PERTE *** II ***

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PIROS –COULOIR SUPERIEUR OUEST

Devant l’ouverture de leur cabine, les souveraines ainsi que Zorth se figèrent, avant qu’un appel de Dogast ne les ramène à une réalité bien plus urgente.

— Fiora se dirige droit vers vous. Je vous conseille de rejoindre une autre partie du vaisseau, là où le système de verrouillage fonctionne encore ! Des renforts arrivent, mais ils ne seront peut-être pas là à temps. Zorth, déguerpissez, fissa.

Sans un mot, le Gudjanien pressa tout le monde de se lever pour organiser une fuite rapide.

— Attendez, Zorth. Où va-t-on aller ? s’inquiéta Saranthia.

La jeune femme serrait fermement la main de sa cousine, si elles ne faisaient qu’une. Plus en retrait, Tyra s’était rapprochée d’Alida, suspendue aux lèvres du conseiller.

— Essayons de gagner les cuisines, elles se trouvent sur la partie Est. Il y a fort à parier que nous pourrons y trouver refuge. Nous pourrions les rallier en traversant la salle principale. Veillons à ne point nous éparpiller.

Dans la précipitation, tout le groupe se mit à courir sous le regard assombri de Fiora, tapie dans le couloir. La lueur d’un jade luminescent, qui émanait jusqu’alors de leur cabine, se figea autour de Saranthia… ou bien de Lilas. Impossible de le dire tant elles étaient proches.

— Les rejetons de la couronne… cracha-t-elle entre ses dents.

D’un geste sec, elle tira au hasard dans leur direction pour les disperser. L’effet fut immédiat : Lilas s’effondra au sol, se détachant brusquement de sa cousine. Zorth se précipita pour l’aider à se relever, puis, entraînant Alida avec eux, ils plongèrent dans la salle principale juste avant que la porte ne se referme.

Tyra et Saranthia se retrouvaient désormais seules, face à la menace aux yeux dorés qui avançait vers elles, un sourire narquois flottant sur ses lèvres.

Golt observait la lumière de jade qui scintillait autour de la régente pétrifiée.

Luminis.

Le mot, dont elle ignorait le sens exact, s’imposa à son esprit comme un éclair de clairvoyance. Il résonnait en elle comme une étrange évidence.

Tyra se positionna devant sa fille comme un bouclier avant de hurler sa rage à l’assaillante.

— Vous ne nous laissez donc jamais tranquille ?

— Pas tant que vous ne me donnerez pas ce qui m’est du.

— Rien ne vous est du Fiora ! Absolument rien !

Les deux femmes étaient coincées, Saranthia avait beau tenter d’ouvrir la porte qui donnait accès à la salle principale, rien ne fonctionnait, elles n’avaient plus d’issus. Fiora laissa échapper un rire diabolique qui ricocha sur les murs du vaisseau. Puis elle releva son canon en direction de la sœur du roi.

— Un nom de plus à rayer de la liste.

Mais avant qu’elle n’ait le temps de presser la détente, un homme la tacla sur le côté, la faisant basculer dans une pièce grande ouverte.

PIROS – SALLE DU TELEPORTEUR OUEST

Le combat faisait rage entre le prince et la fille de Waldo. Par sa stature imposante, il prit facilement l’avantage. La pièce exiguë jouait en sa faveur, l’empêchant de se dégager de lui. D’un coup violent à la mâchoire, il la fit vaciller. Fiora tituba en arrière et chuta dans le cercle du téléporteur, celui menant à l’étage inférieur. Hyldon, désarmé, n’avait d’autre choix que de l’éloigner de sa famille. Il frappa lourdement sur l’activation du système.

L’air vibra autour de Fiora, puis une sensation étrange s’empara de sa chair. Comme si sa peau était aspirée vers l’intérieur, arrachée en fines particules luminescentes. Ses veines, ses os, chaque organe semblèrent se dissoudre dans un éclat translucide, fragmenté en milliers de filaments scintillants. Comprenant qu’elle allait bientôt quitter ce lieu, elle dégaina son arme et pressa la détente.

Pendant un instant suspendu hors du temps, son enveloppe corporelle ne fut plus qu’un spectre effervescent, un amas de poussière d’énergie flottant dans l’air.

Elle n’était plus là.

Un silence de plomb s’abattit sur la pièce. Soudain, Saranthia et Tyra se précipitèrent à l’entrée, le cœur affolé. Hyldon était adossé contre la paroi, assis, une main crispée sur son flanc. La panique les submergea aussitôt. Saranthia s’agenouilla et prit son père dans ses bras, posant sa tête sur ses cuisses. Du sang recouvrait une grande partie des parois. L’impact du tir lui avait arraché une portion des viscères, laissant un trou béant dans son corps.

