SARGA *** II ***

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PIROS - LE PONT

Tout comme la princesse, Kybop se retrouva à s'émerveiller devant le vide intergalactique. Un spectacle de lumières, immobiles ou en mouvement, de planètes mortes ou pleines de vie, des nuages gazeux ou glacés, des satellites tournants çà et là. Les couleurs étaient fixes, scintillantes, parfois changeantes... Il était facile d'y perdre toute notion de temps et d'espace. Quand elle plongea son esprit dans cet océan d'infini, c'était comme si elle sondait paisiblement son propre être, sans tracas, juste elle et l'univers. Ce vide, ces galaxies devenaient un terrain de jeux pour ses pensées, un refuge où tout semblait plus clair, plus apaisé. Mais... était-elle là où elle devait être ? Qui étaient ses parents ?

Non, nos parents...

Était-elle en train de rêver ? Ou était-elle morte, là, dans l'effondrement de la mine ?

Beaucoup de choses lui semblaient irréelles...

Elle réalisa alors qu'elle n'avait jamais eu le temps de réfléchir depuis son départ d'Eltanin. Chaque jour, une aventure différente, emportant ses pensées avant même qu'elle ne puisse les saisir. Il y avait eu trop de mouvements, trop d'événements, et à chaque étape, son esprit avait dû courir après la réalité.

Mais était-ce vraiment le moment pour toutes ces questions existentielles ? Après tout, elle n'était qu'une simple travailleuse dans une mine, sans but, et voilà qu'elle se retrouvait plongée dans une mission digne du meilleur film apocalyptique. Seulement... elle ne se sentait pas l'étoffe d'une héroïne.

Sa main glissa contre la vitre, comme enfermée dans cette vie qui n'était plus tout à fait la sienne. Elle se sentait comme un cacheton dans sa boîte en plastique, attendant d'être avalée... mais par qui ?

PIROS - APPROCHANT SARGA

Le reste du voyage se déroula sans encombre. Tout était remarquablement calme à bord du Piros. Zorth avait informé l'équipage de l'infortuné événement, et Lilas s'était complètement isolée. Elle n'avait montré le moindre signe de présence, ni lors des réunions ni au moment des repas. Il était clair pour tous qu'elle préférait rester dans l'ombre, silencieuse.

Kybop et les autres retrouvèrent Zorth dans les soutes, où il lui donna quelques consignes.

— Nous allons bientôt atterrir sur Sarga. C'est une planète glacée, alors je vous conseille de vous vêtir en conséquence, lui dit-il d'un ton calme, presque paternel.

— Tout le monde doit venir ? questionna Fyguie.

— Oui, Monsieur Flokart. Le vaisseau sera stationné près de la résidence, et des gardes veilleront à sa sécurité. Cela fera du bien à tout le monde de prendre un peu l'air. Notre hôte nous a invités à nous restaurer en sa compagnie.

SARGA - MAISON DE GLACE D’ULTYA

Sarga, un monde où la surface était balayée par des tempêtes perpétuelles et des températures extrêmes, mais la véritable magie résidait sous terre. Sous la surface s'étendait un monde vibrant de vie et de modernité. Les souterrains, loin d'être sombres et lugubres, étaient animés par une multitude de boutiques élégantes, de bars animés et de restaurants raffinés. Les murs de cristal illuminés par des lumières colorées créaient une atmosphère chaleureuse, tandis que des hologrammes publicitaires flottaient dans l'air, vantant les dernières innovations technologiques. Les habitants, vêtus de vêtements futuristes, se déplaçaient rapidement, reflet d'une vie riche et dynamique.

Saranthia, résidente de la majestueuse Maison de Glace, était un témoin privilégié de cette harmonie souterraine. Alors qu'elle déambulait dans les couloirs glacés de son palais, elle pouvait parfois entendre les échos de la vie qui s'épanouissait en dessous, une symphonie de sons délicats qui lui rappelait la beauté de ce monde caché. Le palais lui-même, sculpté dans la glace, semblait être un pont entre la froideur du monde extérieur et la chaleur de la vie souterraine, un refuge où la paix régnait en maître.

Après un atterrissage délicat, toute l'équipe se faufila à l'intérieur de cette maison de Glace, qui ne ressemblait en rien à une maison. Elle évoquait plutôt un palais abandonné, figé dans le temps. La glace scintillait à sa surface, mais paradoxalement, le froid qui y régnait n'était pas si insupportable. Heureusement, car personne n'avait vraiment saisi le sens de l'expression : se vêtir en fonction.

À l'avant du cortège se trouvait Lilas, qui avait disparu pendant plusieurs jours. Elle avançait avec assurance, ses pas résonnant sur le sol gelé, sachant exactement où poser les pieds. Son regard, déterminé et résolu, explorait chaque recoin de cet espace mystérieux, comme si elle retrouvait un monde familier.

— Lilas !

Une voix retentit subitement dans le fond d'un hall gelé.

— SARANTHIA !

Les deux femmes se sautèrent dans les bras. L'étreinte fut sincère. La femme à la robe blanche relâcha Lilas tout en laissant ses mains sur ses épaules.

— Je suis désolée... J'ai appris ce qu'il s'était passé.

