XXIe siècle - Paris - Scène I

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Un bras entourant sa taille, la chaleur d'un corps contre le sien, un souffle un peu lourd sur sa nuque.

Merde ! Où était-il ? A Toulon ?

Cela le réveilla en sursaut. Une fois de plus. Et cela réveilla également le dormeur.

« Que se passe-t-il ? »

La voix de Javert ! Cela le rassura et en même temps l'affola. Mais non, il se détendit. Il n'était pas sur une planche de bois, il n'était pas enchaîné, il ne souffrait pas de blessures ni de coups de fouet. Il était libre, sauf, en sécurité.

Il était revenu en 2019 !

« Je vais bien, pardonnez-moi. Je... Je n'ai pas l'habitude de dormir avec quelqu'un. »

On rit doucement puis une bouche embrassa sa nuque et le bras accentua sa pression.

« Moi non plus, sourit Javert. Mais c'est agréable de se réveiller aux côtés de quelqu'un, non ? »

Une main glissa jusqu'à son sexe et se mit à le caresser habilement. Valjean se mit à gémir. Une bouche le dévorait et des doigts habiles l'excitaient peu à peu. Et une dureté bien reconnaissable se colla contre ses fesses.

« Jean... Je pourrais m'habituer à me réveiller à tes côtés.

- Dieu Javert, gémit Valjean.

- Fraco, rétorqua Javert, un sourire dans la voix.

- Fraco. Continue. Je t'en prie.

- Je n'ai aucune envie de m'arrêter. »

Un nouveau rire et une jambe se plaçait sur les siennes, forçant les cuisses à s'écarter pour donner un meilleur accès à l'entrejambe. La caresse devenait plus profonde.

Valjean gémit encore et encore. Sa main se posa sur la nuque de l'homme qui l'embrassait et le caressait ainsi. Il sentit le chaume de la barbe de Javert, brûlant un peu sa peau.

« Tu vas me montrer Paris aujourd'hui ? Mhmm ? Ou alors nous allons rester toute la journée à baiser dans ton lit ?

- Continue... Continue...

- A votre service, monsieur. »

Il ne fallut pas longtemps pour défaire Valjean, quelques caresses bien placées, une bouche mordant sa nuque, des baisers sur sa clavicule et des mots doux dans le creux de l'oreille, expliquant à quel point il était beau... A quel point on le voulait... Et il vint.

Mais il sentait toujours l'excitation de Javert contre ses fesses. Il ne pouvait pas ignorer le sexe se glissant dans sa fente, cherchant son anus. Demande implicite mais sans forcer les choses.

Cela apeura Valjean qui se crispa entre les bras de Javert.

« Tu es en sécurité avec moi, murmura le policier à son nouvel amant. Si tu ne le souhaites pas, je ne le veux pas.

- Que...que désires-tu ?

- Non, joli Frenchie, même un homme aussi candide que toi doit se douter de ce que je désire mais je ne le veux que si tu le désires aussi.

- Je pourrais...

- Chut ! Il n'y a pas besoin de baiser ainsi si on ne le veut pas tous les deux. Permets-moi juste de me frotter contre toi... Tes cuisses par exemple me suffiront.

- Mes cuisses ?

- Tu me permets ? User de toi comme je l'entends ?

- O...Oui...

- Gentil garçon. »

Javert glissa son sexe entre les cuisses fortes et musclées de Valjean puis il se mit à bercer ses hanches lentement, lentement...avant d'accélérer le rythme et de gémir. La bouche du policier retrouva la nuque de Valjean et se mit à la mordre, tout en maintenant le rythme.

Valjean était époustouflé. Il sentait le sexe de Javert glisser sur son périnée, frapper ses testicules et c'était une étrange sensation. Javert perdait de son application. Il haletait tandis que le rythme devenait erratique.

Et Valjean se souvint de ce qui lui était arrivé la veille...en 1823... Sa main chercha le sexe de Javert et le saisit fermement. Il était déjà humide et dur, de l'acier entouré de velours. Javert gémit fortement tout à sa joie. Enfin le Frenchie prenait des initiatives.

La main de Valjean était douce, belle, sans cicatrices, sans callosités, elle caressa lentement le sexe du policier. Un rythme doux, doux, à rendre fou un homme.

