CHAPITRE 7 : LE CHOIX
La semaine se termine, le week-end passe, lundi matin arrive et Boris met leurs bagages dans la voiture. Comme tout le monde, je suis sur le pas de la porte, j’ai donné un coup de main. Thomas leur souhaite bonne chance et leur fait promettre de donner des nouvelles. On a l’habitude des voyages, ce ne sont jamais des adieux, alors il rentre très vite. Jackson est déjà installé, Boris est au volant. Jessica s’est approchée de moi, elle a les joues maculées de larmes et j’ai horreur de cela.
— Bon, ben, voilà, on y est ! constate-t-elle. J’ai pensé chaque mot de ce que je t’ai dit, chaque mot. Je t’aime et je te souhaite tout le bonheur du monde, tu es un homme exceptionnel. Au revoir, Julian.
Elle s’approche de moi, se met sur la pointe des pieds et m’embrasse sur la joue. Ses lèvres y laissent une trainée de feu. Je ne sais pas quoi dire, ni faire. Je l’ai prise dans mes bras, je la tiens, la retiens, mais je sais qu’elle s’éloigne, elle est partie. Elle monte dans la voiture, et Boris démarre. Moi, je reste seul comme un con sur le perron de notre demeure.
Stephen s’est approché de moi, il me regarde et ajoute :
— Julian cela fait un bout de temps que tu es ici, il faut bouger. Tu sais, on peut les rattraper, la voiture est là, je roule et je te jette à l’entrée de l’aéroport.
— De quoi tu parles ? je lui dis en essayant de sourire, mais je sais que cela ne réussit pas. Je ne pense pas qu'un jour j'arriverai à sourire à nouveau.
— Je te dis que la femme que tu aimes est sur le point de prendre un avion, alors mets ton cul dans cette putain de bagnole et va lui dire ce que tu ressens.
Stephen travaille avec nous depuis de nombreuses années, il fait partie de nos gardes du corps, mais il a connu les débuts, il nous connait bien, trop bien. Il a raison, je sais qu’il a raison. Je lui souris, j’essuie mes larmes sur les manches de ma chemise et je lui dis :
— En combien de temps tu peux être à l’aéroport ?
— Tu paies les amendes, boss ?
— Tout ce que tu veux, vas-y, fonce !
Nous démarrons sur les chapeaux de roue. Il conduit extrêmement bien. En arrivant à l’aéroport, Stephen me dit :
— Allez mec, assure ! C’est ton plus grand rôle ! Vas-y !
— Tu es au courant depuis combien de temps ?
— Depuis le jour où je suis entré à votre service, je l’ai remarqué. Vas-y, fonce ! me dit-il en me faisant un clin d'œil.
— Merci, merci mille fois, merci !!!
Je sors de la voiture, j’ai mis une casquette pour camoufler mes cheveux et j’ai de grandes Ray-Ban qui cachent mes yeux. Il ne faudrait pas que je perde du temps avec des fans. J’arrive au tableau des départs, merde, ils ont embarqué. Je cours au comptoir, et là j’avoue que j’use et abuse de mon nom, de mon charme, de mon charisme, de tout ce que l’on veut, pourvu que l’on me laisse entrer dans ce putain d’appareil !
— Mademoiselle, j’ai besoin de rentrer dans cet avion.
— Monsieur, vous n’avez pas de billet !
Je sors quatre mille dollars que je mets sur le comptoir en lui disant que je dois pouvoir acheter un billet avec cela, non ?
— Monsieur, tout est enregistré, je ne peux pas vous donner un billet comme cela ! Il y a une procédure à suivre !
La chef de cabine arrive et explique qu’il manque des passagers. Ils ont raté leur correspondance, mais cet avion-ci les attend. La chef de cabine me regarde, et j’en profite pour lui faire du charme, pour lui expliquer la vérité :
— Je vous en prie, la femme que j’aime est dans cet avion. Il faut que je lui parle, s’il vous plaît, s’il vous plaît. Vous attendez tout de même, je vous en prie, laissez-moi entrer dans cet appareil, s’il vous plaît.
La chef de cabine me dit que j’ai vingt minutes, pas une de plus. Je l’embrasse sur la joue et je cours le long du corridor qui me mène à la passerelle de l’avion. L’hôtesse m’accueille avec un micro en mains, elle me sourit et me dit :
— Allez-y ! Je ne sais pas qui vous cherchez !
— Merci, je lui réponds en prenant le micro en mains.
— Bonjour, je suis désolé de vous déranger, mais j’en profite, vous devez attendre d’autres passagers, et moi je voudrais retrouver la femme que j’aime. Je suis le pire idiot qui existe sur la terre, si je devais la laisser partir.
Je m’avance, tout en parlant, Jessica est assise à côté de Jackson, mais elle a un casque sur les oreilles, elle n’a rien entendu. Jackson lui donne un coup de coude, elle le regarde, il lui fait signe vers moi. Son regard rencontre le mien, elle enlève son casque, elle se lève et se met face à moi. J’ai tant de choses à lui dire, mais je ne sais pas par où commencer, merde, il faudrait que je parle, et tout ce que je trouve à lui dire c’est :
— Comment une fille comme toi peut être amoureuse d’un connard dans mon genre ?
Elle me sourit, passe ses bras autour de ma nuque. Les larmes coulent le long de mes joues, elle me répond :
— C’est vrai, tu es un connard, mais tu es mon connard à moi !
Ses mains se perdent dans mes cheveux, nos corps se sont rapprochés, ses lèvres se déposent sur les miennes ou les miennes sur les siennes, je ne sais pas et cela n’a plus aucune importance. Ce qui est important c’est que la femme que j’aime est dans mes bras, enfin. Nous sortons de notre cocon en entendant l'ensemble des passagers qui applaudissent. Cela fait chaud au cœur, les approbations, les sifflements, un gars que je ne connais pas me dit "tu assures, bravo mec !", pourtant je sais que je n'assure rien du tout. Je ne sais pas ce que je vais lui dire, j'ai des milliers de mots dans mon cerveau, mais ma bouche n'arrive qu'à articuler trois mots "je t'aime", je lui répète cela des dizaines de fois. Son corps est collé au mien, c'est là qu'elle doit être, c'est sa place. On est fait l'un pour l'autre, on l'a toujours su. Merde, les emmerdes commencent, mais l'amour nous entoure, cela en vaut la peine. Je suis prêt à me battre pour elle, elle est à moi, à moi uniquement. Jackson se lève à son tour, me sourit et ajoute "eh bien, il t'en a fallu du temps". Il a raison, j'ai attendu beaucoup trop d'années, beaucoup trop.
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