DIRECTION KAPU *** I ***
PIROS - SALLE PRINCIPALE
Zorth était hors de lui. Il ne comprenait pas que certains éléments de son équipage ne prennent pas conscience de l'importance de la mission Minden. De plus, ce n'était pas la première fois que Kybop se mettait en danger.
— Pourquoi prend-t-elle autant de risques alors qu'elle est un élément clé de notre réussite ? s’indigna-t-il avec agacement.
— Mais où sont-ils ? questionna Slikof.
— Ils sont partis à la recherche d'Houda, marmonna Zorth, un peu honteux.
Le conseiller faisait les cents pas, nerveusement. Il ponctuait ses phrases en remuant frénétiquement son index dans les airs.
— Alors même que Mlle Flokart n'est pas en état ! Ils sont complètement déraisonnables ! martela-t-il sans vraiment s’adresser à qui que ce soit.
— Voulez-vous que mes oiseaux les rejoignent ? proposa De Xylis pour l’apaiser.
— Nous ne savons pas où ils se trouvent. Dogast m'avait indiqué une géolocalisation vers laquelle j'ai envoyé nos bons serviteurs de l'ordre. Mais je n'ai plus de nouvelles non plus ! C'est la débâcle, Slikof !
Le maître des oiseaux de nuit et Kylburt échangèrent un regard amusé. Il était rare de les voir dans un tel état. La seule fois où cela s'était produit, c'était lorsqu'il avait abîmé son costume trois pièces vert émeraude. Un incident dont le palais se souviendrait longtemps.
— Que fait-on ? Nous sommes censés partir, intervint Binny.
— J'ai envoyé un message à M. Dogast, lui adjurant de se lier à son cockpit, sans quoi il serait renvoyé ! Le capitaine est quelqu'un de raisonnable... J'ai bon espoir qu'il revienne, tenta de se convaincre le conseiller royal.
— Mais sans Kybop et Fyguie, se préoccupa l'Adhara.
— Je fais confiance au commissaire pour me les ramener. En attendant, préparons nos affaires pour être prêts à l'instant où ils passeront le seuil de ce vaisseau.
Lilas n'était pas dans son assiette. Elle était en colère, elle qui avait demandé à Kybop de ne plus se mettre en danger. Elle était forcée de constater qu'elle n'en faisait vraiment qu'à sa tête.
ZOLDELLO - ENDROIT INCONNU
Birland avançait rapidement dans la direction qu'elle avait choisie. En s'enfonçant dans la forêt, elle découvrit une maison abandonnée. En fouillant autour d'elle, la commissaire remarqua que l'endroit était étrangement désert. Une atmosphère menaçante régnait, et elle ne savait pas si c'était son instinct de policière qui s'alertait ou simplement son esprit qui commençait à vagabonder. Après avoir inspecté les alentours, elle décida d'entrer prudemment dans la maisonnette.
Quel bazar, ici… Pourtant, j’ai l’impression que quelqu’un a récemment été présent… Remarqua-t-elle.
Son œil aiguisé se fixa sur des détails que personne d'autre ne remarquerait : un plaid, exempt de poussière, était étendu sur le canapé, suggérant qu'une personne avait séjourné ici récemment. Convaincue qu'elle pourrait croiser quelqu'un à tout moment, son corps se tendit, et elle sortit son arme de poing, l'index posé sur la gâchette, prête à tirer. En explorant les différentes pièces, ses soupçons se renforcèrent : des verres et de la nourriture jonchaient les lieux. Un bruit derrière elle capta son attention. Elle se tourna, se pressant contre le mur pour se dissimuler. En inclinant la tête vers le couloir, elle aperçut une silhouette qui s'efforçait de se déplacer discrètement, tentant d'échapper à sa vigilance.
Birland prit ses précautions, incertaine de qui se cachait ici. Elle pointa son arme vers les bruits qu’elle avait entendus et sortit de la pièce d’un pas furtif, la main fermement agrippée à la crosse de son pistolet. Soudain, une personne apparut devant elle, tout aussi armée et prête à tirer.
