"J'ai mille raisons pour t'aimer : ton charme, qualité dont je fais grand cas, et que je trouve dans peu de personnes. Ensuite, tu as des attentions infinies, tu me procures de l'amusement, des rires et du plaisir ; sans toi mes nuits seraient monotones, je les passe toutes à rêver de toi et de moi, de nous : Je t'aime."
Maxalexis, Des mots d'amour rien que pour toi, 2014

 Ces trois petits mots sont probablement les mots que je préfère, jamais je ne me lasserai de les entendre. Bon sang, il faut que je m'éloigne d'elle, elle doit faire sa vie, elle est diplômée, elle va bosser, rencontrer d'autres personnes.

 Rien que d'y penser, mon sang se fige dans mes veines, je ne veux pas que Jessi me quitte. Je la veux pour moi, à moi, dans ma vie, dans mes bras, dans mon lit, merde, il faut que je me reprenne. Cette femme ne m'appartient pas, elle est la fille de mon frère, de mon âme sœur, de ma moitié. Ne vous méprenez pas, Thomas et moi c'est plus que fusionnel, mais ce n'est pas physique, je suis hétéro pur et lui aussi. Nous avons partagé tellement de choses, je ne me vois pas lui expliquer que je suis amoureux de sa fille. Il faut que je m'éloigne d'elle, elle doit faire sa vie, et moi la mienne par la même occasion.

 Jamais je n'y arriverai, son corps contre le mien, son parfum m'envahit les sens, surtout lorsqu'elle me dit qu'elle m'aime. Je sais que c'est vrai. Elle veut plus, elle me veut dans son lit, dans sa vie, mais je ne peux pas céder ! Ce n'est pas sain ! Elle sort de mes bras, et le froid me glace.  Elle me manque déjà alors qu'elle ne s'est déplacée que de quelques centimètres. Je respire plusieurs fois afin de reprendre mon calme et de continuer mon job.

 Les félicitations sont longues, mais chacun des étudiants ici présents y a droit. Nous avons eu l'honneur de faire le discours de cette promotion, et nous en sommes fiers. Nous prenons notre temps, un petit mot d'encouragement pour chacun d'eux qui passent. La remise des diplômes est suivie d'un cocktail, d'un superbe dîner et d'une soirée dansante. La cérémonie a été organisée dans un amphithéâtre gigantesque, le champagne coule à flots, les petits fours sont parfaits, l'atmosphère en général est formidable. Il est vrai que nous nous faisons chambrer par tous ces petits jeunes et surtout par les petites jeunes, mais le tout se fait dans une ambiance bon enfant. Thomas et moi-même montons plusieurs fois sur scène afin de pousser la chansonnette. Ce n'est pas le truc des deux autres membres du groupe. Nous aimons tous les quatre la musique en général, mais Thomas et moi-même, nous chantons aussi, enfin Thomas étant leader du groupe, c'est son job de chanter. À la demande de plusieurs personnes, nous reprenons une chanson de Bon Jovi, "It's My Life" c'est une chanson que j'adore, elle est tellement vrai et je ne sais pas dire pourquoi, mais certainement en ce moment, "it's my life, it's now or never". Tous ces jeunes sont devant nous et pour beaucoup, cela se joue maintenant. Il ne faut pas remettre à demain ce que l'on peut faire aujourd'hui. Il ne faut pas hésiter, il faut foncer, accéder à ses rêves ou du moins tout mettre en œuvre pour essayer d'y arriver. Quand je m'entends parler, je me dis que je suis le pire des connards qui existent. Je suis amoureux d'une femme exceptionnelle. Elle est auprès de moi, je suis convaincu que ses sentiments sont réciproques, et je ne veux pas me lancer, je suis un véritable imbécile. Des dizaines de gars lui tournent autour, elle n'a d'yeux que pour moi, et moi je suis un crétin qui ne lui donne pas ce qu'elle veut. Ce que je peux être con !

 Après le dîner, le bal s'ouvre et Jessica se lève en me demandant de l'accompagner, ce que je fais sans me faire prier. Elle tient presque tout de son père. Elle est grande, athlétique et son visage carré est entouré par de jolies mèches blondes. Seuls ses yeux, verts, la distingue de son père qui les a bleus. Elle doit son beau regard à sa mère, Sarah , qui n'est pas avec nous, qui malheureusement n'a jamais connu sa fille. Jessica m'entraîne dans divers rocks endiablés, pour terminer, nous sommes seuls sur la piste à nous faire applaudir. J'aime la musique, la danse, le rock en particulier et c'est vrai que je ne me débrouille pas trop mal, disons même plutôt bien. Je lui ai appris à danser lorsqu'elle avait quelques années, et à chaque occasion où l'on peut danser ensemble, on le fait. Une excuse de plus pour pouvoir passer du temps avec elle, et la tenir dans mes bras.

 Nous saluons notre public et nous retournons nous asseoir. De l'eau a été commandée, nous en avons besoin. Nous restons assis afin de participer à la conversation de notre groupe, de notre famille, de mes frères. Une grosse demi-heure plus tard, les slows font leur apparition et une fois de plus, Jessica me demande de l'emmener danser. Nous commençons avec "With or Without You" de U2. Je ne peux pas m'empêcher de fredonner sur cet air. C'est pour moi, l'un des plus beaux slows au monde. Jessi s'est installée dans mes bras, je me suis installé dans les siens. Que nous soyons dans un fauteuil, sur une chaise, en train de danser, nous n'avons  pas à chercher notre place, nos corps la trouvent rapidement. Je suis bien auprès d'elle, c'est là que je veux être. Seigneur, aidez-moi ! Je ne dois pas penser à elle comme cela. Elle passe sa main gauche dans la longueur de mes cheveux et j'adore cela. Je la serre un peu plus dans mes bras afin de pouvoir respirer son odeur, un mélange de vanille, de canne à sucre, de cannelle. Une odeur dont je ne me lasse pas. Elle se déplace légèrement, me sourit et m'annonce :

— Il faut que je te parle, c'est important.

— De quoi, ma belle ?

— Je voudrais que l'on puisse se mettre à part, dans un coin tranquille.

— Jessi, il faut que cela cesse, tu as vingt-trois ans, presque vingt-quatre, cela doit cesser !

 Je ne pense pas un mot de ce que je dis, pas un seul.

— Tout à fait d'accord Julian, c'est pour cela que je voudrais te parler.