Chapitre 49 :
Luc fut le premier à sortir de la cellule. Les gardes l’escortèrent, faisant confiance à Aaron pour maîtriser Laurène si elle tentait quelque chose. Comme si elle devenait assez folle pour ça ! Cela devenait vexant. Son ami paraissait encore agacé de leur prise de tête, ou de Luc, Laurène ne saurait jamais vraiment. Alors qu’ils avançaient Laurène se retourna brusquement.
– Tu ne m’en veux pas, hein ?
– De quoi tu parles ? lâcha Aaron étonné.
– De tout à l’heure.
– Je ne t’en veux pas, je t’assure. C’est juste que je ne te comprends pas. Enfin… je veux dire, j’ai toujours su que tu tenais aux gens, mais lui…
– C’est contre lui, souffla-t-elle.
– Oui. Autant être honnête. Je ne le sens pas ce mec.
– Je comprends. Vraiment, genre je suis kidnappée pendant presque un an et je reviens avec un ?gars qui ne nous comprend pas et que tente de te tuer. Mais ? Luc, c’est juste un gosse manipulé. Endoctriné dès sa naissance. Mais il n’ait pas aussi dangereux que les autres. Il réfléchit plus, il saura sortir de ce carcan.
– J’espère juste que tu as raison. Je ne veux pas qu’il t’arrive encore quelque chose parce que tu as donné ta confiance à quelqu’un qui te trahira.
Laurène ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne sortit. La seule chose qu’elle put faire était de maudire ses joues de brûler. Elle comprenait l’inquiétude de son camarade. Elle appréciait même. Sauf que cela n’en valait pas la peine.
Les deux Liés reprirent leur chemin. L’adolescente ne connaissait pas trop l’endroit, tout cela était étrange. Les murs, le sol. Cela semblait comme un bâtiment normal où des dragons ne vagabondaient pas tous les jours. Laurène s’immobilisa devant l’entrée de la salle d’audience, une bouffée de panique influa en elle. Elle revoyait le premier ministre l’arrêter. Elle avait fait la fière, mais maintenant, elle le faisait beaucoup moins. Aaron glissa sa main sur son bras pour la réconforter et elle avança dans la salle.
La lourdeur de l’ambiance l’empêchait de respirer. L’air chaud ne lui procurait aucun réconfort, au contraire, cela pressait encore plus. On lui retira les menottes, et elle massa ses poignets. On la fit s’asseoir au côté d’un avocat que ses parents avaient sûrement payé. Laurène se tourna pour les voir, elle sourit en apercevant Clara au côté de Lucas. Cela la soulagea de voir qu’elle allait mieux. Le juge au côté du premier ministre débuta le procès, et reprit les faits.
– Nous n’avons pas pu parlé, chuchota l’avocat de Laurène à son oreille. C’est vraiment un honneur pour moi de défendre l’élue malgré la situation compliquée. En étudiant bien l’affaire, je pense qu’on peut réduire votre peine en vous faisant passer pour une personne manipulée qui n’avait pas conscience de ses actes.
– Je ne vais pas mentir, Monsieur. Avec tout mon respect, me faire passer pour que je ne suis pas n’est pas la solution. Je sais ce que j’ai fait, je sais que cela peut paraître bizarre, mais ils comprendront. Vraiment, je vous remercie de votre sollicitude, mais je gère cela, je vous le promets.
Laurène ne voulait plus compter sur les gens, et l’avocat semblait l’avoir bien compris. Il resta scotché à ses paroles. Laurène se montrait extrêmement confiance, mais en réalité elle bouillonnait d’angoisse, et de colère aussi. Qu’on ne la croit pas aussi facilement. Après tout ce qu’elle avait subi, comment, comment pouvaient-ils osés croire qu’elle ne souhaitait pas les aider ?
Tout le monde termina de s’installer et le juge ne perdit pas de temps. Luc fut le premier à passer. Le jeune homme se sentit soudain terrorisé : il ne connaissait personne, tout le monde le fusillait du regard. Sa place ne se trouvait pas là. Malheureusement, il ne pouvait pas prendre ses jambes à son cou. Il jeta juste un regard à Laurène qui lui adressa un hochement de tête alors qu’il s’approchait de la barre.
