Chapitre 17 (2) - Sans rancune ?
Danser procurait à Paul une sensation de liberté retrouvée. Son corps pulsait d’une telle énergie qu’il avait l’impression d’en ressentir chaque cellule. Il s’assit un instant pour reprendre son souffle et boire un verre d’eau. Il dessera le nœud de sa cravate. Un peu d’air frais lui ferait sûrement du bien. Il poussa la porte-fenêtre coulissante qui donnait sur un petit balcon où un couple s’embrassait.
- Oh désolé….
- T’inquiète, on allait rentrer.
Ils lui cédèrent la place. La porte fermée, Paul était tout de suite plus au calme. Accoudé au balcon, la musique de la fête lui parvenait, assourdie. il se perdit dans la contemplation de la ville. Au loin, les ombres des immeubles, aux multiples fenêtres illuminées, semblaient dessiner des guirlandes de lumière scintillante suspendues dans les airs. Au-dessus, plusieurs nuages allongés planaient, immobiles, dans la nuit sans vent.
Barbara et Zofia. Il imagina leurs deux visages côte à côte. Chez elles dans leur cuisine. La lucarne...Tom...Leur rencontre. Tom. Toujours Tom. Ce garçon qui revenait sans prévenir, toquer dans un coin de sa tête. Il soupira, songeur. Où était-il en ce moment? Au Petit Marcel comme il lui avait dit ?
Paul se pencha à la rambarde en fer et regarda un instant la rue. En bas, une personne lui criait quelque chose qu’il ne comprit pas mais le salua en retour, amusé de la voir zigzaguer. Il n’entendit pas la porte coulisser.
- Bonsoir, entendit-il, son regard toujours rivé sur la rue. Sacrée fête n’est-ce pas ?
- Ah oui sacrée fête comme vous dites, répondit Paul sans prendre la peine de regarder la personne à qui il parlait.
- Paul, c’est moi !
Paul se retourna et sursauta.
- Toi!! mais enfin comment c’est possible ? Que fais-tu là ? s'exclama Paul, déjà prêt à quitter le balcon.
- Non attends Paul, s’il te plaît, supplia Rickie d’un ton apaisant.
Il avait le coin de la lèvre enflée. Paul le considéra un instant sans rien dire, comme figé, ne sachant pas quelle attitude adopter. Il se sentait coupable aussi.
- Rickie c’est ça ? Ça te fait mal ?
L’homme acquiesça.
- Oui mais ça va t’inquiète, et puis je crois que je l’ai mérité non ? répondit-il timidement.
- Qu’est ce que tu fais là ?
- C’est Marianne et Tristan qui m’ont gentiment proposé de passer faire un tour.
Paul était abasourdi.
- Le hasard des rencontres tout simplement.
- Je ne crois plus au hasard moi, se défendit Paul qui se demandait comment les choses allaient tourner. Rester sur tes gardes.
- Ecoute-moi Paul, je suis encore une fois désolé.
- Tu peux, trancha Paul.
Une sourde colère mélangée de crainte montait en lui.
- J’ai appris que tu étais venu à mon secours quand je me suis fait agresser. Il convient donc de te remercier. C’est la moindre des choses.
Rickie sourit, timidement, tout en se demandant intérieurement comment Paul le savait. Tom sûrement.
Paul ne put s'empêcher d'en vouloir en savoir plus, malgré ce qu'il s'était juré la veille, laisser cette histoire derrière lui.
- Mais alors pourquoi me menacer juste après ? Et me dis pas je t’en supplie que c’est une longue histoire. Je veux la vérité, maintenant.
- Comme je t’ai dis, ce n’est pas moi l’auteur de la lettre d’intimidation. Parles-en à Tom... Je crois que c’est le mieux pour toi, pour lui, pour vous.
Rickie lui tendit la main.
- Sans rancune ?
La porte coulissante s’ouvrit sur une Marianne explosive.
- Aaaaah mais vous êtes là ! Je vous croyais disparus. Rickie tenait tellement à te rencontrer! Entre toi, Paul, qui t’es amoché le nez et toi Rickie avec ta lèvre qui a doublé de volume, vous faites la paire. Ça vous fait un point commun, dit-elle hilare.
- Si tu savais Marianne…, ne put s'empêcher de rajouter Rickie.
- Oh pardon, je suis maladroite, j’ai un peu trop bu, m’en voulez pas, hein ?
Tristan arriva en titubant un verre à la main.
- Mais qu’est ce que vous faites là, restez pas sur le balcon. Rentrez, vous allez attraper la mort !
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