moindre trace, Roxane, je t’aurais traînée par la peau des fesses pour jouer avec nous, grimper dans les arbres et apprendre la guerre avec des calibres en bâtons. Je t’aurais laissé me défigurer avec de fausses écailles, des paillettes qui démangent, des tatouages au henné ou tout ce que tu voudrais. Je t’aurais lu mon livre préféré à voix haute, pour ne pas avoir à te forcer.

Je sais que Papa ne reviendra pas. Je sais que je mettrai la main sur le coupable, tôt ou tard, même si je dois remuer ciel et terre. Mais ma sœur… Est-ce que ça s’arrête là ? Avec le dernier bar de la dernière maison ?

— Donne-moi ton prix.

La hiérodule ravale son audace et fixe Tasha d’un air espiègle. Je ne suis plus en état de décrypter leur petit jeu. Pendant que j’essaye de diluer mon chagrin dans une gorgée d’un vin que je mépriserai toute ma vie, ma collègue referme le livre posé sur le bord de la table et le tend à cette fille en chair et en sucre.

— C’est mon roman préféré, insiste Tasha en le lui offrant.

— D’accord. Ça m’convient comme paiement.

Incroyable mais vrai : la hiérodule de luxe range sa chaise et invite mon amie à l’accompagner, de l’autre côté de la porte blindée. William et moi restons comme deux idiots, tout à fait déconcertés au-dessus de nos verres vides.

— Il s’est passé quoi, là ? s’assure-t-il.

— Je crois que ta sœur vient de louer une fille avec un Garo Sansley.

— Eh, Manu. Toi, tu vas bien ?

Mince, il faut croire que j’ai perdu la face.

— Ça va, merci.

— Cette fille était nouvelle, non ? Elle n’est peut-être pas au courant de tout ce qui se passe au Temple. On devrait rester encore un peu et recueillir d’autres témoignages.

Phalanges crispées, mes doigts se serrent contre mes genoux. Mes filières retracent mentalement le déroulement de la scène. Mon temps se dilate, je me la repasse au ralenti. La hiérodule au cheveux bleus reprend place à notre table autant de fois qu’il me plaît, ses mains saisissent, une fois, deux fois, dix fois, le livre mis en gage par Tasha. Le rose bonbon de ses ongles contraste avec la couverture bleu charette. Ce vernis… mais bien sûr !

Le temps reprend son cours, et moi espoir.

— Tu as raison, Will. Ce n’est peut-être que le résultat des tutoriels, mais c’est comme si Roxane elle-même avait peint les ongles de cette fille. Mon instinct ne me trompe pas… Je suis sûre que Tash saura la faire parler.

— On reprend un verre en l’attendant ?

Nous optons pour attendre Tasha, mais les heures défilent, les bouteilles s’enchaînent, l’addition nous dépasse. Il est clair que nous ne pourrons pas rester une demi-heure de plus. Minuit approche. Tasha ne nous rejoindra pas.

— Attends-moi là, dis-je à William. Je dois passer un appel.

— Tu vas appeler Luna ?

— Oui. Si elle ne me fait pas un virement tout de suite, on risque de se retrouver en garde-à-vue. Ce n’est pas le genre de blague qui ferait rire ton père, je me trompe ?

— Toujours aussi perspicace, Emmanuelle Iunger !

Abandonnant mon ami, je sors dans la ruelle pour éplucher le répertoire de mon holopad. En moins de cinq minutes d’appel, Luna accepte de financer notre dernière beuverie.

— C’était la dernière maison, n’est-ce pas ? m’interroge ma sœur. Il va me falloir quelque temps pour me renflouer. Hazel ne rechignera pas à me donner une avance, mais vos expéditions ont déjà eu raison de mes deux premiers salaires. Nous allons devoir ralentir la cadence.

— Ne t’inquiète pas, on touche au but.

Le moment est mal choisi pour envisager la question de la dette, aussi j’écourte la conversation. Comme je le craignais, Luna n’aurait pas les moyens de racheter celle de Roxane. Quand bien même Tasha me confirmerait que ma sœur vit au Temple de Vénus, de quelles ressources disposerions-nous pour l’en sortir ?