— Lâche cette arme ! ordonna la commissaire.
— Certainement pas ! se moqua Drike, affichant un sourire.
Ils se firent face, chacun à une extrémité du couloir, séparés uniquement par des portes menant à des pièces inconnues.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle, intriguée.
— Quelqu’un que tu n’aurais pas souhaité croiser… répondit Drike Tane.
— Eh bien, il semble que ce soit trop tard, répliqua-t-elle sans le lâcher du regard.
— Comme tu dis, sourit Drike avec désinvolture.
Un coup de feu retentit. Drike venait de lancer l'offensive sans sommation. Birland, qui se doutait un peu de ses intentions, parvint à se mettre à couvert dans l'entrebâillement d'une porte.
— Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle, la voix ferme.
— Où est Houda ? invectiva la commissaire.
— C'est qui, celle-là ? rétorqua-t-il, perplexe.
Ils échangèrent des mots, chacun derrière son abri de fortune.
— La jeune femme rousse.
— Blond vénitien ? ironisa-t-il.
— Vous êtes sérieux ?
— Soyez précise... exigea-t-il en reprenant son sérieux.
— Alors ? Vous en avez fait quoi ? s'emporta-t-elle.
— Rien du tout. Elle nous a échappé.
— Nous ?
Elle comprit qu'il n'était pas seul et se méfia d'autant plus ; d'autres malfrats pourraient rôder dans les parages.
— Pourquoi la poursuivez-vous ? poursuivit-elle, curieuse d'en connaître les raisons.
— Parce qu'elle vit au palais.
— Elle ne vit pas au palais. Vous faites fausse route, mon grand.
Drike, déconcerté, commença à réaliser qu'il aurait peut-être suivi cette fille pour rien.
— Écoutez... Je ne vous connais pas... tenta-t-il de clarifier. Je dois juste récupérer cette idiote et quitter Zoldello. Ni moi ni elle ne faisons partie de la famille royale.
— Mais alors, qui êtes-vous ? s'interrogea-t-elle, intriguée.
— Cela ne vous intéresse pas... se déroba-t-il, le ton sec.
— Ça, c'est à moi d'en décider.
Birland ne lui répondit plus, jaugeant rapidement la situation. Quelles étaient ses options ? Ils étaient tous deux armés, certes, mais l'élément le plus préoccupant était qu'il pourrait ne pas être seul. En analysant sa position, elle conclut que la meilleure chose à faire était de négocier.
— Si vous me laissez partir, j’en ferai autant. Je n’ai aucun intérêt à vous tuer ou à vous poursuivre. Je veux juste récupérer Houda et quitter votre planète.
— Zoldello n’est pas ma planète non plus. Nous avons fait un long voyage pour en arriver ici.
Un mauvais pressentiment envahit Birland.
— Pourquoi ? Que voulez-vous ? demanda-t-elle, la méfiance dans la voix.
— Ça ne vous intéresse pas…, répéta-t-il, en se référant à sa première esquive.
Un silence s’installa à nouveau entre eux.
— On peut faire un deal, proposa-t-elle après avoir évalué ses options.
— Un deal ?
— Si je vous laisse partir, la prochaine fois qu’on se croisera… Vous ferez de même pour moi.
— Pourquoi est-ce que nous nous recroiserions ? s’interrogea-t-il, suspicieux.
— Je ne sais pas… Une impression, conclut-elle.
L’homme sortit alors de sa cachette, l’arme le long du corps. Il n’avait plus l’air menaçant et se tenait face à elle, la toisant de haut en bas. Elle l’observa rapidement en retour, mais malgré sa physionomie aiguisée, la commissaire réalisa qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant. Il lui fit signe de s’en aller en remuant son arme en direction de l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. Elle s’exécuta sans jamais lui tourner le dos par crainte qu’il ne profite de la situation pour lui porter finalement un coup.
Une fois à l'extérieur de la maison, Birland se dirigea vers le nord pour rejoindre Milo.
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