Les roulottes

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Nous trouvons à nous garer sur le parc de stationnement de la polyclinique. Nous traversons le boulevard de la Reine Pomare IV, pour aller dans le jardin de Poafai. Nous faisons le tour du parc d'un pas nonchalant. Ici et là, quelques jeux d'enfants ont été prévus. Les plus grands sont entourés de barrières, ce qui offre un espace protégé. Les bancs et les arbres ne manquent pas de nous inviter au repos. Revenir se promener en plein jour nous donne envie. Ce n'est pas pour la vue sur l'océan qui est bouché par la zone industrielle Motu Uta et du port autonome de Papeete qui étend son bras de Fare Ute, jusque devant Paofai. Nous apprenons ce qu'est un fare pote. En effet, de petits abris au toit polynésien, sans mur, sont mis à disposition, et peuvent être privatisés pour des anniversaires, ou autres manifestations. Ces abris ressemblent plus à des maisons communes ouvertes que l'on s'attend à voir en pleine forêt tropicale. Elles sont aménagées de grandes tables et bancs qui appellent au pique-nique.

Après notre tour du parc, nous jetons un œil sur les menus des snacks. Jules veut manger aux roulottes qui se trouvent du côté de la base navale, Perle souhaite aller sur le port. Quand mes deux zouaves demandent à marcher dans la même direction, je me sens de la fête et bénie des dieux.

En parlant de dieux, cela me donne l'eau à la bouche. Je mangerais bien du saumon des dieux, poisson qui est apparemment délicieux. Je ne sais pas si c'est la saison. Nous nous dirigeons vers le rond-point Jacques Chirac qui est en plein travaux. Nous marchons en partie sur la route, car nous avons la flemme de passer sur le trottoir d'en face. Le boulevard de la reine Pomare IV et l'avenue du Prince Hīnoi sont de grosses artères. Quand bien même les piétons sont prioritaires pour traverser, marcher à moitié sur la route, à moitié sur le trottoir nous semble moins compliqué et plus rapide. Ce n'est pas les locaux qui nous ferons penser le contraire, puisque nous nous croisons à la queue leu leu. Arrivé au niveau du port, nous regardons les catamarans amarrés dans le port. Nous photographions les différentes compagnies pour s'en souvenir. Le parrain de Jules nous a dit qu'il y avait moyen d'avoir de bonnes réductions lors des salons du tourisme. Nous irions bien faire une croisière sur l'un de ces bateaux. Perle regarde avec application les cages à poissons du port. C'est comme des aquariums à même l'océan. Des coraux sont disposés çà et là, autour desquels les poissons nagent sous le feu des projecteurs. Bien que je sois heureuse de voir les poissons sans avoir à plonger, ces cages me font de la peine. J'entendrais presque l'un des personnages du dessin animé « Le monde de Nemo » nous dire « un poisson n'est pas fait pour vivre dans un bocal ».

Après notre contemplation, nous reprenons notre marche jusqu'à la place Vai'ete. Les odeurs qui en émanent nous tordent les boyaux et nous font saliver, nous confirmant qu'il est plus que l'heure de manger.

Le rythme de vie en Polynésie est différent de la métropole. Le soleil se lève et se couche tôt. Il paraît que les films commencent à vingt heures trente. J'ai hâte d'avoir une télévision pour voir cela.

Bien qu'il ne soit que six heures et demie, il fait presque totalement nuit. Les roulottes ont des endroits et des heures ou elles peuvent s'installer, offrant la possibilité de manger du « fait maison » tous les soirs. Quand je parle de « fait maison », j'y mets un bémol. Les roulottes cuisinent sur place, mais pas de la gastronomie de chez mamie la Bretonne, ni l'Alsacienne, ni même la Provençale. Nous ne nous attendons pas au pot-au-feu.

Les barbecues sont de sortie. Les roulottes proposent une multitude de plats. Des spécialités asiatiques ; du poisson ; des grillades de viande badigeonnées avec une sauce qu'on n'a pas chez nous ; des pizzas ; des hot-dogs ; des frites. Enfin bref, il ne manque pas de choix. À moins d'être végétarien, il faut vraiment être difficile pour ne pas trouver un plat qui conviennent à chacun.

Nous nous attablons. Les portions tahitiennes nous surprennent. Nous mangerions facilement à trois notre chao men. Ma pépette préfère un steak frites. Elle voit arriver une assiette énorme, avec deux morceaux de viande, certes fins, mais grands comme une main d'homme, et pas un tout petit homme, au moins un Tahitien. Ils sont posés sur une montagne de frites, qu'un français mangerait facilement à quatre. Nous nous moquons d'elle gentiment. Elle sourit à nos boutades, signe qu'elle se sent aussi bien que nous.

Enfin repus, nous faisons le trajet inverse. L'arrêt aquarium du port est inévitable, bien que plus court qu'à l'aller. Nous changeons de trottoir avant de passer le rond-point de notre Chirac national pour être déjà du bon côté pour rejoindre notre véhicule. Cela nous permet de voir l'étendu de l'art urbain sur Tahiti. Nous en avons eu un échantillon en déambulant en voiture. Les peintures inondent les rideaux de fer des commerces. C'est l'aquarium qui s'invite sur les volets métalliques, au côté des fleurs, des perles et d'une multitude d'autres dessins plus beaux les uns que les autres. Fatigués, nous ne prenons pas le temps de nous arrêter. Entre la pizzeria et le temple protestant, le musée de la perle nous envoie une invitation pour une éventuelle visite.

Le ventre bien rempli, et après cette marche digestive, nous montons dans notre véhicule pour rentrer dans nos pénates.

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