DURIAN *** II ***

6 minutes de lecture

PIROS – LABORATOIRE

Alors que Sylice venait de remplir l’esprit étriqué de kybop de toutes sortes d’informations, l’alarme du Piros retentit. Un son strident, presque métallique, résonna dans ses oreilles, la faisant sursauter malgré elle.

Une voix, calme mais ferme, emplit les haut-parleurs. C’était monsieur Zorth Kydine, leur meneur du dimanche. Il avait ce ton si particulier, un mélange de sérieux et d’énergie décalée par rapport à la situation.

— « Messieurs, Mesdames, nous venons d’entrer dans l’atmosphère de la planète Terre II. Atterrissage prévu dans deux minutes. »

La descente du vaisseau commença, et l'Eltanienne décida de rejoindre Guitry dans la cabine.

PIROS - CABINE DE KYBOP ET GUITRY

Lorsqu’elle arriva dans leurs quartiers, elle le trouva assis sur le bord du lit, émergeant difficilement d’un sommeil trop lourd.

— Mec, faut qu’on parle ! lança-t-elle.

Sa bouche s’ouvrit, mais aucun son n’en sortit. Seule l’alarme continua de hurler dans ses oreilles. Puis une nouvelle annonce retentit.

— « Rendez-vous sur le pont. Je vous y attends, » ordonna Zorth sur un ton enjoué.

Tant pis… Les révélations attendraient.

— On est arrivés sur Terre II ? marmonna-t-il dans un bâillement.

— Oui, Guitry… Tu penses à ce que je pense ?

Il la connaissait trop bien pour ne pas saisir le sous-entendu.

— Oui… On fait bonne figure et dès que l’occasion se présente, on…

— On s’tire.

Elle acheva sa phrase d’un sourcil haussé et d’un sourire complice aux lèvres. Ils scellèrent leur plan d’un check franc et énergique avant de partir en direction du pont, la tête pleine de rêveries.

PIROS - PONT DU VAISSEAU

Toute l’équipe était présente, attendant patiemment les instructions de leur cher Zorth Kydine. Sans aucune introduction, il annonça un prénom, celui de la personne qu’ils étaient apparemment venus chercher.

— Mesdames et messieurs, permettez-moi de vous présenter Fyguie.

Il souleva une photo au-dessus de sa tête. Toutefois, en raison de sa petite taille, ceux à l’arrière durent se pencher un peu pour la voir. Un peu agacé, il s’approcha et montra l’image à chacun d’eux, un par un.

— C’est un physicien. Il travaille pour l’ASIPY. Retrouvez-le et ramenez-le… vivant. Dois-je le préciser ?

Personne ne sembla savoir par où commencer. Comment retrouver ce type ?

— Ah, j’allais oublier ! Il est ici !

D’un geste vif du poignet, Zorth activa un dispositif lumineux. Un hologramme tridimensionnel de la ville se déploya soudainement au-dessus d’eux, flottant dans l’air comme une carte animée. Les bâtiments se dessinèrent en détails, chaque rue, chaque ruelle.

— Celui-ci, c’est le petit point rouge, là-bas. Nous avons pu le localiser grâce à son ADN, que nous avons retrouvé dans les archives de la police de Durian, expliqua Zorth en désignant du doigt le minuscule repère lumineux qui scintillait sur la carte.

Le silence s’installa un instant alors que tout le monde scrutait l’image avec attention. Kylburt, manifestement inquiet, brisa le calme :

— Ce type est fiché ?

Zorth laissa échapper un petit rire étouffé.

— Oui, nous avons de la chance. Cela fait à peine un jour qu’il est inscrit dans leurs bases. Mais rassurez-vous, il est tout à fait inoffensif, dit-il avec un sourire en coin.

— Et alors ? On part tous en troupeau à sa rencontre ? lança Guitry d’un ton enjoué, leur plan d’évasion toujours en tête.

— Non, Guitry. Je voudrais que la plupart d’entre vous restent en retrait. La princesse, ainsi que Sylice, resteront à bord, dit-il en jetant un regard tendre, auquel seule Lilas répondit. Le capitaine Dogast, Binny et moi-même resterons prêts à toute éventualité, ici même. Slikof, Kylburt, je vous demande de suivre discrètement Mme Flokart et M. Holt. Quant à vous…

Il la fixa d’un regard insistant.

— J’aimerais que vous alliez lui parler.

— Moi ? s’étonna Kybop.

— Oui, vous ! Nul autre que vous ne serez mieux placé pour cette mission.

Zorth était devenu fou. Il croyait vraiment qu’elle était assez diplomate pour convaincre quelqu’un de monter à bord de ce vaisseau maudit ? C’était une mission pour un fourbe comme Slikof, pensa-t-elle.

La porte du pont s’ouvrit vers l’extérieur, ne lui laissant pas le temps de discuter. De toute façon, peu importait. Dès que Slikof et Kylburt baisseraient leur vigilance, Guitry et elle plieraient bagage.

ZOLDELLO – BASE MILITAIRE

Les deux frères s'étaient infiltrés discrètement dans le quartier des archives militaires. Leur démarche furtive les avait menés directement vers le registre des missions. L'ordinateur était déjà allumé, offrant l'accès aux journaux de bord de la flotte.