— Papa… sanglota Saranthia.

Elle lui caressa ses cheveux bouclés, envahie par une vague de souvenirs : eux deux, marchant ensemble dans les couloirs du palais d’Ultya, main dans la main. Des flashs incessants qu’elle avait refoulés depuis leur retour. Comme un lien revenu à la vie après des années d’enfouissement dans les méandres d’un deuil impossible.

Face à elle, Tyra prit doucement la main de son époux, dans un calme presque religieux. Elle savait.

Hyldon leur sourit tendrement, conscient qu’il vivait là ses derniers instants. Aucun mot n’aurait pu exprimer ce qu’il ressentait. Il repensa à sa conversation avec Zorth sur le pont du Piros. Toutes ces remises en question, cette place qu’il n’avait jamais trouvée. Celle qu’il avait toujours cherchée. Et pourtant, jamais avant aujourd’hui il ne s’était senti aussi entier, aussi accompli.

Partir n’était pas ce qu’il désirait. Mourir non plus. Mais il était là, entouré des deux personnes qu’il aimait le plus. L’une pleurant son chagrin, l’autre acceptant son destin. Ces deux femmes, fortes et engagées pour la cause, il venait de les sauver. Et c’était là son plus grand bonheur.

Alors qu’une froideur funeste l’envahissait, il leva une main tremblante pour la poser sur la joue de sa fille. Ses yeux laissèrent échapper des larmes silencieuses, mais son sourire ne vacilla pas.

— Prend bien soin de ta mère, ma p’tite perle…

Dans un dernier souffle, la vie le quitta.

Saranthia déchira le silence d’un cri guttural, serrant la tête de son père contre sa poitrine. Son corps basculait de haut en bas au rythme de ses sanglots. Tyra observait la scène avec une tristesse confuse. Elle qui avait passé vingt ans à tout faire pour le maintenir en vie, voilà qu’il gisait à présent, inerte, dans les bras de leur enfant.

La souveraine réalisa alors qu’elles ne pouvaient pas demeurer ici. L’amour de sa vie venait de se sacrifier pour les sauver, cela ne devait pas être vain. Elles devaient rejoindre Zorth.

D’un geste mesuré, elle attrapa le poignet de sa fille. Elle ne voulait pas l’arracher brusquement à la dépouille de son père, mais il n’y avait pas d’autre choix.

— Nous lui devons notre survie, ma chérie. Partons. Il faut rejoindre Zorth et Lilas. Nous aurons tout le temps de pleurer sa mort… plus tard.

Toujours à genoux, Saranthia leva les yeux vers sa mère et croisa son regard empli d’une détermination sans faille. La régente, tremblante, hocha timidement la tête. Ses larmes brouillaient sa vision. Dans un dernier geste, elle ôta le bracelet de perles qui ornait le poignet de son père et le serra dans sa paume.

Saranthia déposa un ultime baiser sur le front du prince avant de quitter la pièce aux côtés de sa mère.

PIROS –SALLE PRINCIPALE

Lilas regarda la porte se fermer derrière elle et paniqua. La princesse lâcha brutalement la main de Zorth pour frapper le métal, criant le nom de sa cousine. Le conseiller tenta de la raisonner, mais elle ne voulait rien entendre. Son poing s’abattait, encore et encore, contre cet obstacle infranchissable qui la séparait de la dernière famille qu’il lui restait.

Alida s’approcha de la jeune femme désespérée et l’agrippa par le bras pour la retourner.

— Lilas, nous devons partir, maintenant. Si nous n’avançons pas, ils nous rattraperont. Ils nous rattrapent toujours…

— Je… Je ne peux pas l’abandonner !

Au même moment, la porte sud de la salle principale s’ouvrit, laissant entrer une silhouette familière. Lilas s’élança instinctivement vers elle.

— Kylburt ! Pitié, Saranthia et Tyra sont de l’autre côté ! Ouvre-là, s’il te plaît !

Son ami lança un regard inquiet au conseiller, qui secoua la tête. Zorth ne savait pas ce qu’il y avait de l’autre côté, mais la porte était condamnée. Tenter de l’ouvrir leur ferait perdre un temps précieux et les mettrait tous en danger. Il fallait avancer.

— Ne t’inquiète pas, il y a du monde dans le couloir Est qui vient d’arriver. Je suis sûr qu’elles seront secourues. Nous devons rejoindre un endroit plus sûr. La salle principale est trop exposée, on est au centre du vaisseau avec trois accès. Il nous faut nous déplacer ailleurs.

— Nous nous dirigions vers les cuisines, précisa Alida.

