DIRECTION KAPU *** II ***

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ZOLDELLO - ENDROIT INCONNU

Milo se retrouva devant une immense maison. Celle-ci n’avait pas l’air abandonnée, seulement inhabitée. Il commença à s’avancer vers le palier quand il entendit quelqu’un derrière lui.

— Milo !

Lorsqu’il se retourna, arme prête à faire feu, il se retrouva nez à nez avec Dogast.

— Bon sang, capitaine ! souffla-t-il, soulagé.

— Vous pouvez baisser votre arme, s’amusa Dogast.

L’officier Kal s’exécuta.

— Qu’est-ce que vous faites là ? questionna-t-il.

— Zorth nous a demandé de vous récupérer pour partir. Vous devez me suivre. Où sont Kybop et Fyguie ?

— Dans la maison. Ils cherchent Houda.

Il secoua la tête, exaspéré par tant d’imprudence.

— Rentrez au Piros. Dites à Zorth que je les ai retrouvés, ordonna Milo.

— Non. J’ai encore vingt-quatre minutes et quarante-cinq secondes avant de rentrer. Quarante-quatre. Quarante-trois…

— Ok ! Ok ! J’ai compris.

Pendant que le capitaine se jouait de lui, les jumeaux sortirent de la maison bredouilles. Enfin, presque.

— Alors ? s’impatienta Dogast.

— Elle n’y était pas. Mais il y a le corps de quelqu’un que nous connaissons à l’intérieur, expliqua Fyguie, le regard lourd. Surtout vous, Milo.

— Mais qu’est-ce que vous foutez ici ? coupa brusquement Kybop.

— À votre avis, Kybop ? répliqua l’officier, le visage fermé.

Il les fixa, l’air accusateur.

— Bref, quel corps ? finit-il par reprendre, curieux.

— Krane. Elle est à l’intérieur, criblée de balles, annonça Fyguie, l’air grave.

— Quoi ? Que fait-elle ici ? s’étonna Milo.

— Elle nous avait certainement suivis, supposa Kybop.

— Si vous avez raison, alors Brizbi Varane est dans le coin. Restons prudents. Partons, conclut Dogast.

— Pas sans Houda ! Si ça se trouve, cette fille l’a prise en otage ! s’insurgea Fyguie.

— Même si c’est le cas… On ne peut rien faire. Elles peuvent être n’importe où ! s’impatienta Milo. Nous devons rentrer.

Tout le monde stoppa la conversation lorsqu’un nouveau bruit s’éleva dans les fourrés.

— Milo !

— Commissaire !

Elle était à bout de souffle.

— Tout va bien ? s’inquiéta le capitaine.

— Oui, tout va bien. Mais ça a failli ne pas être le cas. Je suis tombée sur un type bizarre. Pas commode. Armé. Avec des oreilles pointues.

Lorsque Birland parla de ses oreilles, Kybop réagit immédiatement.

— Avec un tatouage dans le cou ? Trois triangles ridicules ?

— Oui, confirma-t-elle.

— C’est un des assassins du roi et de Guitry ! Où est-il ?

La commissaire tenta de la tempérer.

— Ça ne sert à rien, il n’est certainement déjà plus là. Nous devons partir. Le Piros va décoller.

Savoir que ce type allait s’en tirer comme ça mit Kybop dans un état de nerfs incontrôlable. Mais ils avaient d’autres soucis.

— Et Houda ? relança Fyguie.

— Elle est certainement vivante, rassura le capitaine en posant sa main sur l’épaule de Fyguie.

Milo expliqua à sa coéquipière que le corps de Krane se trouvait dans la maison derrière lui.

— Si Brizbi est dans le coin, nous devons filer. Cette fille est folle.

Fyguie paniqua d’autant plus. Savoir qu’Houda était peut-être sous la coupe de cette fille… Cela lui faisait froid dans le dos.

— Mais… Et Houda… chuchota-t-il, baissant les bras.

— Aucune preuve qu’elle soit blessée. Elle va certainement bien, rassura l’officier Kal.