– Déclinez votre identité, prononça le juge qui le transperçait du regard.
– Je m’appelle Luc Laurewce, je suis née le 9 octobre 1998, j’ai vingt-deux ans et je suis un Dresseur.
– Vous vous êtes montrés plusieurs fois violent envers les gardes ainsi que votre compagne de cellule. Pourquoi ?
– Vous savez d’où je viens. Comment puis-je croire que vous n’alliez pas faire de mal alors que je suis originaire de l’autre camp ? Vous n’avez rien fait pour me mettre en confiance, et je ne vous dois rien.
– Vous avez tout de même bénéficier de nous soin. Vous pourriez être mort si nos soignants de vous avaient pas pris en charge.
– Oh mais il ne fallait pas. Je n’ai jamais demandé à vivre.
Sa phrase jeta un froid dans la salle d’audience. Luc n’avait rien à perdre à se montrer honnête : il n’avait jamais demandé à naître, il n’avait jamais demandé à être abandonné par ses parents, il n’avait demandé à être un des élus. Mais ça, il se refusait de le dire. Il n’aurait plus de liberté et ils empêcheraient ses recherches sur ses origines si jamais ils savaient.
Le président lui posa des questions sur la captivité de Laurène et les événements qui s’étaient déroulés. Il répondit précisément, vérifiant du regard s’il racontait quelque chose susceptible d’embarrasser la jeune fille.
Sous les regards dubitatifs des personnes dans la salle d’audience, il regagna sa place. Laurène fut appelée à la barre. Elle s’avança doucement et au moment où on allait lui poser les premières questions afin de s’assurer de son identité, un homme débarqua en trombe dans la salle. Il courut, contournant l’adolescente pour rejoindre le premier ministre installé près du juge. Il dut attendre quelques secondes le temps de reprendre sa respiration :
– Un dragon veut pénétrer l’enceinte de l’audience. Il s’est fait très insistant ! Dois-je ouvrir le toit ?
« Pourquoi n’as-tu pas dit directement ton nom ? Il n’aurait même pas pris la peine de demander. »
« L’effet de surprise. », assura Ignisaqua.
Laurène réprima un sourire. Cet envie de son dragon ne l’étonna pas, il en était friand. Le premier ministre ainsi que le juge ne semblait pas avoir très envie de s’embêter à accueillir un dragon au sein de la salle, cependant, lorsque l’homme annonça que le dragon avait menacé de tout brûler s’il n’avait pas l’accès le plus rapidement possible. L’adolescente jubila intérieurement alors que le juge balbutia l’ordre de faire ouvrir le toit.
Le mécanisme d’ouverture permettait aussi en même temps d’agrandir la salle afin d’accueillir un dragon, derrière la barre. La jeune fille se retrouva plus éloignée des autres, un grande vide derrière elle. Laurène sentit une bourrasque de vent la propulser violemment contre la barre alors que son dragon se posait. Tout le monde reconnaissait Ignisaqua. Tout le monde craignait les représailles qu’il appliquerait si une décision de lui plaisait pas.
Le juge et le premier ministre restèrent sans voix, bien trop impressionnés par l’hybride. Ce dernier tenta juste de ne rien détruire avec ses ailes et sa queue.
– Vous ne ferez rien à ma partenaire, déclara-t-il d’une voix grave et assourdissante. Elle a fait ce qu’elle devait faire. Et si jamais vous la condamnez pour quoi que ce soit, je n’hésiterais pas à brûler l’ensemble de vos quartiers.
La Liée dut se retenir d’exploser de rire face au visage des adules qui se décomposaient. Ils se regardèrent dans l’espoir qu’une personne ait l’audace d’adresser la parole au dragon. Pourtant, personne ne prit la parole.
– Qui sont ces gens ?
Laurène fronça les sourcils surprise et se retourna pour comprendre. Descendant d’Ignisaqua, pas un mais quatre individus masqués. L’adolescente échangea un regard avec Aaronn, tout aussi médusé qu’elle. Il y en avait donc autant ?
