Le vaisseau fantôme

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Cela faisait plusieurs jours que le vaisseau et son équipage étaient battus par les violentes tempêtes gravitationnelles qui agitaient la Trame. Le Gosier était un couloir étroit, qui, par sa nature même, mettait à rude épreuve leur coque comme leur bouclier. Omen, assise en posture de méditation dans un coin du cockpit, avait déjà prouvé sa valeur maintes et maintes fois : on pouvait voir à son air concentré et à la sueur qui coulait le long de sa tempe blafarde que, sans elle, bien des horreurs auraient déjà arraisonné le navire.

Après les premiers jours de navigation, vécus dans la tension et l’angoisse, l’équipage sentait déjà l’odeur de l’écurie. Chacun y allait de ses petites préparations : Indis et Keita compilaient des cartes trouvées dans la Crypte, Yamfa comptait et recomptait les containers dans la soute. La Brute, quant à elle, démontait et nettoyait ses armes. Il n’avait pas emmené à bord un arsenal impressionnant, mais possédait une arme qui elle, l’était. Profitant d’une petite accalmie, Kael quitta momentanément son poste au pilotage et s’approcha, curieux.

« Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il en désignant une arme dont le canon faisait la longueur de son avant-bras – et l’épaisseur de celui de La Brute.

— Un Bolter modèle Locke, répondit ce dernier en calant un chargeur sur l’arme en question. Il tire une volée de munition capable de pénétrer la plupart des armures et exosquelettes, qu’ils soient blindés comme ceux des cosmolégionnaires, une carapace chitineuse ou renforcée au mithral comme ceux des ældiens. Une très bonne arme. Je me suis également permis d’acheter un lance-flamme d’abordage Mezoa. Il a une portée de vingt mètres et nettoie très bien les organismes vivants, mais il n’a aucun effet sur les parois d’iridium d’un vaisseau. Avec l’épée tronçonneuse, c’est la meilleure arme pour le combat sous atmosphère artificielle. »

Kael le regarda, intéressé.

« Et tu as ça ?

— L’épée-tronçonneuse ? Nan, j’avais pas assez de crédits pour m’en acheter une. Je le ferais avant notre prochaine mission… Si celle-là se termine bien. »

Kael hocha la tête. Parfait. Il se sentait de plus en plus satisfait de son équipage : on s’était moqué de lui, mais il allait prouver à tout le monde qu’il avait fait preuve de discernement.

Une vague de douleur le força à s’asseoir. Il dut grimacer ostensiblement, car entre deux remontages, La Brute lui jeta un coup d’oeil concerné.

« T’as pas pu t’acheter ton silentium ? » dit-il de sa voix basse et posée.

Kael lui jeta un regard du coin de l’oeil, alarmé.

« Tu sais que j’en cherchais ?

— Je t’ai entendu en parler avec le ravitailleur, répondit La Brute.

— T’as l’oreille fine, dis donc !

— Presque autant qu’un ældien. Tiens, prends ça. Il ne m’en reste qu’une plaquette, mais cela devrait faire l’affaire jusqu’à ce qu’on tombe sur des contrebandiers acceptant de nous en vendre. »

Kael posa les yeux sur la plaquette de pilules que lui tendait le vétéran.

« Où t’as eu ça ? murmura-t-il.

— Bataille de Malakai. Une partie de la population s’est soulevée, refusant d’envoyer toute sa production à la République, alors Singh a envoyé l’Infanterie Mobile… Mon bataillon a été encadré par une légion, et pendant le transport, j’ai copiné avec un cosmolégionnaire ayant des accointances au SVGARD. C’est lui qui m’a donné ça… C’était ma première campagne et j’étais très inquiet. Mais je sais qu’on devient vite accro à ces trucs-là, alors j’en ai pris qu’une fois, et après, plus jamais. Je te le donne.

— T’es sûr que ça ne va pas te manquer ? Et puis, ça vaut de l’or… En le revendant, t’aurais de quoi t’acheter une épée-tronçonneuse. »

La Brute secoua la tête.

« Nan, je préfère ne pas avoir d’épée-tronçonneuse cette fois-là, mais que notre capitaine reste en pleine possession de ses moyens sur le théâtre des opérations. C’est ta première campagne, à toi aussi, Kael Srsen. Considère mon geste comme celui d’un vétéran à un bleu. »

Kael remercia du bout des lèvres. La Brute se remit à son travail, concentrée.

Drôle de gars, pensa Kael en se relevant. Il avait été surpris par La Brute. Elle paraissait bien plus fine que ce qu’il avait anticipé.

La voix de Indis le rappela au poste de commandement.

« Capitaine, on arrive dans la zone de l’Hécatombe », lui annonça-t-elle.