Je m’attarde dans la ruelle, l’holopad à bout de bras et le regard dans le vide. J’ai besoin de souffler ; besoin de ravaler ce mélange de tristesse et de rancœur. Bien sûr, je veux tirer Roxie du pétrin où elle s’est fourrée, mais je lui en veux aussi. Si elle n’était pas si égoïste et inconsciente, je traquerais la passeuse de datura plutôt qu’elle.

Organiser son évasion ? Et se retrouver hors-la-loi. Envoyer quelqu’un d’autre prendre sa place ? La morale nous l’interdit. Hypothéquer la villa ? En révélant au grand jour les secrets de Magnus. Lever une collecte de fonds ? Au risque d’attirer l’attention… Une silhouette enrobée de fumée sort par la porte sculptée du Temple de Vénus. Robe noire, aura de mort. Comment l’ai-je aperçue ? Un instant de réflexion aura suffi à faire ressortir mes yeux à facettes. Dans la pénombre rougeâtre, heureusement, personne ne l’aura remarqué. Je me reprends. Je la suis du regard, d’abord, puis marche sur ses pas. Quelques mètres de distance. La mystérieuse femme en noir ne paraît pas m’avoir remarquée.

À une rue de là, dissimulée sous le porche d’un petit manoir, je l’observe qui entre dans une maisonnette à l’abandon, aux fenêtres condamnées. Les pierres déchaussées de la façade la font pencher dangereusement. Je n’ai pourtant pas le droit de laisser passer cette chance. Une minute après elle, je me glisse moi aussi à l’intérieur de la ruine.

Personne en vue. Fugu – si c’est bien elle – s’est volatilisée. Sur la pointe des pieds, je rase les murs du couloir en prenant garde de ne pas faire grincer le plancher. J’esquive soigneusement cette late qui dépasse et cette autre qui luit. L’entrée d’une pièce se découpe sur ma droite. Un salon dépouillé. J’y sens sa présence sans y déceler son ombre. Curieux. C’est alors que je la distingue, plus nettement, dans l’escalier qui me fait face. Ses jupons de tulle noir disparaissent en haut des marches.

Qui sait ce que je trouverais, si je monte à mon tour. Peut-être m’a-t-elle déjà repérée. Ce serait manquer de jugeote que de l’affronter dans son propre repaire. La maison pourrait être truffée de pièges, un poison s’y répandre. Serais-je assez discrète en appelant la police ? Peut-être suffirait-il que j’envoie un message à William…

— Sors d’ici, m’ordonne une voix venue du salon.

Il y avait donc bien quelqu’un.

— Montre-toi, plutôt ! Je veux simplement discuter.

— Si tu tentes d’avertir qui que ce soit, tu mourras. Pose gentiment ton holopad et déguerpis.

— Très bien.

Je pose l’appareil au sol et le fais glisser en direction du salon.

— Maintenant, montre-toi.

Aucune réponse ne se fait entendre. J’ai beau plisser les yeux, je ne vois pas non plus qui que ce soit dans la pénombre.

— Je vais m’en aller, si c’est ce que tu veux. J’ai juste une question à te poser. Est-ce que tu sais où se procurer du datura sur cette île ?

L’empoisonneuse ne m’adresse plus qu’un silence arrogant.

Je dois savoir. Je ne m’en irai pas encore les mains vides. Hors de question de la laisser fuir ! Cette enquête se soldera ici et ce soir. Je ne vois qu’une solution, ô combien révulsante. À partir de cet instant précis, plus rien de ce que j’aime ou de ce qui me dégoûte ne compte. Là, tout de suite, c’est la meilleure chose à faire ; le seul et unique moyen de découvrir la vérité. C’est comme ça que je mets mon talent au service des autres. Zéro affect là-dedans.

Le temps s’est arrêté et mon corps transformé. En moins de deux minutes, mes mandibules ont brisé la poignée de la porte d’entrée, une épaisse carapace m’a recouvert le dos, quelque chose a poussé par-dessus mon coccyx. Évidemment. Je l’ai nié tout en le sachant. Que serait une araignée sans cette énorme filière ?