Soudain, la jeune fille chancela, bousculer par des Dresseurs qui brandirent des poignards, prêts à en terminer avec ces invités indésirables. Cependant, ils furent vite neutraliser par une barrière d’eau, solidement maintenu. Des Liés. Il y avait des Liés parmi eux !
– Laissez-les, ils m’ont aidé, ils n’attaqueront pas, annonça Laurène.
Peut-être était-ce faux, mais la jeune fille se rappela du cimetière. Plus jamais elle n’attaquerait un Lié. Elle devait faire preuve de fraternité, ils devaient se serrer les coudes, qu’elle les connaisse ou non. Un d’entre eux était un Lié et ça lui suffisait.
– Ayez au moins la décence de dévoiler vos visages ! exigea le premier ministre qui s’était levé.
Les quatre individus s’avancèrent. Leurs tailles n’étaient pas toutes égales mais leurs vêtements tous les mêmes. Ils s’alignèrent comme les daltons juste derrière Laurène avant qu’elle ne s’écarte et se rapproche un peu plus de son dragon.
– Nous sommes une organisation de quelques personnes visant à assurer l’égalité entière entre tous les différents rangs de notre société, annonça celui dont Laurène et Luc avaient eux l’impression d’avoir côtoyé. Nous nous sommes dit qu’intervenir lors du procès serait la meilleure façon de nous faire entendre.
– Ceux qui ont des aperçus ces individus… levez la main, je vous prie, ordonna le premier ministre, livide comme si on venait de lui annoncer une nouvelle guerre dangereuse.
L’adolescente ne fut pas surprise de voir tout son entourage le bras levé. Pas d’autres personnes n’osa se révéler, à moins qu’il n’y avait tout simplement pas d’autres personnes. Le père des jumeaux se leva afin d’annoncer qu’il faisait partie de cette organisation depuis peu. Laurène songea au propre possibilité… l’égalité lui semblait juste… pourrait-elle aussi intégré cette organisation ?
– Nous avons aidé Luc à s’enfuir de chez vos ennemis, tout comme Laurène a trouvé ce qu’elle cherchait, énuméra calmement le même inconnu. Nous savons que la prophétie doit se terminer avant de plaider les changements que nous voudrions instaurés. Nous travaillons dans le but que la prophétie se termine de la meilleure manière.
– Comment ça de la meilleure manière ? Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous.
– Vous êtes assez radicale. A titre personnel, je m’estime dans aucun des camps. Ce n’est pas pour ça que je souhaite voir les mauvaises personnes gagner. Avec les informations que nous avons obtenus, nous essayons d’orienter la prophétie vers le meilleur sentier possible pour atteindre une fin dans laquelle humain et dragons vivent. Nous vous proposons de vous aider, en échange, on veut voir nos idées être appliquées.
La discussion entre le juge et le premier ministre fut très longue. Ce dernier se munit de son portable, peut-être pour joindre le président de la république. Quand le premier ministre reprit la parole après de longues minutes, il se trouvait toujours au téléphone :
– Nous pourrons essayer de coopérer, mais nous voulons connaître vos identités.
– Un seul d’entre nous.
– Trois.
– Un.
– Deux.
– J’ai dis, un seul.
Le ton de l’inconnu se faisait catégorique malgré sa voix modifiée. Laurène en frissonna et ne pouvait qu’admirer ces personnes et leur détermination à réaliser quelque chose leur paraissant juste, même si ça signifiait être en marge de la communauté. Ils n’avaient pas peur.
– Un seul, soupira le premier ministre en reposant son téléphone.
Laurène aperçut un individu s’avancer pour se démarquer les autres. Il lui lança un regard avant de laisser tomber sa capuche dans son dos, laissant découvrir des cheveux brun coiffés dans tous les sens.
« Respire », lui rappela Ignisaqua.
La jeune fille dut s’efforcer à ouvrir la bouche pour. Le visage indéchiffrable du jeune homme venait de lui couper le souffle. Une pointe d’énervement aussi car elle sut très bien à qui ça n’allait pas plaire.
– Damien ! s’écria Aaron qui avait bondi.
Le jeune homme, furieux, s’apprêta à débouler dans direction. Cependant, malgré les protestations des jurés, Laurène s’approcha de lui. Elle plaça ses mains sur ses épaules dans un avertissement de ne pas approcher.