Kylburt acquiesça d’un signe de tête. L’idée était bonne. Les cuisines se trouvaient du côté du vaisseau encore intact, où personne ne s’était infiltré. Le groupe se dirigea donc vers la porte Est, celle donnant sur le couloir qui les mènerait à leur objectif. Mais elle résistait. Le colosse de Zoldello tenta d’utiliser la manière forte, mais cela ne donna rien.

— Tout le système déconne. Ils ont trafiqué le vaisseau dans tous les sens. Rien ne fonctionne normalement.

Il essaya de faire céder la porte à la seule force de ses bras, mais elle ne bougeait pas d’un millimètre. C’est alors que la porte par laquelle il était arrivé s’ouvrit, laissant entrer le malin en personne.

— Alors là, si je m’attendais à tomber nez à nez avec l’une des cibles de la grande Fiora Golt, tonna Tiger.

L’homme ouvrit grand les bras comme s’il arrivait sur scène, suivi de près par Lozy, toute aussi ravie de faire son entrée. Kylburt analysa la situation. Bien que la jeune femme à la chevelure de feu semblât affaiblie par une blessure, il était certain que la situation était critique.

Son arme braquée dans leur direction, il ordonna à Zorth de se mettre à l’abri d’un signe de tête. Mais il n’eut pas le temps de réagir. Lozy ouvrit les hostilités en tirant directement sur Alida et Lilas. Dame Iker attrapa la princesse et la guida dans un recoin plus sûr. Le conseiller se précipita sur la porte, tentant désespérément d’appeler le capitaine pour qu’il en ouvre l’accès.

Kylburt rendit la pareille à ses assaillants. Des rafales de balles firent voler en éclats de nombreux éléments de la pièce, qui avait toujours été un lieu de calme pour l’équipage. Dans un plongeon, il se cacha derrière le canapé, mais Tiger, aussi perfide qu’un serpent vénéneux, se mit en tête de rejoindre les deux souveraines.

Le sang de Kylburt ne fit qu’un tour. Il ne pouvait pas rester là sans agir, mais c’était sans compter sur Lozy qui ne cessait de tirer dans sa direction pour l’empêcher de bouger. Elle riait. Tiger également. À l’aise face à deux femmes désarmées, il rangea son fusil et sortit un énorme poignard de son veston bordeaux. L’homme projeta Alida au sol, elle qui tentait de protéger la jeune princesse. Tiger plaqua Lilas contre le mur, posant sa lame sous sa gorge.

Kylburt ne put voir la suite. La tête de Lozy se retrouva face à lui, à l’envers, ses cheveux tombant sous son visage. La jeune femme s’était littéralement agenouillée sur le canapé, penchant la tête par-dessus le dossier pour le repérer. Elle est folle, constata-t-il.

Il l’attrapa par le cou et la projeta par-dessus bord. La femme, toujours hilare, n’en avait que faire de tomber au sol. Son plaisir était malsain. Elle voulait du sang, de la souffrance. Elle sortit une arme à fusion de son ceinturon, et un éclair traversa la pièce, se logeant dans la porte que Zorth combattait depuis quelques minutes. L’impact le projeta à quelques mètres, mais lorsqu’il releva la tête, le métal fondu lui offrait une issue imprévue.

Lozy reçut un coup de poing monstrueux au visage, faisant valser trois de ses dents à travers la pièce. Elle était désormais inconsciente, et Kylburt se lança sur celui qui menaçait sa précieuse, son amie de toujours, la princesse d’Ultya. Il attrapa Tiger par le cou et le fit tomber en arrière.

Les yeux du colosse s’écarquillèrent de stupeur lorsqu’il vit Lilas tomber en avant, se tenant la gorge, dégoulinante de sang. Alida et Zorth la prirent rapidement dans leurs bras, se faufilant par l’issue que leurs assaillants leur avaient offerte.

Lilas, encore consciente, regarda son ami se battre avec fureur. Tiger était mort, c’était certain. Kylburt serait sans aucune pitié. Mais le chétif planta son poignard dans le biceps tatoué de Kylburt, qui recula sous la douleur. Une fois à faible distance, l’homme se tourna et lui asséna le coup de grâce. La lame trouva sa place dans le cœur du fils d’adoption du roi Gotbryde.

Lilas voulut crier de toutes ses forces, mais sa gorge tranchée l’en empêcha. Elle regarda l’ombre de son grand frère de cœur s’effondrer au sol, sans vie, sous les rires amusés de ses assassins.

PIROS - COULOIR EST

Tamy, Dozik et Binny se rapprochèrent de Brizbi, qui, bien qu’atteinte à l’épaule, continuait de se défendre. Un tir l’avait touchée à l’épaule droite, mais elle tenait encore son arme de la main gauche, sa détermination intacte.

— Il est seul ! hurla-t-elle, ses yeux flamboyant de rage. Foncez, je vous couvre !

