CHAPITRE 28 : SA RAISON D'ETRE

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Elle en a vu de toutes les douleurs
Elle est revenue de tant de combats
Elle a tellement tendu son cœur
Là où d'autres ont baissé les bras

Elle dit qu'après certains regards
Les mots deviennent dérisoires
On fait les choses parce qu'elles s'imposent
Sans se demander pourquoi

Sa Raion d'être, Pascal Obispo, Album Millésime, 2001 

 Le week-end arrive à grands pas et Oliver nous explique qu'il nous a trouvé un moyen de promouvoir notre single. Nous avons un contrat de huit semaines dans le country club voisin.

—Oliver, tu es certain de ton coup ? Je ne sais pas si je suis capable de chanter, annonce Thomas.

—Je vais être franc Thomas, je crois en vous, je crois en toi, en ton écriture, en ta façon de bouger sur scène, tu as un talent monstre, vous avez tous un talent monumental et les quatre réunis, vous êtes capables d'égaler Bon Jovi et ..

—T'es fou mec, je n'arrive pas à la cheville de Jon !

—Je t'interdis de dire cela, tu as un immense talent, ne le mets jamais en doute et lorsque tu le fais, poses toi une question, une seule : un autre groupe a t-il fait la première partie de Bon Jovi de la façon que vous l'avez faite ? Jon a t-il laissé une autre personne chanter avec lui sur l'ensemble de son répertoire ? D'autres musiciens ont-ils repris leurs grands classiques en les accompagnant ?

  Oliver nous regarde chacun à notre tour en disant ces paroles, aucun de nous n'est capable de répondre, pourtant je me lance, je suis Monsieur Je sais tout, non ?

—Tu y crois Oliver ? Je le questionne.

—J'y crois dur comme fer Julian, vous êtes les meilleurs que l'on connaisse actuellement.

—Je ne suis pas capable de chanter comme je l'ai fait jusqu'à présent Oliver, j'ai perdu ma raison de vivre et tu le sais, je ne chanterai plus jamais comme j'ai chanté, avec ou sans Bon Jovi, jamais !

 Oliver ne dit rien, mais il nous demande de rester ici, par contre, il tend la main à Thomas et lui dit : tu veux bien m'accompagner s'il te plaît ?

 Thomas se lève et nous regarde tous en ajoutant : "pourquoi moi ?"

—Viens s'il te plaît, viens avec moi, ajoute Oliver en gardant sa main tendue et ouverte.

 Thomas lui prend la main et ils sortent du living, pour se diriger vers la chambre des jumeaux. Ils dorment à poings fermés, tous les deux, de vrais petits anges. Oliver pousse la porte, et même si nous n'avons pas été invités à le suivre, nous l'avons fait. Non pas que nous avons peur de laisser Thomas seul avec Oliver, mais j'avoue que nous sommes tous curieux de savoir ce qu'il va lui dire.

—Thomas, ne mets jamais ton talent en doute, tu es doué, vraiment et chuuuuuuuuuuuut, je n'ai pas fini dit-il en déposant son doigt sur les lèvres de Thomas qui veut parler, je disais, tu as un immense talent et tu vas l'exploiter ! Toi, et vous tous ici présents ensembles, vous allez faire un carton. La tournée, elle sera là et mondiale, dans deux ans et en stades, mais il faut une seule et unique chose pour cela, c'est le travail, sans cela, on n'y arrivera pas. Je dis "on" car j'estime que je fais partie de l'équipe, même si je ne suis pas du tout musicien, et même si c'est présomptueux de ma part, mais je me considère comme votre ami, et il n'est pas question que tu baisses les bras. Je peux te raconter que c'est un malheur qui s'est abattu sur vous, et c'est le cas, qu'une excellente raison de bosser c'est de ne plus penser, ou de rembourser vos dettes. Mais je vais seulement te dire que je comprends que tu as perdu ta raison de vivre, j'ai compris l'amour qu'il y avait entre Sarah et toi et j'espère sincèrement que chacun ici dans cette pièce aura la chance de connaître un amour comme celui-là, mais il faut vivre, c'est ce que Sarah aurait voulu. Tu as dit que tu as perdu ta raison de vivre, c'est faux, totalement faux. Ta raison de vivre est là devant toi : ces deux splendides bambins n'ont rien demandé, mais ils sont là. Ils ont perdu leur mère, alors leur père va se relever et il va le faire maintenant, parce que ta raison de vivre, elle se nomme Jessica et Jackson, elle est là ta raison de vivre, il n'y en aucune meilleure, aucune !