Je m’envole à pleines ailes en direction de l’escalier, répandant derrière moi ma traînée gluante. Un fil de la taille d’un câble dont quiconque prendrait les marches ne pourrait se dépêtrer. Sur le palier, un gaz compact m’explose à la figure, noyant le couloir de son odeur de noisette. Pas de chance pour ma cible, on dirait que ce n’est pas un insecticide !

Le col de mon t-shirt remonté par-dessus mes mandibules, j’ouvre la première pièce de l’étage. Vide. Le battant se déploie vers l’intérieur ; idem dans la seconde chambre, elle aussi inoccupée. Une bonne nouvelle pour moi, puisqu’il ne reste qu’une porte. Je vole le plus haut possible, un peu vacillante. J’accuse le manque de pratique, sans intention d’y remédier. Perchée en haut de la porte, je tisse une toile si compacte, si solide, qu’elle garderait mieux l’entrée que l’importe quel rideau de fer. Je ne laisse en bas qu’un passage haut de trente centimètres. Elle ne s’en tirera pas autrement qu’en rampant.

Le temps reprend, le gaz se dissipe, alors je retrouve forme humaine. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qui en vaut la peine ? Si je dois devenir un monstre pour avoir l’ascendant…

La porte s’ouvre. Derrière le tissage indestructible, je devine la mine déconcertée de l’empoisonneuse.

— On dirait que tu as survécu, lâche-t-elle.

Davantage que de la peur, sa voix trahit un soupçon d’amusement. Rien n’effraie donc cette meurtrière ?

— Je suis sensée me glisser par-dessous, n’est-ce pas ? C’est bien pensé, Darling. Je ne serai pas en position de me défendre, encore moins de t’attaquer. Sans compter que je vais devoir ôter une partie de ma robe si j’espère m’extirper. Ne reste que la fenêtre…

— Elles sont toutes condamnées.

— À l’arrière, certes. Celle de cette pièce donne sur le Temple : une vue dont j’aurai tort de me priver. Mais il y a encore trop de passage à cette heure pour que je m’en échappe sans être repérée.

J’ignore si elle cherche à flatter mon ego, auquel cas elle perd son temps.

— Vous êtes Fugu, n’est-ce pas ?

— Quelle importance ? Tu n’espères tout de même pas me traîner en justice ? Si tu essayais, tu me rendrais service… Aucune de ces familles ne tient à souiller publiquement l’image de son défunt. Peut-être qu’ils te feraient tuer, si tu brandis la vérité. Il n’y a que Gilgamesh pour me mettre hors d’état de nuire. À moins que tu te sentes l’âme meurtrière ? Loin de moi l’idée de porter des préjugés, mais tu n’en as pas l’essence. Tu as des pouvoirs que je ne comprends pas encore. Tu aurais pu m’anéantir cette nuit, mais tu ne l’as pas fait.

— Comme je l’ai déjà dit, j’ai des questions à vous poser.

— Des questions ? Oh, il n’y avait personne dans le salon. Il n’y a pas de micros ou de mouchards dans cette maison alors, si tu as parlé en bas, c’était au vent, à personne d’autre. Faisons comme cela, si tu veux bien : pose-moi tes questions, puis disparais. Je ne te manquerais pas une deuxième fois si tu t’impliques davantage.

Quelle confiance accorder à une créature de la nuit qui me tient par la menace ? Je m’adosse au mur voisin sans lâcher la toile des yeux.

— Êtes-vous liée à Fate ?

— Nous sommes deux entités distinctes, mais je les laisse volontiers s’attribuer mes mérites.

— J’imagine. Quel alibi ! Et connaissez-vous un endroit dans l’archipel où l’on peut se procurer du datura ?

— Ce n’est pas une plante commune, je ne connais aucune enseigne qui en propose. J’en ai déjà cultivé à des fins personnelles. Il m’est aussi arrivé d’en vendre sur le marché noir, mais la demande était trop faible.

— Alors vous avez tué mon père.

— C’est possible. Ton père était-il un amateur de maisons de passe ?

