Chapitre 44 - Papa
- Allo Rickie, c’est ton père, je ne te réveille pas j'espère. Voix enjouée mais forcée.
Qu’est ce qu’il lui prend de m’appeler à 8h du matin?
- Bonjour papa. Non tu ne me réveilles pas, je me préparais à aller bosser. Comment vas-tu ?
- Bien, bien. J’ai préféré t’appeler avant de commencer ma journée. Un emploi du temps de ministre, comme d'habitude.
Raclements de gorge.
Pourquoi m’appelle-t-il cette fois-ci ?
- Et toi, comment vas-tu? Le travail à l’imprimerie ?
Allez dépêche-toi et dis-moi qu’est ce que tu veux, je vais être en retard.
Ça pouvait aller. Le rythme des commandes était revenu à la normale après les fêtes.
- Bien, bien fiston. Dis-moi, Marc Ducan, ce ne serait pas une de tes connaissances par hasard ?
Qu’est ce que c’est que ce bordel?
- Heu…Oui. Mais dis-moi, depuis combien de temps tu t’intéresses à la photographie ?
- Rickie, pas sur ce ton, s’il te plait ! Oui, je m’intéresse à la photographie, figure-toi et ça ne date pas d’hier. J’ai appris qu’il avait été hospitalisé. J’imagine que tu le savais.
Oui, il était au courant. Il était même allé le voir à l’hôpital s’il voulait tout savoir. Qu’est ce qu’il lui voulait exactement?
- Toujours sur la défensive dis-moi! On m’a rapporté des histoires à son sujet, comment dire, pas des plus flatteuses. Je n’aimerais pas que mon fils fréquente ce genre de personne vois-tu.
Depuis quand se préoccupe-t-il de mes fréquentation s? Une colère électrique lui monta à la gorge.
- Tu peux répéter papa ? J’ai mal entendu ? Oui, je suis sur la défensive comme tu dis, et pour cause. Non seulement, je fréquente qui je veux, que ça te plaise ou non. De plus, je ne te laisserai pas dire de mal de mes amis, surtout pas de Marc.
- Calme-toi Rickie, calme-toi, je t’en prie. Depuis quand parles-tu comme ça à ton père ? Tu as perdu la tête ma parole. Je n’ai pas envie de me disputer avec toi. Si tu me laisses le temps de m’expliquer, tu comprendras pourquoi…
Rickie était à cran.
- Je te coupe tout de suite papa et laisse-moi terminer jusqu’au bout ce que j’ai à te dire.
- Je t’ai dit, pas sur ce ton avec moi Rickie, je suis ton père je te rappelle.
C’en était trop. Définitivement. Passer en mode action et tant pis pour les conséquences.
- Et moi, ton fils, si tu t'en rappelles encore. Alors pour une fois, tu vas m’écouter bien sagement. Premièrement, je ne perdrai pas une minute de mon temps à t’entendre déblatérer des conneries sur Marc. Et deuxièmement, sache, pour ta gouverne, que Marc n’est pas une simple connaissance mais un ami, plus qu’un ami même.
- Comment ça plus qu’un ami...c’est bien ce que je craignais, qu’est ce que tu veux dire Rickie ? Trouble dans sa voix.
Il allait franchir la ligne blanche. Combien de fois avait-il rêvé de ce moment? Il n’avait pas imaginé le faire au téléphone mais les yeux dans les yeux. Le téléphone, comme un rempart.
- Tu le sais très bien papa, ce que je veux dire. Je couche avec Marc, t’entends ? Marc est mon amant. Alors ça fait quoi d’avoir une fiotte dans la famille ? Tu penses que mon arrière grand-père serait fier de moi ?
Silence au bout du fil.
- Je t’entends plus papa, dis quelque chose ?
- Tu me dégoutes Rickie. M’annoncer ça, au téléphone en plus. Comment as-tu pu me faire ça ? T’as pensé à moi ? Aux Galeries ? À ma réputation ?
Rickie s’y attendait.
- Mon cher papa adoré, non cette fois-ci non, je n’ai vraiment pas pensé à toi. Mais à moi et ça fait un bien fou. Je te reconnais bien là. Ta réputation. Tu sais ce que j’en fais, moi, de ta réputation ?
- Ne sois pas vulgaire, s’il te plaît.
- Tu as raison papa, ça te suffit d’avoir un fils pédé, il ne manquerait plus qu’il soit mal élevé. Je crois qu’on s’est tout dit, non ?
- Rickie, réfléchis à ce que tu fais. Tes fréquentations pourraient te coûter cher. Je te dis ça uniquement pour te protéger, crois moi.
- Papa, ce n’est pas comme si tu avais déjà essayé, ne serait-ce qu'une seule fois dans ta vie, non? On va arrêter là tous les deux et arrêter de se mentir. Qu’en penses-tu ? On n’est vraiment pas fait pour s’entendre !
- … Au revoir mon fils. Déception dans la voix.
Rickie raccrocha, s’assit dans son fauteuil, stupéfait par ce qu’il venait de faire. Sa colère avait disparu aussi vite qu’elle était montée. A la place, un immense sourire. Si grand qu’il se mit soudainement à rire, d’un rire à ne plus pouvoir s’arrêter. Quand Barbara va apprendre ça, elle ne me croira jamais !
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