SUB ROSA *** II ***

6 minutes de lecture

ZOLDELLO – SALLE DU TRÔNE

L'officier Kal ne savait pas trop comment la Régente allait prendre sa soudaine curiosité concernant ses défunts parents. Malheureusement, il n'avait pas vraiment le choix. L'équipage du Piros avait besoin de lui. Mais Milo était aussi un bon policier ; il savait comment crocheter une serrure. L'espace d'un instant, il pensa à effectuer cette mission en secret, puis se ravisa. Il décida d'être transparent et honnête avec la reine. Il repensa à son passage dans ce couloir et à cette porte monumentale. Trop de mystères entouraient cette pièce, et ses bas-reliefs étaient une invitation pour les curieux. Et il se trouvait que Milo en était un. Il était persuadé que, malgré sa douleur, la Régente voudrait peut-être elle aussi découvrir les secrets de sa famille en sa compagnie. Après tout, elle avait l'air de lui faire confiance, et l'Officier Kal ne voulait pas gâcher cela. Il entra dans la salle du trône, déterminé à la convaincre.

— Bonjour, Officier Kal.

— Bonjour, Régente Saranthia.

Ils se saluèrent mutuellement de manière tout à fait non-officielle.

— Mon conseiller m'a dit que vous vouliez me parler.

— En effet. Cela concerne la mission Minden.

Les pupilles de Saranthia se rétrécirent lorsqu'elle entendit Milo évoquer la mission. Elle se leva de son trône, tenant fermement le voile de sa robe entre ses doigts.

— Bien. Allons dans le Secrétoire dans ce cas.


ZOLDELLO - SECRETOIRE

Milo trottina pour lui passer devant afin de lui ouvrir la porte comme un gentleman, ce qui amusa Saranthia. Une fois à l'intérieur de cette pièce de tous les secrets, la Régente croisa les bras, le visage inquiet et impatient.

— Alors ?

— Bon... Avant que je n'aborde le sujet, sachez que c'est dans le but d'aider l'équipage du Piros, et donc votre cousine Lilas. Sachez que je...

— Parlez, Milo, n'essayez pas de me protéger comme une enfant faible et vulnérable, coupa-t-elle, agacée.

— Ok. Alors je vais la jouer direct. On doit fouiller la chambre de vos parents.

Le corps de Saranthia se figea, mais elle tenta tant bien que mal de paraître insensible.

— Très bien.

— Ha oui ? s’étonna-t-il.

Milo fut stupéfait que cela fût aussi simple. Il s'était plus ou moins préparé une argumentation pour tenter de la convaincre. Il en fut presque déçu.

— Alors on y va ? proposa-t-il d'un geste de la main.

Saranthia prit une profonde inspiration, déterminée. Elle savait que cette mission était essentielle non seulement pour l'équipage du Piros, mais aussi pour sa cousine Lilas. Malgré la douleur qui lui serrait le cœur à l'idée de fouiller l'espace de ses parents disparus, elle sentait qu'elle n’avait pas d’autre choix.

— Allons-y, finit-elle par dire, sa voix tremblante.

Milo acquiesça, reconnaissant la force qu'elle déployait pour surmonter cette épreuve. Ensemble, ils s'approchèrent de la porte de la chambre.


ZOLDELLO - CHAMBRE DU COUPLE DISPARU

Une fois devant celle-ci, Saranthia sembla faiblir. Milo lui donna la main pour l'encourager.

— Ne vous inquiétez pas. Je suis avec vous, d'accord ? Faites-moi confiance.

Saranthia inspira profondément, plongeant ses yeux dans les siens. Une fois à l'intérieur, le temps sembla s'être arrêté. La poussière recouvrait tout, tel un manteau de neige sur les Askyrs. Ils ne savaient pas vraiment par où commencer, mais prirent soin de bien refermer la porte derrière eux.

— Et maintenant ? Comment s'organise-t-on ?

— On fouille. Mais intelligemment, précisa-t-il. Il faut qu'on imagine où vos parents auraient pu cacher quelque chose.

— Attendez... Ne mettons pas tout sens dessus dessous. Mon père était quelqu'un de très intelligent. S'il a caché quelque chose ici... Alors on ne pourra pas le trouver simplement en cherchant.

— Comment alors ?

— En réfléchissant, déclara-t-elle avec le plus grand sérieux. Il m'a toujours répété des choses qui tournent en boucle dans ma tête. Il était le prince aux énigmes. Mais il y a une seule phrase qu'ils me répétaient tous les deux.

— Et c'était quoi ?

"L'oubli détient le pouvoir et le sens du secret.", répéta-t-elle comme si le souvenir de ses parents revivait à travers ses paroles.

— Qu'est-ce que cela veut dire ?

La Reine s'approcha des tapisseries de la chambre, apposant délicatement ses doigts sur l'image d'une femme nue, traçant doucement ses contours de son index.

