L'AUBERGE *** II ***

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GYSKON - DANS L'AUBERGE

Le chaos régnait à l'intérieur de l'auberge. Des chaises étaient retournées, des bagarres éclataient au comptoir, des coups résonnaient, et le son du verre qui se brisait emplissait l'air. Il était presque impossible de se frayer un chemin à travers cette mêlée. Finalement, Fyguie prit les devants, hurlant au milieu du tumulte :

— KYBOP !

Mais son cri se perdit dans le vacarme ambiant, ignoré par les clients trop absorbés par la violence. Binny, agile, évita de justesse une chaise lancée avec force. Celle-ci s'éclata contre le mur, se brisant en mille morceaux.

— FYG !

Fyguie entendit Kybop et se faufila à travers le champ de bataille, déterminé à la rejoindre.

— T'es où ?

— Là !

Il posa son regard sur le parquet crasseux et la vit, assise contre un mur, la main sur une plaie au niveau de son estomac. Fyguie se jeta à ses côtés lorsque Slikof et Binny arrivèrent à leur tour.

— Est-ce que ça va ? cria-t-il, les yeux embués par les larmes qu’il retenait.

— Ils m'ont tiré dessus avant de partir comme des lâches ! Ce sont eux !

Kybop l'attrapa par le col, la colère et la douleur s’entremêlant. Fyguie posa ses mains sur les siennes, essayant de la faire lâcher prise.

— Ok, calme-toi !

— Ils ont tué Guitry, et le roi, c'était eux ! protesta-t-elle, rouge de colère.

Slikof s'agenouilla à ses côtés pour aider Fyguie à la soulever, tandis que Binny faisait de son mieux pour les protéger des projectiles qui volaient autour d'eux.

— On évacue. Direction le palais ! ordonna-t-elle avec fermeté.

— Impossible de les laisser s’en sortir comme ça ! Ils sont certainement encore dans le coin ! hurla Kybop désespérée.

Ils l'extirpèrent de l'auberge, encore très agitée. Binny les devançait et désigna un véhicule non loin.

— Prenons cette calèche !

Fyguie et Slikof la montèrent à l’intérieur. Impossible pour Kybop de ne pas crier. La douleur était trop intense.

— Vous n’auriez jamais dû emmener la princesse dans vos pérégrinations ! reprocha furieusement Slikof.

— Elle est assez grande pour savoir ce qu'elle veut ! se défendit Kybop, la voix tremblante.

Slikof était furieux, mais Fyguie lui fit signe de se calmer. L’état de Kybop semblait jouer en sa faveur.

— Rentrons au palais ! conclut finalement Fyguie.

— Oui, rejoignons Kylburt et la princesse.

Alors qu’ils prenaient la route, Kybop sentit ses forces l’abandonner. Fyguie le remarqua et paniqua.

— Hey ! Reste avec moi !

Ses yeux se révulsèrent, puis elle sombra dans l’inconscience. Elle n’était plus là… Le monde autour d’elle disparut.


PALAIS DE ZOLDELLO - SUR LE BALCON

Saranthia était perchée à son balcon, pensive, les yeux plongés sur les villages des alentours, lorsque l’officier Kal l’interrompit.

— Votre Altesse ?

— Que me voulez-vous ?

— Il serait peut-être plus prudent que vous ne restiez pas à vue.

— À vue de qui ? De quoi ?

L’officier Kal s’approcha lentement et veilla à ne pas la brusquer. Il se positionna de manière à observer ce qui se passait en bas du balcon.

— De quelle planète venez-vous déjà ? interrogea la Reine.

— Terre II, Madame.

Saranthia sourit lorsqu’il l’appela Madame.

— Vous n’avez pas l’habitude, n’est-ce pas ?

— De quoi ?

— De ses mondanités, les Palais, les Royaumes, etc.

— Non, je dois vous avouer que je ne suis pas familier avec ces manières d’un autre temps. Sans vouloir vous offenser.

