INDULAS *** II ***
ZOLDELLO - FORÊT
Après une longue marche, Dogast surveilla sa montre et aperçut une cabane.
— Regardez. Elle semble abandonnée, déclara-t-il.
— On devrait y jeter un coup d'œil, confirma Kybop.
En s'avançant dans sa direction, elle remarqua des traces de pas dans la boue. Elle s'agenouilla pour les examiner de plus près.
— Deux personnes... Les traces ne sont pas très grandes. Deux femmes ?
— Possible... répondit le capitaine, les mains dans les poches, haussant les épaules.
Après cette observation, ils entrèrent dans la cabane. Elle était complètement à l'abandon, comme l'avait justement supposé Dogast. Ils en firent rapidement le tour avant que le capitaine ne mette le doigt sur quelque chose. Il tenait une douille entre ses doigts. Son visage se durcit soudainement tandis qu'il se penchait en avant, scrutant le sang blanchâtre qui s'était répandu sur la balle ainsi que les quelques gouttes qui avaient perlé sur le sol.
— Une seule. Elle est passée à travers la vitre, constata-t-il.
Il mima sa trajectoire avec son index avant de poursuivre son observation.
— Il y a du sang séché dessus. Mais je ne vois aucune tache nulle part.
— Peut-être qu'elle a touché sa cible superficiellement ? s'inquiéta Fyguie.
— Peut-être... répondit Dogast, l'air toujours détaché.
Fyguie se décomposait à mesure qu'ils accumulaient les observations. Il craignait qu'il soit arrivé quelque chose à son amie. Une sonnerie retentit sur le visiocommunicateur du Capitaine. C'était Zorth qui appelait.
— Où êtes-vous ? La cérémonie est terminée, nous allons devoir partir.
Dogast les observa, attendant que l’un d’eux lui propose une réponse toute faite.
— Nous cherchons Houda Monty, s'emporta Fyguie. Elle est introuvable...
Zorth entendit le scientifique et ne répondit pas immédiatement. Il sembait réfléchir à la meilleure façon de formuler la suite.
— Écoutez, Fyguie. Je sais qu'elle est votre amie, mais... elle n'est pas un élément indispensable de la mission. Nous ne pouvons pas perdre plus de temps. Je suis désolé...
Fyguie explosa de colère.
— C'est mon amie ! Je ne partirai pas sans elle !
Il coupa l'appel en attrapant le bras de capitaine.
PALAIS D’ULTYA
Zorth venait de raccrocher, la colère au ventre. Il s'approcha du commissaire d’un pas décidé.
— Commissaire... J'ai une mission pour vous.
— Je vous écoute ?
— Allez les chercher et ramenez-les ici. Vivants, bien entendu, précisa-t-il comme si le doute était possible.
Birland sembla presque déçue par cette directive.
— Très bien. Nous partons tout de suite.
En cherchant son acolyte, elle aperçut l’officier Kal en train de discuter avec la Régente. Elle fronça les sourcils, troublée par ce rapprochement étrange entre les deux.
— Milo !
Il se retourna, visiblement surpris d'être interrompu si soudainement.
— Oui, commissaire ?
— Nous devons y aller, se contenta-t-elle de lui annoncer.
— Où ça ?
— Je t’expliquerais en chemin.
Birland salua la Régente avec respect avant de prendre son binôme par le bras.
FORET DE ZOLDELLO – CABANE ABANDONNEE
Grâce aux indications de géolocalisation fournies par Zorth, ils arrivèrent rapidement sur les lieux du dernier appelle du capitaine. À l'intérieur, personne.
— On fait quoi ? demanda Milo.
— Il n'y a rien d'intéressant ici... Ils peuvent être partis n'importe où. Mais Zorth compte sur nous. Pars vers le Nord, je prends l'Ouest.
— Et pour l'Est et le Sud ?
— Nous venons du Sud et je ne pense pas qu’on est manqué quoi que ce soit. Pour l'Est... tant pis, c'est un pari. Deux chances sur trois. On se retrouve au Piros dans une heure.
Ils se serrèrent la main avec de s'éloigner chacun dans une direction différente.
ZOLDELLO - ENDROIT INCONNU - CHAMBRE
Houda était assise sur le rebord du lit à côté de Brizbi, prête à nettoyer sa plaie. Mais celle-ci n'y mettait vraiment pas du sien, gigotant dans tous les sens. Houda décida d'attraper fermement son visage et de le tourner vers elle.