Kael se rapprocha, et il vérifia discrètement la carte de son père chargée sur son convertisseur portatif, sanglé à son poignet. C’était vrai. La carte ældienne annonçait une zone de dangers, annotée sous le nom peu auspicieux de Cruiachnnán-an-eitiltë, la Vallée des Tombeaux Volants.

Sentant une vague d’excitation – et d’appréhension – le submerger, Kael attrapa ses longs cheveux et les noua sur sa nuque, avant de les dénouer aussitôt.

« Bon, statua-t-il d’une voix ferme et bizarrement enjouée. On y est. »

C’était le moment de leur montrer à tous qu’il savait piloter.

La Vallée des Tombeaux Volants apparut d’abord comme un lointain nuage scintillant dans le vide sidéral, plutôt bénin de prime abord. Mais pour avoir passé des heures en simulateur de vol avec sa mère – elle en avait acheté un dès ses premières années d’installation sur Pangu – puis les petites escapades qu’il avait fait par la suite avec l’astronef de cette dernière, il savait que ces sympathiques nuages scintillants étaient de véritables pièges, dans l’espace.

Ce nuage scintillant était en effet un nuage de débris. Plus on s’approchait, plus il grossissait, jusqu’à se révéler gigantesque. Bientôt apparurent sur la baie les coques pulvérisées de navires, corrodées par des siècles d’exposition au vide spatial et aux radiations solaires. On pouvait voir les restes déformés de vaisseaux d’assaut, de pièces d’artillerie et autres déchets laissés après une guerre stellaire.

« Il semblerait qu’une bataille a eu lieu ici, murmura La Brute par-dessus l’épaule de Kael. Il y a très longtemps.

— Beaucoup de gens sont morts », confirma Omen, qui s’était relevée.

Kael lui jeta un coup d’oeil concerné. Yamfa, revenue de la soute, tendit un sachet d’eau à la jeune psyonique, avant de se pencher à son tour sur la baie.

Le nuage se déplaçait en un long tourbillon de fragments se heurtant les uns aux autres et se brisant en une pluie de débris et de poussière. Au milieu de cette décharge à ciel ouvert, l’équipage discerna le faible clignotement d’un propulseur à plasma, qui laissait derrière lui une fantomatique lueur dans sa trajectoire sans but, au milieu des vaisseaux fracassés et des carcasses noircies.

« Certaines de ces machines fonctionnent encore », observa Keita.

Assis sur le fauteuil du pilote, Kael manoeuvrait prudemment entre les épaves. Certaines d’entre elles – un bon nombre d’entre elles – étaient radioactives, et chargées de munitions, n’ayant pas encore explosé.

« Un vaisseau à peine plus gros ne pourrait pas faire le voyage, fit remarquer La Brute. Ce type d’entreprise n’est ouvert qu’à des navires de classe 5. »

Concentré, les yeux agrandis, leur pupille noire réduite à un mince filament, Kael fixait le moniteur devant lui, si absorbé par son pilotage qu’il n’entendait pas les propos de La Brute. La voix grave de ce dernier ne lui parvenait que comme le bruissement que l’on entend en ayant la tête sous l’eau, quand les parents, au-dessus de la baignoire, bavardent.

La Brute observa un moment le visage ovale de Kael, éclairé par la lueur jaune des instruments. Puis il releva le regard sur la baie.

« Je n’ose même pas imaginer le nombre de vaisseaux marchands qui se sont crashés dans ce couloir, observa Yamfa en serrant les bras sur son torse étroit.

— Et qui sont venus ainsi agrandir cette casse à vaisseaux, frissonna Keita.

— Au moins, on est plus tout à fait dans la Trame, les rassura Indis. C’est déjà ça. »

Omen choisit ce moment-là pour venir annoncer sa prophétie de mauvais augure.

« Le champ psy du vaisseau est actif, leur apprit-elle de sa voix hantée. Faiblement, mais il est activé. »

Kael ne réagit pas. Il n’avait pas besoin d’entendre cette information : il le savait déjà. À ce moment précis, concentré au maximum, il était le vaisseau. Littéralement. Avec soin et tact, il manoeuvrait le navire entre les débris, les repoussant de son champ énergétique qu’il dosait faiblement, juste de manière à créer une couche protectrice, mais sans risquer de déformer la coque en y exerçant une force trop brutale. C’était un exercice de style, une forme de pilotage qu’il avait développé par lui-même et qui constituait son type de configuration à lui. C’était cela, notamment, associé à ses réflexes supra-humains de semi-ældien, qui lui avait fait remporter tous les courses et concours de pilotage auxquels il avait participé sur Pangu.

Soudain, Kael se sentit terriblement angoissé. Un sentiment de mort imminente, ou plutôt, de danger terrible s’abattit sur lui. Le navire fit une embardée.