« Merde Jean !, glapit Javert. Tu veux m'entendre te supplier ?!

- Non, sourit le philanthrope. J'apprends à te donner du plaisir. Guide-moi !

- Plus vite, bon Dieu ! Plus fort ! Comme ça ! »

Une main tremblante se posa sur la sienne et Javert montra à Valjean comment placer ses doigts et comment le branler efficacement.

Et Valjean apprécia de défaire de cette façon son ancien chef de la police. Javert vint en poussant un cri assez fort.

Puis il se resserra contre le Frenchie et murmura :

« Une bonne branlette du matin ! J'ai une terrible influence sur vous, M. Valjean ! Vous verrez avant la fin de ces deux semaines, la sodomie et la fellation n'auront plus de secret pour vous.

- Fraco...

- Maintenant, une douche, un petit-déjeuner continental et la visite de Paris ! »

Et soudain, comme si l'idée lui venait tout à coup, Javert demanda :

« Et tes usines ? Ils peuvent se passer de toi ?

- Je ne suis pas revenu pour mes usines mais pour toi.

- Tu ne veux pas plutôt dire pour retrouver cette personne disparue ? »

Un certain ton moqueur prouvait assez que Javert était sceptique devant cette histoire de disparition maintenant qu'il avait couché le beau Frenchie dans un lit. Peut-être le philanthrope avait désiré cela aussi et n'avait pas su comment le demander.

Valjean se fustigea pour la maladresse de sa réponse. Mais elle ne faisait que refléter la vérité. Il n'était revenu à Paris que pour y retrouver Javert. Le Javert de 1832. Et accessoirement, le Jean Valjean de 1832.

« Je ne t'ai pas menti, il y a quelqu'un que je veux retrouver en effet.

- Une personne très chère ?

- Une personne très proche.

- Alors raison de plus pour se lever, se laver, s'habiller, manger et partir ! »

Javert et son autoritarisme. Valjean sourit en entendant ces mots ressemblant plus à des ordres qu'à une discussion amicale.

« Oui, inspecteur. »

Javert se tenait, nu, au garde-à-vous devant lui. Il se ressemblait tellement ainsi dans la pénombre de la chambre. Valjean en eut le souffle coupé. Puis il s'inclina avec déférence, naturellement et disparut.

Un bruit d'eau apprit à M. Jean Valjean, riche philanthrope et directeur d'usines prospères que le policier se lavait.

Valjean se leva à son tour, il découvrit une robe de chambre douce et épaisse dans une armoire et s'en vêtit. Puis il retrouva son téléphone et l'ouvrit, appuyant sur les touches jusqu'à ce que l'écran s'illumine.

Le nom de Cosette s'afficha, ainsi que celui de M. Laffitte...puis d'autres, totalement inconnus, qu'il pensait liés à son usine.

Il reposa le tout et quitta la chambre. Il retourna dans le salon et visita les lieux. Il n'avait pas osé le faire la veille. Il était censé habiter là, connaître le contenu des placards...là il découvrait et examinait.

La cuisine était bien équipée. Café, thé, chocolat, du pain, du beurre, de la confiture... Dieu, mais il était richissime ?! Même M. Madeleine n'aurait pas pu se permettre autant de privautés.

Après plusieurs essais infructueux, Valjean réussit à faire chauffer de l'eau dans une casserole, il comprit le fonctionnement de la cuisinière et fut fier de lui lorsque les premiers frémissements de l'ébullition se firent voir.

Un rire amusé retentit derrière lui.

« Pourquoi ne suis-je pas surpris ? Faire bouillir de l'eau avec une casserole ? Tu as une machine à café Jean !

- Heu... »

Il ne voyait pas quoi répondre. Une machine à café ? Javert riait toujours lorsqu'il coupa le gaz. Puis il ne lui fallut que quelques instants pour préparer deux tasses de café.

« Est-ce que tu es seulement capable d'amener du pain, du beurre et de la confiture sur la table ? »

Valjean ne répondit pas, le rire de Javert le fit pour lui.

Javert avait un très beau rire.

Valjean avait hâte de l'entendre au XIXe siècle.

« Allez dis-moi la vérité ! Tu ne vis pas ici c'est cela ?, demanda gentiment Javert.