— Léthé... chuchota-t-elle pour elle-même.

Milo la rejoignit, un peu perdu. Il posa à son tour ses yeux sur cette femme énigmatique.

— Qui est-ce ?

— Dans une mythologie terrienne ancienne, Léthé est la personnification de l'Oubli. Elle est souvent confondue avec le fleuve Léthé, un des cinq fleuves des enfers, parfois nommé « fleuve de l'Oubli », expliqua la Régente machinalement.

— Vous pensez que quelque chose se trouve derrière ?

— Non. Le mur donne sur l'extérieur. Mais un fleuve part depuis ses pieds.

L'Officier se mit immédiatement à suivre le cours d'eau qui s'évanouissait près du sol, à proximité du plancher. Pendant ce temps, Milo tapota un peu partout, espérant entendre l'écho d'un son creux.

— Quelque chose ? interrogea Saranthia.

— Oui, je vais soulever la planche. Attention à vous.

Il chercha un instant s'il existait un mécanisme permettant de la soulever sans abîmer quoi que ce soit. Finalement, il repéra un petit écart entre deux planches, juste assez pour y glisser le bout d'un doigt. Milo redressa la planche sans fournir d'effort, comme s'il ouvrait le couvercle d'une boîte. Sans même y plonger son bras, il aperçut la couverture d'un livre, visiblement très ancien. Il l'attrapa et, en le récupérant, cela créa un nuage de poussière qui lui provoqua une toux incontrôlable. Saranthia se mit à genoux à ses côtés, lui tendant la main, désireuse de récupérer l'objet.

— Tenez, dit-il entre deux quintes, lui tendant le livre.

Une fois en main, elle le regarda comme s'il s'agissait du plus grand trésor de sa vie.

— Merci, Milo... D'avoir été honnête avec moi, avoua-t-elle avec sincérité. Cela me renforce dans l'idée que je peux vous faire confiance.

— Vous pouvez.

Saranthia reprit ses esprits, recentrant son attention sur son butin. Elle l'épousseta et découvrit la couverture en même temps que Milo.

— C'est le livre de la porte !


PIROS - CABINE DE BINNY

Binny attendait avec impatience que l'Oracle soit disponible dans sa cabine. Sa mère, son frère et sa sœur étaient là, les yeux pétillants d’excitation. Elle faisait les cents pas, arpentant le mur d'un bout à l'autre, ressentant au fond d'elle une vibration particulière. Un frisson inexplicable la parcourut, suivi d'une chaleur familière qui l'envahit. Elle repensa à l'Indulas et à l'émotion qui l'avait traversée en entrant dans la flamme. C'était exactement cette sensation qui resurgissait.

Soudain, une flamme d'une lueur bleutée apparut devant eux. Dans celle-ci, ils aperçurent la salle où l'équipe était entrée sur Eredet, dans la grotte de l'Augure.

— Bonjour, Porteuse ! Ça fait plaisir de te revoir ! déclara l'Oracle avec joie.

— Bonjour, Oracle.

La famille de Binny était émerveillée par cet homme, dont la peau portait les marques des années et les secrets de la vie à travers l'espace.

— Alors, quel mystère souhaites-tu percer, mon enfant ?

— Juste deux mots : Sub Rosa.

L'Oracle leva les sourcils, intrigué.

— Oh, ça fait bien longtemps que je n'ai pas entendu ce credo !

Il s'installa confortablement, l'air pensif.

Sub Rosa, répéta-t-il avec un sourire. Ça veut dire : sous la rose. C'est un symbole de secret, de confidentialité.

— Latine, c'est ça ?

— Exact ! Un vieux dialecte terrien, félicita-t-il d'un geste de la main.

— Et de quel secret parle-t-on, au juste ?

— Comme je l'ai dit, c'est un credo. Des principes qui guident nos actions et nos pensées. Et ce credo est exclusif aux membres de la confrérie des Hématiens. Si tu as vu cette inscription, c'est que tu es sur la bonne voie.

La flamme s'éteignit brusquement, laissant Binny frustrée.

— Attendez ! J'avais d'autres questions ! s'insurgea-t-elle, déçue.

— Incroyable ! Je n’en reviens pas ! s'exclama sa sœur, ébahie.

— C'est fou de l'avoir vu en vrai, c'était donc lui, l'Oracle ? demanda Dozik, encore sous le choc.

— Je n'aurais jamais cru vivre un tel moment... souffla leur mère en s'affalant sur une chaise.

Alors que sa famille était toujours émerveillée, Binny se sentit irritée par cette fâcheuse habitude de l'Oracle de couper court aux conversations. Elle croisa les bras, boudeuse. Tamy, qui était toujours confortablement installée, retrouva peu à peu ses esprits, tout comme ses enfants, encore impressionnés par la rencontre.

— C'est déjà une belle avancée. On doit rapporter tout ça aux autres, déclara Tamy.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire A.Gimenez ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0