Lilas lui sourit, reconnaissante.

— Tout va bien ? Tu es en sécurité ? s'inquiéta-t-elle, le regard compatissant.

Elle jeta un œil dans leur direction, s'inquiétant de savoir si elle devait rester sur ses gardes ou pas.

— Oui. Enfin, je l'espère. Je suis bien entourée.

La princesse se tourna alors vers eux, se positionnant aux côtés de l'autre femme.

— Les amis, je vous présente Saranthia. Saranthia d’Ultya. Ma cousine.

Chacun leur tour, ils abaissèrent le menton en guise de salut. Elles avaient l'air d'avoir plus ou moins le même âge. Kylburt, Zorth et Slikof confirmèrent cela par leurs propos.

— Saranthia, reconnut Zorth, les bras grands ouverts, un sourire sincère illuminant son visage.

— Zorth ! s'exclama Saranthia avec surprise.

Elle lui offrit une étreinte tout aussi familière qu'avec sa cousine, puis se tourna vers le reste du groupe, à la recherche de vieilles connaissances.

— Kylburt ! s'égosilla-t-elle, les yeux pétillants de bonheur.

— Salut Saranth ! sourit-il, comme le ferait un grand frère bienveillant.

Tous deux semblaient également très proches. Ils échangèrent un doux baiser sur la joue. Puis, penchant la tête, Kybop aperçut Slikof.

— Bonjour l'Oiseau de malheur.

Le visage de Saranthia changea quelque peu. Son sourire devint moins direct. Ses yeux se refermèrent et laissèrent deviner une certaine méfiance.

— Bonjour Saranthia. Heureux de vous revoir.

Les présentations se poursuivirent. Lilas était comme un poisson dans l'eau, cela faisait plaisir à voir. Cette Saranthia semblait être une source d'apaisement pour elle. Elle était noble, tout comme la princesse, et cela se voyait. Elle se présentait elle aussi comme une princesse, n'ayant rien à envier à Lilas. Elles avaient la même prestance, la même présence. D'ailleurs, la ressemblance était assez frappante, on pourrait les prendre pour des sœurs. La voix de Saranthia était douce et relaxante, grave mais suave à la fois. Il était certain qu'elles avaient dû grandir au palais, recevoir la même éducation royale.

Mais pourquoi Saranthia se retrouvait-elle sur cette boule de glace ?

Alors que l'Eltanienne se questionnait, Saranthia se positionna face à elle. Kybop prit alors la parole pour la saluer à son tour.

— Bonjour et merci encore pour votre invitation.

— Avec plaisir. Les amis de ma cousine sont mes amis.

Elle marqua une pause et la dévisagea tout en lui souriant. C'était très déstabilisant.

— Votre nom ?

Tellement absorbée par sa beauté, la brune hébétée en oublia les politesses.

— Je m'appelle Kybop Flokart.

— Kybop Flokart. Un nom bien exotique, dit-elle en laissant échapper un petit ricanement délicat. D'où venez-vous ?

— D'un caillou sans intérêt.

Elle sourit de la réponse quelque peu directe et impertinente de Kybop.

— Je ne connais pas cet endroit.

— Et c'est tant mieux pour vous.

— Et pourquoi ma cousine n'a d'yeux que pour une personne venant d'un caillou sans intérêt ?

Un peu prise de court, l'ancienne mineuse ne sut quoi répondre. Elle se contenta de jeter un coup d'œil à Lilas qui détourna son regard aussitôt. Saranthia l'observa, amusée.

— Ravis d'avoir fait votre connaissance, Kybop du caillou sans intérêt.

Saranthia finit par s'éloigner de l'Eltanienne pour s'adresser à tout le monde.

— Bienvenue à la Maison de Glace. Laissez-moi vous inviter à dîner. Cela fera du bien à votre troupe d'aventuriers.

En disant cela, elle porta sa main autour de la taille de sa cousine, qui fit de même. Tout le groupe les suivit en direction d'une salle très différente de la première. Plus de glace, plus de froid, c'était immense, chaleureux et rempli de tables prêtes à les accueillir. Mais il n'y avait pas le temps de tout admirer, il y avait bien trop à voir. De plus, un domestique fit teinter une clochette, signe que le repas allait commencer.

ZOLDELLO – DANS UNE TAVERNE

Dans une taverne près du palais d’Ultya, Fiora et ses sbires célébraient leur victoire sur le roi Gotbryde.

— Le roi n'étant plus un problème, il serait temps de s'occuper de la princesse, lança Fiora d'un ton calculateur.

— Mais on ne sait même pas où elle est, regretta Drike, visiblement frustré.

— Cela fait des jours qu'elle a disparu de Zoldello, insista Bogz, son frère.

Fiora engloutit d'un trait son pichet de bière de sésame, son regard perçant fixant l'horizon.

— On reste ici. Elle ne laissera pas son Royaume sans dirigeant. Elle reviendra. C'est une petite idiote, comme sa mère.

Bogz leva son verre, et Drike le suivit immédiatement, suivis de Fiora.

— À l'Idiote !

Les godets s'entrechoquèrent avec force, résonnant dans l'auberge, tandis que leurs rires sournois envahirent la pièce, glaçant l'atmosphère.

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