– Tu as tous les droits d’être en colère, lui assura la jeune fille à voix basse. Et tu auras tout le loisir de l’insulter plus tard, mais tu ne peux pas le faire ici !
Aaron aurait voulu lui répondre qu’il le savait. Sauf que son cerveau ne parvenait pas à se concentrer sur une réponse. Son ancien meilleur ami lui cachait tellement de chose ! Etait-il rentré dans cette organisation avant que tout dégénère entre eux ? L’avait-il réellement connu ? Le Lié ne savait plus, il ne lui restait qu’un pincement dans le cœur qui lui rappelait à quel point il avait fait confiance à des personnes qui l’avaient blessé le plus.
– Tu n’es pas un Lié, constata le premier ministre.
– On vous l’a dit, il n’y a pas que des Liés, annonça Damien en jetant un coup d’œil à un de ses compatriotes qui hocha la tête. Le jeune homme que vous venez d’interroger, vous devez l’aider !
– Pour quelle raison ?
– Parce qu’il est le troisième élu de la prophétie et qu’il ne vient pas des camps. Si parents sont originaires de notre camp. Il serait juste de l’aider à rechercher ses parents d’origines.
Luc dut rassembler toute son énergie afin de ne pas se lever pour attaquer le Dresseur. D’où s’octroyait-il le droit de révéler de telles informations sur lui ? Il avait demandé à Laurène de ne pas en parler et voilà qu’un parfait inconnu balançait tout ça à la figure des jurés ! Il fut soulagé de n’entendre personne renchérir dessus et Laurène qui s’avançait pour changer de sujet :
– Là n’est pas notre problème premier, assura-t-elle fermement. Les ennemis avaient un voyant.
– C’est impossible ! Tu n’es qu’une sale menteuse ! vociféra le premier ministre en bondissant de sa chaise.
S’il y avait eu quelques bruits suite à l’arrivé des personnes masquées et les révélations de Luc, rien ne pouvait battre la cacophonie qui résonnait dans la salle. Le premier ministre s’approcha de Laurène et lui broya le bras. La jeune fille resta stoïque, paniquée mais calme : Ignisaqua se trouvait juste derrière elle. Et en effet, le dragon ne pouvant pas cracher des flammes, avertit le premier ministre d’une pluie de cendre.
– Ma partenaire a déjà été assez maltraité comme ça, le prochain qui ose lui laisser une trace que je puisse voir sera carbonisé par mes flammes, gronda-t-il.
– Comment ça maltraité ?
Ignisaqua avait jeté un froid dans la salle, si bien que la réplique du premier ministre avait fait écho. Laurène sentit ses bras trembler alors qu’il la lâcha. Elle ne parvint pas à retenir ses larmes de s’échapper. Devant le gouvernement, elle se montrait faible. Encore une fois. D’une main tremblante, elle remonta la manche de son bras meurtri et tourna la tête dans un angle adéquate pour observer sa cicatrice.
Jamais elle ne pourrait oublier le regard d’horreur du premier ministre. Jamais Laurène voudrait l’oublier. Car la Liée comprit que c’était à partir de ce moment qu’elle allait pouvoir prendre en main la situation et montrer qu’elle était quelqu’un et que leur traitement avait été injuste.
– Qu’est-ce que vous croyez ? Que j’avais été dorloté ? J’ai failli mourir, bande d’abruti !
Sa voix tremblotait, pourtant Laurène fut frappée par toute la rancœur qu’elle avait pu décharger. Leur manque de confiance la rendait folle de rage. Elle n’avait jamais demandé à tenir tout leur espoir !
– Évidemment que j’ai été torturée. J’ai même failli mourir, reprit-elle froidement. Mais on s’en fiche, ça n’a pas d’importance. Le plus important, c’est que le conseil des voyants dupe les ennemis et nous dupe depuis toujours !
Le premier ministre scruta la jeune fille en se pinçant la lèvre. Il retourna à sa place.
– Ramenez-moi tous les voyants ! ordonna-t-il. Ils répondront de leurs actes, et s’ils répondent au critère de trahison, ils seront exécutés.
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