- Pardon ? »

Un rougissement brûlait ses joues. Javert ne rit plus mais conserva son sourire amusé.

« Je suis un flic, Jean. Il est visible que tu ne connais pas cette maison. Alors soit c'est un logement provisoire, soit ce n'est pas ta demeure.

- Je vis ici, » tenta maladroitement Valjean.

C'était maladroit en effet. Javert perdit son sourire et ses yeux se froncèrent.

« OK. Ne me dis rien. Mais sois plus convaincant dans ton mensonge. Si tu as une double-vie je n'en dirai rien à personne mais ta fille n'est peut-être pas aussi stupide que tu sembles le croire.

- Cosette n'est pas stupide !

- Pour ne pas avoir remarqué que son père lui mentait, elle n'est pas très observatrice en tout cas. »

Valjean baissa les yeux. Puis une main se posa sur la sienne, apaisante.

« Je ne juge pas, Jean. Je ne voulais pas te causer de soucis. »

Une main apaisante, avec de longs doigts, pâles et doux. Valjean accepta la caresse et la rendit, entremêlant leurs doigts, les serrant fort.

« C'est...compliqué... Je n'ai pas de double-vie... Je...

- Je ne te demande rien ! Je ne veux pas empiéter sur ta vie. »

Serrant fort. Il y avait quelque chose entre eux, n'est-ce-pas ? Ce n'était pas qu'une histoire de sexe, hein ?

« Je ne veux rien te cacher ! Je...

- Bien. Alors je suis curieux en effet. Explique-moi ! »

Javert se pencha sur Valjean pour prendre ses lèvres, il avait un goût de café.

« Contrairement aux apparences, je ne juge pas.

- La réponse à cette question doit se trouver dans un cimetière... »

L'incongruité de la phrase fit réagir le policier, qui se recula précipitamment, le regard troublé.

« Sérieusement ?

- Sérieusement. Mais je ne suis pas sûr de trouver...ce que je cherche...

- Mais quelle est cette histoire ?

- Petit-déjeuner, douche et visite de Paris. D'accord ?

- D'accord. »

Mais la voix n'était plus aussi ferme qu'auparavant. Javert ne jugeait pas, non, mais le policier réfléchissait et essayait de comprendre ce qu'il se passait.

Javert était déjà prêt, habillé de propre. Il attendait patiemment Jean Valjean en se tenant dans un des fauteuils du salon. Il lisait un livre pris dans une bibliothèque croulant sous le poids des ouvrages. Il lisait en français !

Donc le Jean Valjean du XXIe siècle avait ceci en commun avec le Jean Valjean du XIXe siècle : l'amour des livres.

Le policier capta le bruit des pas de son hôte et se tourna pour le regarder, un petit sourire posé sur ses lèvres.

Il était vraiment beau le Frenchie, beau et mystérieux. Comment se faisait-il qu'un tel homme soit célibataire ? Ou alors cette fameuse personne proche était son compagnon et le bel homme aux cheveux blancs si soyeux était un fripon.

Javert ne se faisait pas d'illusions.

Baiser quelques fois, pourquoi pas ? Surtout qu'il était un amant habile. Mais vouloir plus ? Certainement pas. Il n'était pas assez bien pour ce riche chef d'entreprises et homme politique international. Il n'était qu'un obscur flic de New-York...même si l'histoire de John Madeleine et de Jean Valjean n'était pas claire...

Quelque chose lui échappait...et il n'aimait pas cela...

« Des soucis ?, » demanda gentiment le Frenchie.

Il s'était approché de Javert et posait doucement ses mains sur ses épaules, avant de se pencher pour l'embrasser, avec tellement de douceur qu'on pouvait s'y tromper et prendre cela pour de la tendresse.

« Aucun.

- Ton bras ?

- J'ai pris des analgésiques. Je vais bien.

- Sûr ?

- Faut-il que je te couche sur ce canapé pour te prouver que je vais bien ? »

Un rougissement. Adorable. Et le Français balbutia en se troublant.

« Non, ce n'est pas la peine. Je m'inquiète juste pour toi.

- Allons voir Paris ! »

Briser cette scène. Ils n'étaient ni amants, ni compagnons, ni amis. Des relations qui avaient déjà une étrange histoire derrière eux et des scènes de sexe torrides. Rien n'allait, tout était bancal.

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