Chapitre 24 - J'en ai pour deux minutes !
Il sonna à l’interphone d’un immeuble de trois étages, dans un quartier situé entre le sien et celui du Petit Marcel.
- Ouvre Rickie, c’est Tom. Il faut absolument que je te parle, c’est urgent.
- Ah Tom, c’est que...je ne suis pas seul, je ne peux pas t’ouvrir maintenant, là tout de suite, lui répondit Rickie avec hésitation.
- Mais je m’en fous Rickie, ça urge, vraiment. Marc m’a fixé rendez-vous ce soir à 20h chez lu !
- Attends, je t’ouvre…
La porte émit un déclic en s’ouvrant. Tom s’engouffra dans le vestibule et gravit quatre à quatre les escaliers jusqu’au palier. Il lui ouvrit en peignoir et le fit entrer dans la cuisine. Sur une chaise, un jeune homme brun en caleçon, était assis. Il avait une fine moustache, un torse velu. Il était bien fait de sa personne, dans les mêmes aĝes que Rickie, tranquillement en train de boire sa tasse de café. Tom répondit à son salut et s’excusa emmenant Rickie par le bras vers le salon.
- Je reviens Mathieu, désolé, j’en ai pour deux minutes, c’est un ami qui a juste besoin....” lui dit-il sans finir sa phrase.
Tom regarda par-dessus son épaule en direction de la cuisine.
- Désolé de débarquer chez toi, comme ça, sans prévenir. Dis moi, tu ne t’emmerdes pas dès le matin toi, hein, coquin ?
Rickie esquissa un sourire.
- Bon je ne pensais pas que Marc en arriverait là. Tiens toi bien : ce matin, il m’a envoyé un gars pour me fixer rendez-vous, soit disant pour dissiper tout malentendu.
- Il a peut-être compris qu’il était allé trop loin et que…
- Putain, et tu continues à le défendre. J’y crois pas ! Tu m’avais pourtant juré que c’était fini entre vous !
- Oui, promis, c’est fini. Mais j’ai quelque chose d’autre à te dire.
- J’aime pas cette tête. Qu’est-ce qu’il a encore fait ? Il t’a encore frappé, c’est ça ?
- Non, c’est pas ça. Il a ressorti nos photos et me les a jeté à la figure en me disant qu’il les montrerait à qui en voudrait.
- Putain, mais c’est pas vrai. Je ne lui pardonnerais jamais de nous avoir pris en photos toi et moi au lit en train de…”
- Il m’avait pourtant promis qu’il les avait jetés la première fois où il me les avait montrées. C’était un jour où nous nous étions engueulés. Il m’avait même menacé d’aller voir mon père avec les photos pour lui mettre sous les yeux ! Je le revois encore : le fils du directeur général des Grandes Galeries au lit avec un homme, ça lui plairait tu crois ?
- T’as la preuve qu’il t’avait menti, une fois de plus. Je me demande encore comment il a fait pour nous prendre en photos sans que nous n'ayons rien vu !
- Nous n'étions pas dans notre état normal, avec ce que nous avions bu. Souviens-toi !
- Je suis sûr pas certain que l'alcool soit la seule raison. J’y ai réfléchi à l’époque. Il a du droguer nos verres ou un truc du genre. Sinon, on n’aurait jamais couché ensemble. Et pas la peine d’avoir ce sourire débile quand je dis ça !
- Oh ça va, il y a prescription Tom. C'était si nul que ça ?
- Mais non, c’est pas ce que je voulais dire.
- Ouf ! Tu me rassures. Allez j’arrête les plaisanteries.
- Je te comprends pas Rickie. Comment as-tu cru qu’il les avait jetés ces photos ? Pourquoi t’accroches-tu à lui comme ça ?
- Je sais, je suis vraiment trop con. Et moi qui ose appeler ça de l’amour…
Tom déglutit, mal à l’aise.