Son dédain me donne la chair de poule. Cette femme est moins humaine encore que mon enveloppe de monstre. En la tenant pour responsable de mon deuil, cependant, je laisse la haine prendre le pas sur mon jugement. Aussi cruelle soit-elle, l’empoisonneuse ne se serait pas donné la peine de venir jusqu’à notre île assassiner quelqu’un d’autre qu’un client. Son mode opératoire paraît trop bien huilé et systématique pour qu’elle ait commis pareil écart.

— Comment accède-t-on au marché noir ?

— Oh, rien de plus simple, Darling. Il suffit d’avoir un bon médecin.

— Vous êtes en train de me dire que n’importe qui aurait pu acheter votre poison et s’en servir contre ma famille ?

— C’est bien cela, j’en suis navrée.

— Non, vous n’avez pas l’air navrée.

— Je le suis. Mon cœur s’est fermé il y a longtemps et j’ai perdu l’habitude de me répandre en émotions, voilà tout. J’imagine que ton père était un homme honnête…

— Pas vraiment.

— Qu’il avait ses raisons.

— En partie.

— Qu’il a dû être contraint de protéger sa famille. Je sens ton amertume. Sache que les pires actes ne sont pas toujours mus par de mauvaises intentions. Si je me salis les mains, c’est parce que je crois qu’il en résultera davantage de bien. On peut se méprendre. Sans doute n’aurais-je pas dû vendre mes poisons, mais j’étais dans le besoin et, avec ou sans mon concours, ceux qui ont tué ton père seraient parvenus à leurs fins. Mes plantes sont peu de choses comparées à l’attirail d’armes biologiques dont chacune des ordures que je descends disposerait en signant un vulgaire chèque.

— J’espère que ça pèsera longtemps sur votre conscience. C’est tout, je n’ai plus de questions.

Je laisse derrière moi la criminelle après laquelle je cours depuis des semaines, vole jusqu’en bas des escaliers, récupère mon holopad. C’est là qu’une idée me frappe. Je reviens au plus vite vers la porte entravée par la toile. Fugu n’a pas bougé.

— Vous prétendez vouloir aider tous ces prostitués en foutant le bordel sur leur lieu de travail, c’est bien ça ? demandé-je en posant mon holpad au sol. Aidez-en au moins une. Avez-vous vu cette fille ? C’est ma sœur, elle a disparu.

Son visage se dévoile par-dessous les fils blancs : aussi blême et inexpressif que celui d’un ange de vitrail. À la vue de Roxane, elle entrouvre la bouche et presse contre sa lèvre une langue coupable.

— Voilà qui explique bien des choses. Elle s’appelle Roxane, n’est-ce pas ? Ta sœur est retenue par un contrat au Temple de Vénus. Pas plus tard qu’aujourd’hui, elle a causé la mort d’un militaire haut-gradé de la Pacification. Quel avenir aura-t-elle, dehors, selon toi ? Souhaites-tu, elle aussi, la dénoncer à la police ? Ou accepteras-tu que je la couvre ? Je peux tout arranger, avec un peu de temps.

— Je ne te fais pas confiance.

Avant qu’elle diffuse un peu plus de poison dans mes idées, je lui fausse compagnie, quittant la vieille maison. Chacun des mystères que je suis parvenue à résoudre ne m’a laissé sur les bras que des vérités plus amères que l’ignorance. Dire que j’ai payé le prix fort, que j’ai endossé les gènes de la plus abjecte des créatures, pour si peu de résultat ! Mon cœur me serre la poitrine.

Que faire à présent ? Laisser Tasha profiter de sa nuit, régler l’addition et réfléchir à la façon la plus efficace de lever des fonds.

Quand je regagne le bar du Temple de Vénus, plus d’une heure s’est écoulée. William est introuvable et, lorsque j’interroge aimablement une hiérodule, celle-ci me fait aimablement savoir que mon ami a soldé notre ardoise. J’imagine sans peine qui a vraiment payé. Il faudra que je leur présente mes excuses, à Alice et lui, en attendant de les rembourser. Après tout, la somme que Luna m’a virée peut encore servir à délivrer Roxane. J’ai beau lutter pour les chasser de ma tête, les paroles de Fugu me reviennent inlassablement en mémoire. Si Roxie a bel et bien tué quelqu’un… Peut-être que la prison vaut mieux que cet endroit.

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