— Ok... Piros... Voyons voir, dit Drike en tapant frénétiquement le nom du vaisseau sur le clavier.

— Rien... gronda-t-il, frustré.

— T'es sûr ? demanda Bogz.

Il lança un coup brutal dans l'épaule de Bogz, qui manqua de perdre l'équilibre.

— Je t'ai dit qu'il n'y a rien. T'en doutes ? répliqua Drike.

Les regards des deux hommes se croisèrent, prêts à s'affronter comme à leur habitude.

— Ok... marmonna Bogz, serrant les dents.

Drike appuya encore sur les touches, cherchant "Piros" sous toutes ses formes, mais le résultat était le même : aucune trace. Comme si ce vaisseau n'avait jamais existé.

— Bon, changement de méthode... dit-il en sortant une liste des capitaines en mission pour le roi. Onze noms s'affichèrent.

— Regarde ça ! s'exclama Drike.

Bogz s'approcha, perplexe, et scruta l'écran.

— Ce sont des noms ? demanda-t-il.

Drike lui asséna un autre coup dans l'épaule.

— Fournis un effort, bordel ! Chaque nom est accompagné d'un vaisseau, sauf un.

— Hooo... fit Bogz, feignant soudainement de comprendre.

— Tu connais beaucoup de capitaines qui mènent une mission sans vaisseau ? demanda Drike.

Un sourire s'épanouit sur le visage de Bogz, alors qu'il comprenait enfin.

— C'est lui qu'on cherche, alors.

— Bingo, frérot. On dirait bien que quelqu'un a une mission secrète... Allez, cherchons ce capitaine Crylon Dogast...

TERRE II – VILLE DE DURIAN

Kybop traînait des pieds. Tout ce goudron, ces buildings... Ce n'était vraiment pas son truc.

— Putain, je déteste cet endroit... dit-elle.

— C'est une blague ? Regarde-moi ça ! répondit Guitry, tournant sur lui-même, les bras écartés, les yeux pétillants de joie.

— C'est le futur ! L'avenir, Kybs ! ajouta-t-il.

— On dirait deux clodos, Guitry, rétorqua-t-elle.

Slikof et Kylburt se moquaient ouvertement de sa mauvaise humeur.

— Vous marquez un point, Mlle Flokart, taquina Slikof d'un ton prétentieux.

Elle se tourna vers lui, le regard glacial.

— C'est bon, Slikof, pas la peine d'en rajouter...

Kylburt, pour alléger l'atmosphère, donna une tape amicale dans le dos de Slikof.

— Vous avez l'air de deux ploucs sortis d'un château. Je ne me permettrais pas de trop en rajouter à votre place, lança-t-elle avec un sourire moqueur.

— Mais c'est exactement ce que nous sommes, Mlle Flokart, répliqua fièrement De Xylis.

— Des Ploucs Royaux, renchérit Kylburt, les sourcils haussés.

Cette remarque fit éclater de rire Guitry. Elle le fixa, un goût amer de trahison dans la gorge.

— T'as vraiment rigolé avec ces deux clowns ? lui lança-t-elle.

Après une marche sous un soleil de plomb, ils arrivèrent enfin devant le fameux Floggy's, où leur cible semblait être en train de se remplir la panse.

— Allez-y. Entrez tous les deux, on reste à l'affût, ordonna Slikof.

Même si elle n'appréciait pas vraiment leur compagnie, elle leur accorda une certaine confiance en tant que vigies.

DURIAN – FLOGGY’S

Elle entra dans le restaurant, scrutant l'endroit quand Guitry lui saisit le poignet.

— Là. Il est juste là, dit-il.

Un coup de menton dans sa direction désigna la cible. Et effectivement, c'était bien lui. Fyguie. C’était homme de taille moyenne, mais dont la silhouette fine lui conférait un air fragile. Ses cheveux noirs comme de l'encre étaient coupés courts sur les côtés, laissant une masse ondulée et volumineuse sur le dessus.

Ses yeux, d'un bleu éclatant, presque glacé, étaient derrière des lunettes rondes à la monture fine, qu'il ajustait sans cesse, comme un tic. Ce regard clair, doux, presque naïf, dégageait une innocence enfantine. Ses sourcils épais accentuaient l'intensité de son regard. Pourtant, rien dans ses traits ne trahissait la moindre rudesse. Son expression évoquait plutôt la gentillesse d'un chiot, docile et attentif.

C'était l'un de ces hommes qui passaient leurs journées à scruter des microscopes ou à résoudre des équations complexes. Tellement absorbé dans ses découvertes qu'il oubliait de s'occuper de lui-même. L'effort physique semblait être son dernier souci. Mais malgré son apparente négligence de son corps, il n'en restait pas moins élégant. Une grâce naturelle émanait de lui, comme si son esprit se traduisait dans sa posture et sa tenue soignée.

Fyguie était un homme d'esprit, délicat, dont la seule forme de violence qu'il semblait comprendre était celle de l'injustice intellectuelle. Il incarnait l'antithèse de la brutalité.

Mais il n'était pas seul. Trois femmes l'accompagnaient à la table.

Kybop lança un dernier regard à son ami, le regard bien décidé.

— Allez, on y va. On va lui parler à ce Fyguie

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire A.Gimenez ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0