- La seule chose que je regrette Rickie, c’est de t’avoir tourné le dos il y a un an. Je voyais bien que tu te faisais avoir dans cette histoire. Mais j’étais loin d’imaginer ce qui te faisait subir. Il est malsain ce mec. Et il cache bien son jeu. Mais j’avais tellement la tête dans le sable avec mes problèmes… Je suis terriblement désolé. Je ne voulais pas croire que c’était lui qui avait attaqué Paul. Mais tu n’as fait que me confirmer les choses. Pour une fois que je rencontre quelqu’un qui me plaît vraiment. T’as vu comment il l’a tabassé ? Obligé de lui cacher la vérité en plus, s’emporta Tom, comme excédé d’être pris à la gorge.
- Tom, si ça peut te consoler, j’ai failli appeler les flics.
- On en a déjà parlé, non ? Nous n'avons aucune preuve de ce que nous avançons.
- Et Paul ? Il t’as parlé de son agresseur ? A quoi il ressemblait ?
- Non. Je te l’ai déjà dit !
- Ecoute mon vieux, ça ne sert à rien de s’énerver davantage et de ressasser ce qui s’est passé. Et dire que c’est moi qui te dis ça, la blague ! Et vu son regard irrésistible, je comprends pourquoi tu y tiens à ton Paul.
Tom se mit à rougir.
- Pas la peine de sourire bêtement comme ça toi aussi. Oh ça va, j’déconne. Non sérieux, ce qui est fait est fait. Serrons-nous les coudes. Le soir de la Saint Sylvestre, Marc est arrivé bourré au Petit Marcel. J’ai vraiment cru que Lucas allait lui casser la gueule quand il l’a foutu dehors. Heureusement que Paul était là, il n’a pas osé je crois. C'est à ce moment là que j'ai compris que Lucas avait de gros doutes comme je t'ai déjà expliqué. Tu m’as dit d’attendre la fin des examens pour faire quelque chose. Il me faut une réponse. Désolé mais ces photos, je veux les récupérer définitivement. Après ça, je raye Marc de ma vie pour de bon. Vu comment il est en train de vriller, hors de question qu’il ait la bonne idée d’aller voir mon père pour de vrai cette fois-ci. J’ai assez souffert comme ça avec lui. Avec eux deux d’ailleurs. Le mieux, c’est donc de faire comme j’ai dis. Tu te pointes chez lui à 20h. Tu l’écoutes bien sagement. Et tu l'amènes au Petit Marcel, le temps que je m'introduise en douce et fouille sa baraque. Pour mettre la main sur ces putains de photos. Je vais bien finir par les trouver. C’est pas comme si je ne connaissais pas la maison. Débrouille-toi comme tu peux, j’ai juste besoin d’une bonne heure, ça devrait suffire.
Tom frissonna. Jamais il n’aurait le courage de jouer la comédie. Marc était loin d’être stupide. Il se sentait acculé.
- Rickie, dans ce cas, je préfère assurer nos arrières. Ce mec me fout les jetons. Rejoins-moi dans une heure au Petit Marcel. Je te laisse le temps de finir ce que tu as commencé, avec ce beau jeune homme qui t'attend dans la cuisine.
réussit-il à plaisanter.
- Parce que tu crois que je suis d’humeur maintenant ! ironisa Rickie.
Tom passa devant la cuisine et salua, d’une main rapide, le jeune homme, avant de quitter l’appartement.
Il arriva dans la rue du café en tout début d’après-midi. Il espérait que Lucas soit de service. Mais une fois la porte franchie, il ne vit que Marie derrière le bar. Il commanda un café et un sandwich. Elle lui annonça qu’il avait de la chance en lui servant le dernier. Il lui demanda à quelle heure Lucas commençait son service.
- Aujourd’hui dix sept heures, il doit être en train de faire sa sieste tranquillement à l’heure qu’il est !
- Dans ce cas, je suis certain qu’il va me maudire.
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