« Attention ! » cria Indis lorsque la coque heurta un débris.

Kael se reprit immédiatement. À sa droite, La Brute le regardait avec attention, avec l’air de celui qui détient un lourd secret.

T’as pas pris ton silentium ? l’entendit-il demander aussi clairement que s’il avait parlé tout haut.

Le jeune perædhel choisit d’ignorer.

« On nous appelle, fit soudain la voix lugubre d’Omen. Le navire là-bas… Il nous appelle. C’est cela qui a perturbé notre capitaine. »

Kael releva son regard topaze sur la baie. La psyonique avait raison. Il était appelé. Là-bas, derrière cette grosse épave carbonisée…

« Un cair ældien, murmura La Brute d’une voix habitée.

— Un quoi ?

— Un cair. C’est comme ça qu’on appelle les vaisseaux de guerre, en ældarin. »

Le navire en question déploya ses lignes fuselées devant la baie. Il était immense, et Kael pensa à part lui que c’était presque un vaisseau-monde, ces navires civils contenant des morceaux entiers des géoformations qui, il y a bien longtemps, avaient constitué le coeur de ce qu’on appelait alors l’empire d’Ultar.

« Ces quoi, ces lumières ? demanda Indis. Des fuites de plasma ? »

Des lueurs verdâtres couronnaient en effet le vaisseau. Kael savait ce que c’était, mais il préféra garder cette information pour lui. Des corps en cours de cristallisation.

« Je pencherais plutôt pour une marque de radioactivité, statua La Brute. Mieux vaut ne pas s’approcher. »

Mais Kael s’était déjà levé.

« Keita ! Je te confie la barre. »

Le jeune homme se retourna.

« Hein ? Moi ?

— Où tu vas ? s’enquit La Brute.

— Explorer l’intérieur de ce vaisseau, fit Kael en attrapant sa combinaison keihilin. Y a sûrement des choses à ramener. »

La Brute le rejoignit.

« Je viens avec toi.

— Moi aussi », fit Indis.

Kael lui jeta un regard rapide.

« Ok… Yamfa, surveille la console de navigation en attendant. Omen… Continue à faire ce que tu as à faire. »

La jeune fille tourna son visage vers lui. Comme toujours, ses yeux pâles ne le regardaient pas.

« Qu’est-ce qu’on prend, comme véhicule de sortie ? s’enquit La Brute dans la passerelle reliant le cockpit à la soute. On est un peu loin pour y aller à la nage. Sans parler des épaves...

— Le cotre tactique. C’est un véhicule de combat initialement désigné pour l’assaut en terrain terraformé, mais il est blindé, équipé de générateurs anti-gravité et bien isolé contre la radioactivité. On a beau porter une combinaison keihilin, moins on s’exposera, mieux ça vaudra », décida Kael.

Le cotre était un petit astronef permettant la sortie de six hommes : deux pilotes, deux canonniers, un technicien. Il contenait des quartiers de très petite taille, et une soute pour le stockage de quelques marchandises, assez grande pour pouvoir transporter une trentaine de « prisonniers », comme l’avait dit Oncle Lathé. En effet, cette fois, il ne s’agissait pas d’un achat de sa mère, mais d’un cadeau d’Oncle Lathé. Où et comment il l’avait obtenu, et ce qu’il avait fait avec, Kael préférait ne pas trop y penser.

« Super engin, commenta La Brute, appréciateur. C’est toi qui te l’ai acheté ? Tu l’as payé combien, si ce n’est pas indiscret ?

— C’est un cadeau de mon oncle », répondit Kael en s’attachant dans le fauteuil du pilote.

Il fit un signe à Indis pour qu’elle vienne prendre sa place de navigateur à ses côtés.

« Ton oncle est armateur ? » demanda la jeune femme.

Kael secoua la tête.

« Pirate », répondit-il.

Il ne prit pas la peine de regarder la réaction de ses deux employés.

« Pirate ? s’exclamèrent-ils en choeur.

— Bah ouais… Personne n’est parfait ! Mais c’est un pirate avec un code d’honneur. »

Il se tourna vers La Brute.

« La Brute, va au poste de tir. On aura besoin de tes services pour ouvrir le chemin. »

Le vétéran sourit.

« Mhm… Je suis étonné de t’entendre préconiser cette méthode. J’avais bien remarqué ton côté tête brûlée, mais je t’avais cru un peu moins bourrin.

— Des fois, mieux vaut y aller franco, dit Kael. Ça fait moins mal. »

La Brute éclata de rire, et lui tapa dans le dos.

« J’aurais pas dit mieux. Enfin un qui sait vivre !

— Vous êtes cons », souffla Indis en leur jetant un petit regard, embarrassée par cette démonstration peu subtile de camaraderie virile.