Le regard des Adhara se fit plus sombre, leur haine palpable. Sans hésiter, ils s’élancèrent, prenant rapidement position tout en profitant des tirs de couverture de Brizbi. L’homme retranché ne semblait plus aussi sûr de lui. Arrivé à son niveau, Tamy attrapa l’homme blessé par le cou, le désarmant avec une aisance presque inquiétante. Il tituba, respirant difficilement, la douleur visible sur son visage. Mais ce n'était pas suffisant pour elle. L’instinct maternel abimé et sa propre rage la poussèrent à faire un geste brut. Elle tourna sa prise, brisant la nuque de l'homme dans un craquement létale. Il s'effondra au sol dans un bruit sourd.

Un soupir de satisfaction s’échappa de la bouche de Tamy, comme si un poids invisible venait de se lever de ses épaules. Cette sensation, de retirer la vie d'un être malfaisant, avait une étrange douceur.

Binny, troublée par la vision de sa mère dans cet état, posa une main sur son épaule pour la ramener à la réalité. Ses yeux cherchaient l’étreinte familière, mais ce qu’elle voyait n’était qu’une mère qui cherchait réparation.

— Maman... murmura Binny, secouée. Aide-moi, nous devons soigner Brizbi et partir. Il n’y a plus personne ici.

Tamy tourna lentement la tête, la folie du combat dissipée. Son regard, autrefois implacable, se troubla un instant. Elle retrouvait son souffle, revenait doucement à elle.

— Bien.

Dozik s’efforçait d’arrêter le saignement de Brizbi, enroulant soigneusement un tissu trouvé dans une cabine abandonnée autour de son épaule. Une fois le pansement bien serré, il l’aida à se relever, et, d’un geste protecteur, la prit avec lui. Binny le suivait de près, l’arme en main, ses yeux scrutant les ombres, toujours prête à réagir à la moindre menace. Tamy marchait à l’arrière, les yeux fixés sur ses enfants, le regard assuré. Le vaisseau semblait avoir retrouvé son calme. Seuls les impacts sur les murs et le chaos environnant trahissaient la bataille qui avait secoué son cœur.

Soudain, Dozik s’arrêta net. Il avait entendu des pas précipités venant du couloir perpendiculaire.

— Quelqu’un approche.

Binny s’avança aussitôt, s’interposant entre lui et la menace invisible. Son arme pointée, elle attendait, prête à tirer. Puis, les jumeaux apparurent, accompagnés de Slikof et Milo.

— Bordel ! C’est vous ! s’écria Binny, avant de se jeter dans les bras de l’espion.

Il la serra dans ses bras, ses yeux scrutant rapidement la pièce comme pour s’assurer qu’aucun de ses amis ne le regardait. Il pensa un instant : Je les tuerais dans leur sommeil si l’un d’entre eux l’ouvre. Mais personne ne fit attention à leur chaleureuse étreinte. Kybop, quant à elle, se précipita vers Dozik, un sourire en coin.

— Je m’en occupe.

— Bha alors, ma belle, on s’inquiète ? taquina la blondinette.

L’Eltanienne ne se laissa pas emporter par la plaisanterie, mais secoua la tête, amusée. Elle se contenta de la soutenir, soulagée de voir qu’elle n’était que blessée.

Slikof lança un coup d’œil préoccupé aux alentours, cherchant Kylburt. Mais l’homme demeurait introuvable.

— Fygs, appelle Dogast. On doit connaître la situation.

Son frère s’exécuta et la voix du capitaine résonna dans le couloir :

— Cette partie du vaisseau est libre pour l’instant, s’empressa-t-il de préciser. Mais aucune porte n’est vraiment verrouillée. Les systèmes sont hors service. Vous devez faire comme les autres et rejoindre l’aile Est si vous espérez vous mettre à l’abri.

— Dogast, combien reste-t-il d’intrus ? questionna Slikof.

— À ma connaissance, je détecte encore trois présences. Fiora est dans la partie inférieure Est, les deux autres traînent dans les couloirs Sud.

— Ma sœur ne peut pas quitter le labo, coupa Binny.

— Je comprends… Je pense qu’il ne faut pas leur laisser l’opportunité d’une seconde offensive. Deux d’entre eux sont affaiblis, blessés. Ils sont séparés, c’est le moment de finir le travail.

— Le capitaine a raison, affirma l’espion avec aplomb. C’est le moment ou jamais. Les jumeaux, ramenez Brizbi avec vous, direction Zorth et le reste de l'équipage. Les Ristocs, occupez-vous de Fiora au niveau inférieur. Milo et moi, on s’occupe des deux autres.

Personne n’émit d’objection. Le bouquet final s’annonçait.

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