— Arrête de bouger un peu... ordonna-t-elle avec douceur.
Surprise par ce tutoiement, Brizbi ne répondit rien.
— Ça ne devrait prendre qu'une minute. Je désinfecte, je nettoie et on en parle plus.
— Pourquoi est-ce que tu fais ça ?
Le questionnement sincère de Brizbi laissa Houda perplexe.
— Je ne sais pas, murmura-t-elle en continuant de la soigner.
Brizbi laissa échapper un ricanement discret.
— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, s'agaça Houda.
— Disons que je ne m'attendais à rien, mais je suis quand même déçue...
— On ne peut pas être déçu sans avoir d'attentes...
— Alors peut-être que j'attendais une autre réponse, finit-elle par avouer.
— Que ce soit bien clair... tu es une menace à mes yeux, précisa-t-elle.
— Tant mieux...
Brizbi plongea son regard dans le sien. Houda feignit de ne pas l'avoir remarquée et se concentra sur sa blessure. Elle sentit cependant son insistance, ce qui lui fit perdre un peu ses moyens. Exaspérée, elle relâcha son visage et laissa tomber ses mains sur ses cuisses.
— Pourquoi fais-tu cela ?
— Faire quoi ? Brizbi feignit de ne pas comprendre.
— Tu... Tu me regardes.
Brizbi laissa tomber sa tête sur le côté tout en la dévorant des yeux.
— Je ne peux pas m'en empêcher. Tu m'intrigues... J'ai beau te malmener, tu continues de te soucier de moi...
— Je ne suis pas un monstre... Je me dis qu'il doit bien y avoir un être humain caché là-dessous, se défendit Houda.
Brizbi sembla perplexe, comme si elle en doutait elle-même. Pendant qu'elle réfléchissait, Houda en profita pour terminer ses soins.
— Voilà. J'en ai fini avec toi.
— Bien. Alors il est temps que nous levions l'ancre, ma belle.
— Maintenant ?
— Oui, répondit-elle sans plus de précisions.
Brizbi se leva à cet instant, et elle entendit Krane sommer quelqu'un de s'identifier sur un ton menaçant.
ZOLDELLO - LIEU INCONNU – REZ DE CHAUSSEE
— Vous êtes qui, vous ?
Manko Krane se tenait sur la défensive face à l’inconnue.
— Et vous ? Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous n'êtes pas du coin... Fiora avança, son ton menaçant.
— Vous non plus, j'ai l'impression, Krane plissa les yeux, méfiante.
Les deux femmes se tinrent en joue, prête l’une comme l’autre à jouer de leur détente à la moindre incartade.
— Que savez-vous ? s’impatienta Fiora.
— Sur quoi ?
— Sur la Princesse et la Régente ! s’emporta Fiora, sa voix tremblante de colère.
— Je m'en fous, je ne suis pas ici pour ça, ricana Krane, un sourire sarcastique sur les lèvres.
— Alors donnez-nous la fille ! ordonna Fiora.
— Quelle fille ? Krane leva un sourcil, feignant l'innocence.
— Celle que vous avez récupérée au palais !
— Jamais ! C'est la mienne !
— Pourquoi la voulez-vous ?
— Cela ne vous regarde en rien ! méprisa Krane.
Fiora serra la mâchoire, le regard perçant et déjà lasse de cet échange trop long à son gout.
— Si vous n'obtempérez pas... menaça-t-elle, la voix basse.
— Quoi, ma belle ? Tu vas faire quoi ? sourit Krane, confiante.
— Moi ? Rien... Mais lui... Fiora tourna légèrement la tête, un sourire satisfait sur les lèvres.
Krane se retourna, et elle n'eut pas le temps de voir Drike, qui se tenait juste derrière elle. Soudain, Drike tira, criblant Krane de balles sans prévenir.
— Tant pis pour elle... Drike haussa les épaules, impassible. Allons récupérer le paquet nous-mêmes.
Fiora acquiesça et fit un geste de la tête pour intimer Drike de la suivre à l’étage.
ZOLDELLO – LIEU INCONNU - CHAMBRE
Dans la chambre, Brizbi comprit l'urgence de la situation. Leurs poursuivants, qui les avaient traquées dans la forêt, semblaient les avoir retrouvées. Houda saisit sa main.
— Je pense qu'il va falloir qu'on s'échappe encore une fois... supposa Houda.
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