Malgré cette intervention, La Brute n’hésita pas à accomplir ce que son capitaine lui suggérait. D’un tir de plasma bien cadré et pas trop puissant – afin d’éviter de toucher le vaisseau ældien – il leur fraya un chemin à travers les débris.

« Voilà qui va nous éviter bien des déboires », dit-il, satisfait, une fois son tir effectué.

Avec une telle travée s’ouvrant devant eux, il ne fut guère difficile à Kael de manoeuvrer le cotre. Il le laissa à quelques mètres à peine du navire, s’amarrant à l’aile.

« Allez, murmura-t-il en se levant. C’est parti ! »

Il se tourna vers la jeune femme.

« Indis… Je préconise que tu restes là, si possible. »

La blonde lui jeta un regard agressif.

« Tu plaisantes, j’espère ! Tu crois que je suis venue jusqu’ici pour vous attendre ici, comme une potiche ? »

Incapable de dire non à une femelle qui s’affirmait, Kael fut obligé d’obtempérer. Il chargea le lance-flammes d’abordage sur son dos, alors que La Brute ceignait son bolter.

« Tu as une arme ? » demanda Kael.

La jeune femme agita un petit pistolet à plasma.

« Le plasma, on va éviter, dans un environnement sous atmo’ artificielle… Tiens, prends ça. »

Il sortit du placard de l’armurerie un coupe-coupe tactique.

« Donc, si on m’attaque, je vais devoir aller au corps à corps, observa Indis.

— On n’en arrivera pas là, statua La Brute. Patron, tu as une scie-laser pour découper une porte dans le cair ?

— Là », répondit Kael en sortant l’instrument demandé.

Kael n’était jamais entré dans un cair de cette façon. Sa mère lui avait raconté comment elle avait trouvé Dio, leur chien, endormi dans le caisson de survie d’un équipage défunt, dont le vaisseau dérivait dans le Grand Vide. Tous les deux, avec son père, ils avaient découpé le sas bloqué à la scie-laser. Mais il s’agissait d’un navire humain, et très ancien qui plus est… Pas d’un cair ældien. Sans oser le formuler, Kael craignait un mécanisme de défense du navire, s’il était encore vivant.

Mais le wyrm était mort. Kael s’en aperçut dès qu’il posa la main sur la paroi d’os cristallisé renforcé d’iridium qui la composait. Si défense il y avait, elle ne viendrait pas de là.

« C’est tout bon, dit-il dans son microvox après avoir avisé le sas. Allez, on découpe ! »

La scie-laser oeuvra silencieusement, envoyant un petit jet de particules dans l’espace. Puis, la ligne de découpage ayant formé un rond à peu près régulier, ils poussèrent. La porte ainsi réalisée tomba dans l’obscurité du cair.

Kael, en tant que capitaine – et perædhel, surtout – entra le premier. Il fut suivit par La Brute, puis par Indis.

« C’est donc ça, un cair ældien », murmura la jeune femme en avisant les colonnades effilées du sas, qui s’enfilaient de manière à former une longue et élégante galerie, dont les flancs luisaient d’une lueur fantomatique dans la pénombre.

« C’est que le sas, lui répondit Kael, étonné par le manque de lumière. Maintenant, il faut entrer dans le vaisseau à proprement parler. »

Kael s’approcha de la porte en deux grandes enjambées, ayant pour projet de l’ouvrir avant que ses employés ne le voient accomplir la moindre configuration. Mais le glyphe qui normalement s’activait lorsqu’on passait devant la porte ne sur-brilla pas. Il n’y avait plus la moindre trace de vie dans ce vaisseau. Il était éteint, mort.

Kael hésita un moment à faire demi-tour. Il était venu pour les cristaux, pas par vile curiosité personnelle ou réel esprit d’aventure. Mais tout indiquait qu’il n’y en avait plus un seul.

Ils ont tous été volés, résonna une voix dans sa tête. Il n’y a pas une seule âme à bord. Que des morts.

« Qu’est-ce qui se passe ? lui demanda La Brute en le rejoignant. T’as vu un fantôme ou quoi ?

— Nan, c’est rien… Je… J’ai l’impression d’avoir entendu une voix dans ma tête. »

Indis, qui les avait rejoints, fronça les sourcils.

« Une voix dans ta tête ? »

Kael était coutumier de ce genre de chose. Sa sœur Elarya communiquait avec lui comme ça, sans même le vouloir, parfois. Mais Elarya était à des milliards d’unités astronomiques de lui, à présent. Cela ne pouvait pas être sa voix.

Kael pouvait sentir le poids du regard de ses employés sur lui. Il redressa donc la tête.

« On continue », décida-t-il d’une voix rauque.

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