 Thomas a les joues remplies de larmes, cela devient un état permanent ces derniers temps, mais Oliver a raison à 100%, notre raison de vivre se trouve là dans ces deux petits lits. Thomas s'est approché de Jackson et il lui remonte le drap sur ses bras, moi je suis à côté de Jessica, cela aussi devient un état permanent, je m'en rends compte, mais j'adore cette petite fille. Hugo et Hector se sont approchés eux aussi. Oliver s'est retiré dans un coin de la pièce, Hugo ajoute, en prenant la main de Thomas et d'Hector :

—Je pense qu'il a raison Thomas, notre raison de vivre est ici. On s'y est engagé et on est heureux de le faire. On a promis à Sarah que l'on s'occuperait d'eux, alors on va le faire et accessoirement on a des dettes, mais cela pourrait être remboursé autrement. On aime la musique et le public nous le rend bien, alors on va travailler et tu vas avoir plus difficile que nous c'est certain, mais on est là, et on va se soutenir. Tu sais quand on a mis un mot aux valves et que le soir même on était occupé à dîner ici avec vous, on savait que l'on avait trouvé des musiciens, mais on a trouvé une famille ce jour-là. On a choisi cette famille, elle s'est agrandie sur une année, alors on va continuer, tous ensemble. Moi je suis prêt à relever le défi, et tu vas probablement te casser la gueule la première fois que tu vas chanter "The Loved One", mais on va t'aider, et dans quelques mois, tu seras capable de raconter à qui a été dédiée cette chanson. Moi, je suis prêt à relever le défi et vous les mecs ? Nous demande Hugo en mettant sa main à plat au-dessus du lit de Jackson, chacun à notre tour, nous mettons notre main au-dessus de la sienne et nous disons "moi aussi, je relève le défi". Thomas est le dernier à le faire, mais il ajoute :

—Je pense qu'il manque une personne, il y a cinq doigt à une main, il nous faut une cinquième personne dit-il en se tournant vers Oliver.

 Ce dernier nous sourit et vient déposer sa main sur les nôtres, il ajoute :

—On va turbiner les mecs, comme des fous, mais je jure sur la tête de ces deux petits êtres que la tournée, elle sera là, dans deux ans, en stades et mondiale ! C'est juré, mais on va bosser.

—On va bosser, nous ajoutons en choeur !

 Et c'est ce que nous faisons. Nous nous présentons le samedi suivant au country hall et même si nous avons tourné dans de grandes salles, on répète, on ajuste nos instruments, on teste la sonorité. Cela doit être parfait, même si ce n'est pas une salle de concert, sur ce point, nous sommes d'accords, enfin comme sur le reste. Nous faisons partie de ces groupes qui vivent et travaillent ensemble, ce n'est pas facile tous les jours, nous travaillons d'arrache pieds.

 Nous avons établis une sorte de rituel lorsque nous étions en tournée avec les Bon Jovi, Hector, Hugo rentrent sur scène, puis moi, puis Thomas. Nous refaisons cela, même si c'est beaucoup moins impressionnant que sur les scènes que nous avons foulées, nous y mettons tout notre cœur.

 Nous reprenons de grands standards de Bon Jovi, de U2, des Gun's&Roses, des Stones et bien sûr les quelques compositions que nous avons faites, qui sont accueillies à bras ouverts. "The Loved One" est accueilli comme NOTRE chanson, je sens qu'elle va marquer les esprits comme un titre phare. On peut la comparer à "Born to Be My Baby" de Bon Jovi réalisée en 1988. Des années plus tard, elle fera toujours partie de notre répertoire et surtout de notre set-list. Il ne se sera pas déroulé un concert, sans que nous ayons fait cette chanson, même si à chaque fois que Thomas la chante, il a les larmes aux yeux.

 La soirée se déroule bien et au bout d'une heure, le country hall doit refuser des personnes, c'est plus que complet. Les tables ont été enlevées au fur et à mesure de nos prestations. On fait un bon taf, cela tourne et cela fait plaisir. Nous donnons ce que nous avons en nous et le public nous remercie et j'avoue que cela me fait du bien personnellement. J'ai besoin de ce contact avec le public, j'ai besoin de jouer de la musique, j'ai besoin d'entendre les gens chanter, cela prouve que nous sommes en vie. La vie continue même si elle nous a marqué pour le restant de nos jours, mais aujourd'hui elle, nous sourit à nouveau et cela fait du bien.

 Nous avons fait un bon travail, nous avons fait un concert de trois heures, sans pause, le public est content et Oliver aussi. Il monte sur scène, nous félicite tous et cela fait du bien. Je sais que nous avons la personne qu'il nous faut avec nous. Il n'est pas notre manager officiel, vu que nous ne voulons plus de manager, mais je sais qu'avec lui, nous n'aurons pas de vilaines surprises, il est là pour nous aider, pas pour nous enfoncer. Nous remettons notre matériel en place, dans la camionnette afin de rentrer à la maison, mais avant de partir, Thomas me dit qu'il reste encore un peu. Il nous rejoint plus tard. Il a besoin d'être un peu seul, enfin pas seul, mais sans nous, cela lui fera du bien. Nous montons donc à quatre dans la camionnette et Oliver nous explique toutes sortes de choses comme le nombre de personnes venues, les ventes que nous avons faites... je ne savais même pas que l'on vendait quoi que ce soit. Ce mec est génial ! Je le pense et je le lui fais savoir !

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