— Nous aurons l’occasion de la chercher plus tard, Milo a raison. Zorth nous attend, appuya la commissaire.

— Slikoff mettra ses Oiseaux sur le coup, assura Milo.

Ils durent se résoudre à rejoindre le vaisseau, sans Houda. Ils entamèrent leur retour à la case départ. Fyguie lança un dernier coup d’œil aux alentours, le regard mort d’inquiétude et plein de regrets.


ZOLDELLO - VILLAGE INCONNU

Houda et Brizbi avaient réussi à échapper à leurs poursuivants, sans savoir de qui il s’agissait. Dans leur course, Brizbi avait aperçu le corps de sa patronne gisant sur le sol, baignant dans son sang. Depuis cet instant, elle était restée silencieuse, ne lâchant pas la main d’Houda une seule seconde, l’entraînant vers une destination toujours inconnue.

Monty, hésitante, désirait lui parler, mais elle ignorait quelle réaction attendre. Allait-elle lui trancher la gorge ou lui tomber dans les bras ? La première option semblait bien plus probable, vu la tension ambiante. Brizbi, en proie à ses émotions, était connue pour son impulsivité.

— Est-ce que… Est-ce que tu vas bien ? demanda timidement Houda.

Sans se retourner, Brizbi s’arrêta, pétrifiant Houda sur place.

Elle va me tuer… s’inquiéta-t-elle.

La prise de Brizbi sur sa main se resserra.

— Je te conseille de ne rien dire… Contente-toi de me suivre.

Elles avancèrent à travers le village sans échanger un mot. Houda tenait trop à sa vie pour risquer quoi que ce soit.

Au croisement d’une rue, deux hommes les suivirent du regard avec curiosité. Brizbi, qui semblait porter des œillères, traçait sa route, mais Houda remarqua qu’ils les suivaient. Une fois dans une petite ruelle étroite, les deux hommes finirent par se manifester. C’étaient clairement deux malfrats.

— Salut, mes jolies… siffla l’un d’eux.

Brizbi s’arrêta net.

— Tu parles à qui ? répondit-elle d’un ton glacial.

— À vous deux… Mais si tu me demandes de choisir, je prends la petite rousse… ricana l’autre.

Ils se mirent à rire d’un air dégoûtant. Pire que des malfrats, leur manière de les regarder était perverse. Elles comprirent vite à qui elles avaient affaire ainsi que leurs intentions.

— Blondinette, si tu veux, tu peux partir, se moqua l’un d’eux.

— On va bien s’occuper de ta copine, lança le second en ricanant.

Brizbi lâcha la main d’Houda et la plaça derrière elle, l’attrapant par les hanches.

— Ok… Je crois que vous venez de vous adresser à la mauvaise blondinette. Mais vous savez quoi ? Ça me fait plaisir… J’ai besoin de me défouler un peu, déclara-t-elle avec le sourire.

Les deux hommes s’avancèrent dans sa direction, le sourire aux lèvres, persuadés qu’ils n’en feraient qu’une bouchée. Mais Brizbi, emportée par une rage sombre et dévorante, ne se contenta pas de les mettre hors d’état de nuire ; elle se transforma en une force implacable, infligeant des blessures sans pitié. Chaque coup qu’elle porta fut empreint d’une froide détermination, comme si elle savourait chaque instant de cette violence.

Une fois le combat terminé, l’un d’eux gisait, le crâne à moitié écrasé sous une pierre trouvée dans la ruelle, son regard vide et terrorisé figé dans un dernier instant de douleur. L’autre, avec les bras brisés et les dents éclatées, tituba en direction du village, haletant et désespéré, l’angoisse se lisant sur son visage déformé. Brizbi observa son œuvre avec un sourire satisfait, une lueur de cruauté dans les yeux, sa folie nourrie par la souffrance qu’elle avait infligée.

— Tu vas où, mon grand ? demanda-t-elle avec un vilain plaisir.

