Prologue
Un soir d'août 1988, alors que la pleine lune règne sur la nuit noire, un homme s’approche d’une ruine médiévale, au sein de laquelle il ouvre un passage secret. Après avoir descendu de nombreuses marches en pierre esquintées par le temps, il accède à une pièce plongée dans l’obscurité la plus totale. Étrangement, il ne semble pas avoir besoin de lumière pour se déplacer, tel un chat qui se joue de cet environnement sombre : il avance vers son but. Il est impossible de distinguer son visage, seuls ses yeux sont nettement identifiables : ils sont d’un rouge flamboyant, comme ceux d’un démon.
Face à lui, sur un sol fait de gravats et de vieux pavés, gît un vieux chapeau haut de forme, posé sur un amas de terre surélevée. D’aucuns pourraient penser que quelqu’un a perdu cette coiffe il y a de nombreuses années, ou qu’il s’agit du butin d’un vagabond qui aurait élu domicile ici. Seul un sinistre colocataire pourrait aimer vivre en compagnie des araignées et autres rongeurs qui rôdent, appréciant pour l’occasion le parfum de moisi et de renfermé qui domine l’air.
Il ramasse l’objet, et le place sur la petite bute de terre, puis sort un pot en verre, retenant une poudre ocre. Il verse le contenu de ce bocal tout autour de ce qui semble finalement ressembler à une tombe sauvage, tout en traçant un signe mystérieux dans un cercle. Il se dirige sur sa droite pour saisir une vieille torche accrochée au mur, puis revient sur ses pas, l’allume avec un briquet, avant de la jeter par terre.
Les formes dessinées au sol s’embrasent, tandis que l’homme récite une invocation dans une langue morte, tout en gesticulant ses bras au-dessus. C’est alors qu’une ombre jaillit sous la forme d’une fumée épaisse et brunâtre, accompagnée de hurlements enragés. Le mystérieux individu tend une photo à la créature tout en lui ordonnant :
« Il doit mourir, et grâce à lui, tu pourras revivre.
— Et pourquoi accepterais-je ? Je pourrais te massacrer tout de suite et m’en aller. »
Une lumière rouge intense surgit et éclaire la pièce, provenant de son interlocuteur. Totalement effrayée, l’entité lui répond :
« Très bien mon seigneur, que dois-je faire ?
— Fais ce que tu fais le mieux, terrorise cette ville et tue, je veillerai à ce qu’il se pointe en ce lieu d’ici 4 ans. Sois patient et fais durer le plaisir en attendant sa venue. Tu n’auras plus qu’à l’attirer dans un piège et à l'éliminer, mais uniquement à cet endroit, sinon le transfert ne pourra pas se faire. Tu as compris l’affreux ?
— Oui mon seigneur, Londres va se souvenir de moi et la Tamise deviendra rouge ! »
Son maître tape du pied dans le chapeau haut de forme, le projetant derrière deux vieilles caisses en bois, adossées sur sa gauche, avant de quitter la pièce en ricanant sur un air sadique, tandis que l’ombre l’imite à son tour et fuit le château pour accomplir son dessein.
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