— Et pourquoi cela m’offenserait-il ?

— Disons qu’il y a toujours ici des gens qui dominent le monde avec des couronnes dans un château.

— Peu importe qu’il y ait un objet précieux sur votre tête. Votre planète a aussi ses rois et reines. Vous les appelez juste autrement.

Milo n’était pas vraiment à l’aise.

— S’il vous plaît, pouvons-nous continuer cette conversation à l’intérieur ?

Elle se tourna vers lui, amusée, adossée aux balustres, bras croisés.

— Vous êtes un officier, n’est-ce pas ?

— Oui Madame.

— Êtes-vous toujours aussi inquiet ?

— Ce n’est pas tous les jours que l’on me demande de veiller sur une Régente. Et je m’efforce de respecter cette mission. Mais quelqu’un me met des bâtons dans les roues.

— Suis-je ce quelqu’un ?

— Oui. Mais vous êtes ce quelqu’un, ainsi que la Régente en question...

— Ai-je l’air d’un oiseau tombé du nid, Officier Kal ?

Il se fendit d’un rictus.

— Non, Madame.

Satisfaite de sa réponse, Saranthia décida d’arrêter de le taquiner en entrant dans la pièce. Alors qu’elle s’assit sur le rebord de son lit, Milo prit soin de fermer la baie vitrée.

— Ils vont revenir, ne vous inquiétez pas.

Saranthia l’observa, pesant la légitimité de ses propos.

— Qu’est-ce qu’il vous fait dire ça ?

— J’ai la sensation que ce Slikof n’est pas un rigolo.

Elle rit de bon cœur.

— Non, c’est vrai. C’est un sacré numéro.

Sans même s’en rendre compte, il s’assit à ses côtés. D’abord surprise, elle s’apprêtait à le réprimander, puis se ravisa, réalisant qu’il n’avait pas les codes et que cela ne servirait à rien.

— Je n’ai jamais vu une chambre pareille.

— Cette chambre ?

— Oui. Mon appartement est plus petit.

Saranthia ne savait pas si elle devait rire ou pleurer, mais sa façon de s’adresser à elle lui fit du bien. Il semblait se moquer de son statut, et cela lui changeait les idées.

— Et cela est-il un problème ?

— Non. Il n’y a que moi. Je n’ai pas besoin d’autant d’espace. Plus il y a d’espace, plus il y a de nettoyage. Et je n’ai pas de domestique, si vous voyez ce que je veux dire, lui avoua-t-il dans un clin d’œil.

Saranthia rit délicatement, se penchant vers lui au point que leurs épaules se touchèrent. Milo en profita pour l’interroger.

— J’ai une question.

— Oui ?

— Lorsque c’est une Reine qui dirige, cela ne devrait pas devenir un Reinaume ?

— Je ne suis que Régente. Lorsque ma cousine récupérera le Trône, cela le deviendra.

Ils restèrent ainsi, assis côte à côte, discutant de tout et de rien, perdant la notion du temps. Milo s’autorisa des familiarités que la reine ne releva même pas. Rires après rires, leurs épaules finirent par se souder l’une à l’autre. Milo s’allongea en arrière, posant ses mains sur le lit pour regarder le plafond.

— C’est fou toute cette histoire. Si on m’avait dit que j’allais me retrouver là… Je ne l’aurais jamais cru.

La reine le regarda, imaginant Zorth ou Slikof dans les parages. Ils lui passeraient certainement un savon pour avoir osé être si familier, mais elle n’en avait rien à faire. Elle appréciait ce moment simple avec cet inconnu devenu son protecteur.

Quelqu’un les interrompit en tapant frénétiquement à la porte.

— Oui ? annonça-t-il sur ses gardes.

C’était Zorth qui pénétra dans la pièce.

— La princesse est revenue ! révéla-t-il encore essoufflé.

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