Elle s’essuya le visage avec sa manche droite, pleine de sang frais qui lui avait éclaboussé le visage durant la lutte, mais Houda l’attrapa par le bras.

— Laisse-le partir… Viens… implora-t-elle, tirant doucement sur elle.

Serrant encore les dents, Brizbi se laissa pourtant porter par Houda.


PIROS

Alors même qu'ils remettaient les pieds dans le vaisseau, Zorth et Lilas les attendaient de pied ferme. Ils étaient là, côte à côte, les bras croisés, comme un père et une mère prêts à administrer la punition du siècle à leur progéniture. Fyguie, lui, fut accueilli par une Sylice bienveillante. Elle le prit dans ses bras, rassurée de le voir revenir sain et sauf. Kybop ne put s’empêcher de trouver ce rapprochement soudain bizarre.

Dogast entra dans le Piros, les mains dans les poches, sifflotant comme si de rien n’était. Il restait toujours très détaché, comme si rien ne l’atteignait. C’en était presque agaçant. Kybop arriva à son tour, s’aidant toujours de sa canne de fortune, mais d’un pas un peu plus assuré que la veille. Zorth s’approcha, tout en colère.

— Mlle Flokart ! Vous êtes... Son index se leva sous son nez. Grr...

Il ne finit pas sa phrase, craignant probablement que ses propos soient trop grossiers dans la bouche d’un Gudjanien. Au lieu de cela, il tourna les talons et repartit en direction de la salle principale. Ce fut au tour de Lilas de la retrouver. Elle se tenait devant elle, fermée comme une huître, les sourcils froncés, mordant l’intérieur de ses joues, serrant les dents et les bras toujours croisés.

— Je ne voulais pas vous inquiéter... Mais à quoi ressemble une équipe si l’on commence à abandonner l’un des nôtres à la moindre difficulté ? Et puis, Fyguie est mon frère, il est ma famille. Ce qui est important pour lui l’est pour moi aussi, se défendit-elle avec détermination.

Lilas ferma les yeux, inspirant doucement pour tenter de se calmer.

— Vous avez l’impression d’être en état de partir à l’aventure ? demanda-t-elle, sceptique.

— Non, je vous l’accorde, mais...

— Cessez avec vos "mais", l’interrompit-elle, exaspérée. Quand allez-vous grandir un peu ?

Lilas n’en démordait pas. Sa colère était palpable, une tempête prête à éclater.

— Je suis désolée, Lilas... Vraiment. Mais j’agis avec mes émotions. C’est comme ça, je ne sais pas quoi vous dire de plus.

Tout en secouant la tête, elle lui tourna le dos avec agitation et s’enfonça dans le Piros, laissant derrière elle une tension lourde et non résolue.

Kybop posa son regard sur le sol, regrettant de l'avoir rendue soucieuse, encore une fois. Avant qu'elle ne réalise ce qui se passait, une main ferme saisit son visage. Lilas était revenue sur ses pas comme un courant d'air, silencieuse mais déterminée. Ses lèvres heurtèrent les siennes dans un baiser bref mais enflammé. Lorsqu'elle se retira, ses mains restèrent suspendues sur ses joues, et Kybop la fixa, les mots bloqués dans sa gorge, pris au piège entre le désir et la surprise.

— Il y a bien d'autres choses que vous pourriez faire en suivant vos émotions, Mlle Flokart, murmura-t-elle à son oreille. Autre que de vous mettre en danger.

La princesse la relâcha finalement, retirant ses mains dans une caresse délicate. Sans ajouter un mot, elle se tourna et repartit vers le vaisseau. Kybop scruta les alentours dans un accès de panique, s'assurant que personne n'avait été témoin de cette scène. Lorsque son regard se détourna vers l'extérieur, elle surprit la Régente. Saranthia se tenait là, la fixant avec une moue et un sourcil levé. Elle s'amusait de la situation et lui fit signe qu'elle la surveillait avec ses deux doigts. Kybop lui sourit, comprenant qu'elle garderait cela pour elle.

Il était temps de décoller.

Désolée, Houda...

Direction Kapu.

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